La dégringolade s’est poursuivie mercredi pour Adani Enterprises de l’Indien Gautam Adani, avec une chute du titre de près de 30% à la Bourse de Bombay qui l’a conduit à annoncer dans la soirée l’annulation d’une grosse vente d’actions qui avait pourtant eu du succès.
Adani, sorti en quelques jours du top 10 des grands fortunes mondiales établi par Forbes, a été contraint de renoncer à une offre publique de vente d’actions de 2,5 milliards de dollars, qu’il venait de lancer et avait été sursousctite.
Le conseil d’administration du groupe a publié un communiqué tardif expliquant qu’il avait « décidé, dans l’intérêt des souscripteurs, de ne pas procéder » à l’offre publique dite de « suivi » (FPO). Les souscripteurs seront remboursés.
Le titre du fleuron du conglomérat de M. Adani avait dévissé de 28,45% à 2.128,70 roupies (26 dollars) mercredi en Bourse.
Selon l’agence Bloomberg, ce plongeon serait lié à une information selon laquelle le groupe bancaire Credit Suisse avait cessé d’accepter les obligations du conglomérat Adani comme garantie collatérale pour les prêts sur marge accordés à ses clients de la banque privée.
M. Adani n’est plus l’homme le plus riche d’Asie
La fortune personnelle d’Adani a fondu de plus de 40 milliards de dollars dans le même temps, selon le classement Forbes en temps réel, le faisant quitter le top 10 des personnes les plus riches du monde.
Il se place à présent derrière son compatriote Mukesh Ambani. M. Adani n’est ainsi plus l’homme le plus riche d’Asie.
Après cette cinquième journée consécutive de pertes, la déroute boursière a effacé environ 92 milliards de dollars de la valeur des entreprises cotées du conglomérat depuis la semaine dernière, selon Bloomberg News.
Le titre Adani Total Gas, dont le géant français TotalEnergies détient 37,4%, a chuté à nouveau de 10% et les échanges ont encore été suspendus.
La nouvelle chute brutale de l’action d’Adani Enterprises
La nouvelle chute brutale de l’action d’Adani Enterprises est intervenue au lendemain du succès de l’offre publique de suivi (FPO) sursouscrite dans les dernières heures avant échéance.
Parmi les souscripteurs du FPO se trouvaient notamment les magnats Sajjan Jindal et Sunil Mittal, a rapporté Bloomberg News, citant des sources ayant requis l’anonymat.
Les investissements proviennent de leurs fonds personnels et ne concernent pas les entreprises cotées en Bourse qu’ils dirigent, comme JSW Steel Ltd. et Bharti Airtel Ltd, ont précisé ces sources, selon Bloomberg.
M. Jindal a investi environ 30 millions de dollars, a ajouté une de ces sources. En revanche, le montant de l’investissement de M. Mittal n’a pas été divulgué.
« Un système de fraude comptable sur plusieurs décennies »
Les pertes du conglomérat de M. Adani font suite à la publication la semaine dernière par la société d’investissement américaine Hindenburg Research d’un rapport faisant état d’une « manipulation éhontée des actions et d’un système de fraude comptable sur plusieurs décennies ».
Le conglomérat a réagi dimanche en se disant victime d’une attaque « malveillante » visant à salir sa réputation et a surnommé Hindenburg Research le « Madoff de Manhattan », en référence à l’homme d’affaires américain véreux Bernard Madoff.
« Ce n’est pas seulement une attaque injustifiée contre une entreprise spécifique, mais une attaque calculée contre l’Inde, l’indépendance, l’intégrité et la qualité des institutions indiennes, ainsi que l’histoire de la croissance et l’ambition de l’Inde« , a-t-il répliqué dans une longue déclaration.
M. Adani, 60 ans, a vu son empire se développer à vitesse grand V, le cours d’Adani Enterprises s’étant envolé de plus de 1.000% ces cinq dernières années.
Le magnat a fait fortune dans les ports et le commerce des matières premières. Il dirige aujourd’hui le troisième plus grand conglomérat de l’Inde avec des intérêts allant de l’exploitation du charbon et des huiles comestibles, aux aéroports et aux médias.
La proximité de Gautam Adani et du Premier ministre Narendra Modi
Ses détracteurs estiment que la proximité de Gautam Adani et du Premier ministre Narendra Modi, tous deux originaires de l’État du Gujarat, a aidé le magnat à remporter des marchés et à éviter une surveillance réglementaire appropriée.
M. Modi n’a pas fait de commentaires publics depuis la publication du rapport Hindenburg, ce qui, selon les analystes, a nui à l’image de l’Inde auprès des investisseurs étrangers.
Le parti d’opposition indien, le Congrès, a appelé cette semaine à une « enquête sérieuse » de la banque centrale et du régulateur sur les entreprises d’Adani à la suite des accusations de la société Hindenburg Research.
« Avec toutes ses postures sur l’argent noir, le gouvernement Modi a-t-il choisi de fermer les yeux sur les activités illicites de son groupe d’affaires favori ? », a interrogé le Congrès.
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