Michel Barnier a été opéré ce week-end d’une lésion cervicale, a indiqué Matignon en début de semaine. C’est la première fois depuis quarante ans qu’un chef du gouvernement français subit une opération.
Avant son opération, M. Barnier s’était rendu dans le département du Rhône, à la rencontre de commerçants à Givors victimes des récentes intempéries, puis à Éveux où il a visité un site réaménagé pour prévenir des crues.
Son médecin, le D Olivier Hersan, a déclaré que « tout s’est très bien passé. Il a repris normalement son travail le 28 octobre à l’Hôtel de Matignon et recommencera ses activités publiques avec le Conseil des ministres » le 31 octobre.
Un style impassible qui contraste avec la jeunesse et la communication de Gabriel Attal, dans un contexte politique instable et une Assemblée sans majorité relative.
Michel Barnier : « Je ne me suis pas roulé par terre pour être Premier ministre »
« Je ne me suis pas roulé par terre pour être Premier ministre », a déclaré le 25 octobre Michel Barnier, en affirmant qu’il était « prêt » à diriger le gouvernement sans pour autant être « demandeur », lors d’un déplacement à Givors, dans la Métropole de Lyon.
« En arrivant comme Premier ministre il y a quelques semaines, il y a un mois et demi, je ne me suis pas roulé par terre pour être Premier ministre, d’ailleurs, pour tout vous dire », a lancé Michel Barnier.
« J’étais prêt, mais je n’étais pas demandeur. Mais je suis prêt à servir et à utiliser tout ce que j’ai appris depuis le début de mon engagement politique […] dans différents ministères et en rencontrant des gens, en écoutant, en respectant, en étant attentif, parfois, en me faisant engueuler aussi. Bien sûr, je me fais engueuler! », a poursuivi le chef du gouvernement.
Promettant de « donner » tout ce qu’il a « appris », M. Barnier a relevé qu’il ne connaissait pas « la durée de (son) mandat, ça dépend de l’Assemblée nationale », « mais je vais utiliser le temps pour faire des choses utiles », a-t-il assuré.
À la tête d’une coalition minoritaire à l’Assemblée nationale, malmenée lors de l’examen du projet de budget 2025, le Premier ministre a en outre souligné « une situation budgétaire extrêmement sérieuse, grave », disant bâtir un projet de loi de finances « d’extrême urgence pour éviter que la France perde des points ».
« Je veux bien prendre le risque d’être impopulaire, mais je ne prendrai pas le risque d’être irresponsable. Je vais dire la vérité », a-t-il à nouveau répété, en réclamant « un effort à tout le monde, le plus juste possible ».
Michel Barnier, l’anti-Attal
Le plus âgé et le plus jeune des Premiers ministres dans le même hémicycle. Michel Barnier apparaît comme l’anti-Gabriel Attal, avare de formules chocs, prêt à déléguer, mettant son prédécesseur face à ses responsabilités sur le fardeau de la dette.
Privé de marge de manœuvre financière et politique, conscient qu’il devra « faire beaucoup avec peu », le chef de gouvernement assure la grande « vigilance » de tous les députés, non seulement ceux de l’opposition mais aussi ceux du fin « socle commun » de son gouvernement, issus du centre et de la droite.
Parmi eux, son jeune prédécesseur Gabriel Attal, 35 ans, dont Michel Barnier, son aîné de 38 ans, avait trouvé le bureau à Matignon « un peu vide » en arrivant.
Le désormais chef de file des élus macronistes, en soutien a priori du gouvernement, a mis en garde son aîné contre les hausses d’impôts sur la classe moyenne, s’attirant immédiatement les foudres de son successeur.
« Il n’y a pas de choc fiscal », mais des hausses « ciblées, exceptionnelles et temporaires », a répondu Michel Barnier, en rappelant que deux tiers de l’effort budgétaire devraient porter sur les dépenses.
À cet égard, « je serai très attentif à vos propositions d’économies supplémentaires […] pour faire face à un déficit que j‘ai trouvé en arrivant », a-t-il taclé.
Le nouveau locataire de Matignon a aussi indiqué qu’il attachait « plus d’importance à l’effet de suivi qu’aux effets d’annonce », face à une majorité sortante accusée de trop communiquer.
Il a également promis de déléguer aux partenaires sociaux les dossiers sensibles de l’assurance chômage et des retraites, quand la macronie était jugée trop verticale dans sa manière de gouverner.
Si le camp présidentiel est arrivé deuxième aux élections législatives, « c’est qu’il y a des raisons », a souligné l’ancien ministre, deux fois commissaire européen et ancien négociateur du Brexit.
« J’assume mes responsabilités », mais « je ne suis pas responsable de la situation inédite, improbable » à l’Assemblée nationale, fracturée en trois blocs dont aucun ne dispose de la majorité.
Le Premier ministre s’est d’ailleurs montré imperturbable quand les députés de La France insoumise ont brandi leurs cartes d’électeurs pour protester contre sa nomination, un « vol », selon eux, au vu du résultat des législatives où le bloc de gauche est arrivé en tête.
« Plus vous serez agressive, plus je serai respectueux », a-t-il lancé à la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, disant « mal comprendre » son « ton » et son « agressivité ».
Une longue expérience, gage de stabilité
Le nouveau chef du gouvernement met aussi volontiers en avant sa longue expérience.
La constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina note la « ténacité » de Michel Barnier face au chahut, son caractère « impassible et très professoral, sa manière de s’adapter » au contexte et de montrer, en citant Pierre Mendes-France ou Michel Rocard, qu’il sera comme eux « l’homme des circonstances troublées ».
Sur le fond, son champ lexical est « plus à gauche que prévu (social, Smic, fraternité, écologie) » pour « échapper à la posture d’être dans la main du RN », estime cette spécialiste.
Michel Barnier n’a pas voulu « donner d’irritants », mais de « petits gains symboliques » pour que ses opposants disposent d’ « une excuse de ne pas le renverser », résume de son côté son collègue Benjamin Morel.
Diction lente, impassible face aux tentatives d’interruption, le montagnard Michel Barnier s’est dit « prêt à gravir un à un les obstacles » parce que « nous sommes collectivement sur une ligne de crête », avec « l’épée de Damoclès » d’une « dette financière colossale » et d’une dette écologique.
Après avoir ironisé sur les « lignes rouges, parfois très rouges » des différents partis, le Premier ministre a fixé les siennes: « Aucune tolérance » du racisme, de l’antisémitisme, des violences faites au femmes, du communautarisme, « aucun accommodement sur la laïcité » et aucune remise en cause de la loi Veil sur l’IVG comme du mariage pour tous et de la PMA.
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