Vendredi 26 février, le Venezuela a finalement payé les 1,5 milliard de dollars qu’il devait à ses créanciers, repoussant à la fin 2016 le risque d’un défaut de paiement du pays.
Dans le même temps, un accord avec le minier canadien Gold Reserve a été trouvé, qui doit donner un petit ballon d’oxygène au président vénézuélien Nicolas Maduro, dont le Parlement tente d’obtenir la destitution depuis le changement de majorité en décembre dernier. À moins que la colère de la rue face aux pénuries de produits courants n’accélère la fin de l’ère chaviste.
Caracas traîne le boulet d’une dette de 120 milliards de dollars vis-à-vis de créanciers internationaux et est en risque élevé de défaut de paiement, son économie reposant principalement sur l’exploitation de ses gisements de pétrole – et donc sur les cours en chute libre de celui-ci. En cas de défaut, la compagnie nationale Petróleos de Venezuela SA serait la première perte nationale, et probablement la plus dramatique car l’entreprise est le goulot d’entrée pour l’essentiel des devises étrangères du pays. Goulot d’étranglement aussi, puisque le pays importe à peu près tout, des denrées alimentaires de base aux machines-outils. C’est donc une économie fragile que frappe de plein fouet la plongée des cours du pétrole, au point que le pays en est réduit à puiser quotidiennement dans les réserves de liquidité de sa banque centrale, qui s’est amaigrie de près de 2 milliards de dollars depuis le début de l’année et n’a plus que 14 milliards de dollars de réserve pour faire face aux mois à venir.
« Nous sommes démunis. Beaucoup parmi nous ici avons des terres et sommes prêts à planter, mais nous n’avons pas accès aux semences. »– Un ouvrier agricole
Pour payer la dernière tranche de sa dette, c’est près d’1,3 milliard de dollars de lingots d’or qui ont été acheminés en janvier vers la Suisse, rapporte le Wall Street Journal qui se réfère à des données de douanes suisses. La valeur des obligations de Petróleos de Venezuela a connu un rebond de plus de 3% dans la foulée de l’annonce du paiement de la dette due pour octobre 2015, marquant une petite reprise de confiance des investisseurs, soutenue par les premiers signes d’une possible inversion des tendances des cours pétroliers. Pour autant, les doutes demeurent importants. Bloomberg cite Marco Santamaria, responsable de portfolio à AllianceBernstein pour qui « l’administration Maduro fera tout ce qu’elle peut pour réaliser ces paiements. Mais vu la chute des réserves l’année dernière, il est peu probable qu’elle puisse réaliser les règlements d’octobre et novembre prochains, sauf à ce que les prix du pétrole remontent rapidement ».
Le paiement attendu en novembre est de 2 milliards de dollars, somme que le ministre du Commerce vénézuélien Jesus Faria s’est d’ores et déjà engagé à payer. Les analystes estiment cependant que le pays a deux chances sur trois d’être en défaut de paiement en 2017, soit le risque le plus élevé de la planète.
Une autre urgence, plus grande que la dette
Le problème de la dette publique n’est pourtant pas le risque le plus imminent pour le Venezuela si on le compare à la pénurie de devises étrangères qui assèche la capacité d’importation des produits essentiels. En janvier, moins de 100 millions de dollars de devises sont entrées dans le pays, contre près de 3 milliards normalement. Au point que d’après Human Rights Watch, les médicaments manquent dans la plupart des hôpitaux et que tous les médias sud-américains publient les photos des longues files d’attente de Vénézuéliens devant des magasins presque vides. Carlos Odoardo Albornoz, président de la fédération vénézuélienne des éleveurs bovins, interviewé par la BBC, explique : « Au cours des dix dernières années, nous avons subi une politique de dépendance aux importations, qui a détruit l’appareil national de production, non seulement dans les campagnes, mais aussi dans l’industrie et le transport. C’est une économie qui a été guidée par l’idéologie et les slogans, avec peu d’aide aux producteurs nationaux. »
Le chavisme a pourtant encore de nombreux défenseurs dans les campagnes vénézuéliennes, les grands propriétaires ayant été expropriés à l’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez au bénéfice de familles d’ouvriers agricoles qui ont aussi pu bénéficier de nouveaux logements. Pourtant, dit l’un d’eux : « Nous sommes démunis. Beaucoup parmi nous ici avons des terres et sommes prêts à planter, mais nous n’avons pas accès aux semences ». Celles-ci sont importées. Tout comme l’ont été pendant des années la viande, le maïs, le blé, les œufs, que le pays n’a maintenant plus les moyens ni d’acheter, ni de produire en quantité suffisante pour toute la population.
L’urgence de l’or
L’arrivée rapide de devises étrangères est donc plus urgente encore que le règlement de la dette, ce qui a conduit le gouvernement vénézuélien à accélérer la résolution, le 25 février, de son contentieux avec le minier Gold Reserve : le Venezuela y gagne un prêt de 2 milliards de dollars et un investissement d’autant dans un joint venture. « Nous sommes passés d’un procès à un partenariat gagnant-gagnant sur un projet de plus de 5 milliards de dollars », a déclaré le président Nicolas Maduro dans une conférence à laquelle assistait un reporter de Bloomberg. Il n’est pas certain que Gold Reserve, exproprié en 2008 par Hugo Chavez de la mine de Brisas qu’il avait commencé à exploiter, oublie les 740 millions de dollars d’indemnités que la banque mondiale lui a accordés en 2015.
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