La monnaie chinoise a atteint le 10 janvier son plus bas niveau depuis 16 mois, malgré les efforts déployés par la banque centrale chinoise pour apaiser les inquiétudes des investisseurs face à la menace d’une hausse des tarifs douaniers américains sous la nouvelle administration Trump.
Le yuan chinois, ou renminbi (RMB), a d’abord légèrement augmenté le 10 janvier lorsque la banque centrale, la Banque populaire de Chine, a annoncé qu’elle suspendrait ses achats d’obligations du Trésor, provoquant ainsi une hausse des rendements obligataires. Quelques heures plus tard, le taux de change du yuan chinois par rapport au dollar américain est tombé à 7,3324, son niveau le plus bas depuis septembre 2023, contre 7,3301 pour un dollar américain le 6 janvier, son niveau le plus bas depuis 16 mois.
Entre-temps, le marché boursier chinois est également en difficulté. Son indice de référence, le CSI 300, a chuté de plus de 4 % cette année.
En revanche, les chiffres encourageants de l’emploi et des services aux États-Unis, publiés le 7 janvier par le département du Trésor américain, ont renforcé la confiance des investisseurs dans la capacité de la Réserve fédérale à ralentir le rythme des baisses de taux d’intérêt. Les offres d’emploi américaines ont atteint leur plus haut niveau en six mois et l’indice des services américains a atteint son plus haut niveau depuis le début de l’année 2023. L’indice du dollar américain a augmenté de 0,5 % le 8 janvier.
Le président élu Donald Trump s’est souvent engagé à imposer des droits de douane de plus de 60 % sur les produits chinois et à mettre fin au statut commercial de nation la plus favorisée de la Chine dès le premier jour de son mandat. Ces menaces ont suscité une grande attention quant aux perspectives de croissance de la deuxième économie mondiale.
Les analystes estiment que la dépréciation du yuan pourrait compenser dans une certaine mesure la hausse des tarifs douaniers américains, mais qu’elle pourrait également entraîner des sorties de capitaux et d’autres risques pour l’économie chinoise déjà fragile.
Les investisseurs chinois ont acheté d’importants volumes de produits de fonds communs de placement de Hong Kong cette semaine, cherchant à investir à l’étranger, en favorisant particulièrement les produits axés sur les bons du Trésor américain et d’autres obligations.
La dépréciation du yuan ne suffira probablement pas à compenser l’impact d’une forte augmentation des droits de douane, a déclaré Frank Xie, professeur de commerce à l’université de Caroline du Sud-Aiken, à propos de la chute de la monnaie chinoise. Cependant, elle aura de multiples effets négatifs sur l’économie chinoise.
« Elle réduira la richesse des entreprises chinoises ; les importateurs seront particulièrement touchés. La dépréciation dévalorisera la richesse des Chinois ordinaires, ce qui rendra plus coûteux pour eux d’étudier ou de voyager à l’étranger. La dépréciation entraînera une hausse des coûts d’importation, ce qui augmentera encore les prix [pour les Chinois] », a ajouté M. Xie.
Les impacts négatifs engendrés par la dépréciation du yuan pourraient être plus importants que son effet limité pour compenser les droits de douane américains, a expliqué à Epoch Times Davy J. Wong, économiste basé aux États-Unis.
« La dette des entreprises augmentera car de nombreuses sociétés chinoises ont des dettes étrangères libellées en dollars américains », a indiqué M. Wong.
Selon lui, les sorties de capitaux vont s’accélérer, car les entreprises étrangères qui investissent en Chine « craignent que le RMB ne finisse par se déprécier de manière significative et ne déclenche une grave inflation ». Selon M. Wong, ces entreprises « pourraient cesser d’investir en Chine, voire retirer leurs investissements, ce qui aurait un impact plus important sur la Chine ».
« Lorsque des entreprises étrangères viennent en Chine, elles n’apportent pas seulement des capitaux, mais aussi des commandes, de la technologie et de l’expérience en matière de gestion, autant d’éléments dont la Chine a grand besoin. »
Chute du Yuan
Le yuan est étroitement contrôlé par le Parti communiste chinois (PCC). Bien que la banque centrale se soit engagée à « maintenir la stabilité de base » du yuan par des politiques de soutien, les analystes prévoient une chute continue de la monnaie.
Selon M. Wong, le taux de change du RMB continue d’être soumis à des pressions à la baisse, principalement en raison de la faiblesse de l’économie et de la poursuite des sorties de capitaux.
« La reprise économique post-Covid de la Chine est très faible, avec des performances médiocres en matière d’exportations, de consommation et d’investissement immobilier, ce qui entraîne une faible confiance du marché dans le RMB », a-t-il poursuivi.
En ce qui concerne la possibilité d’une nouvelle dépréciation du yuan, M. Wong prédit qu’il « tombera probablement entre 7,45 et 7,55, ce qui est une ligne que la banque centrale doit défendre ».
« La banque centrale ne permettra pas qu’il dépasse 7,6 », a-t-il ajouté.
Le yuan étant étroitement contrôlé, « la banque centrale doit disposer d’un ensemble d’objectifs prédéfinis pour intervenir sur les taux de change », a-t-il souligné.
M. Xie partage le même point de vue, à savoir que le yuan va continuer à baisser.
« Outre la manipulation délibérée du régime chinois [pour compenser les droits de douane], la faiblesse de l’économie chinoise et l’impression monétaire excessive du PCC augmenteront également la pression sur le renminbi pour qu’il se déprécie », a-t-il estimé.
Pression sur les autres pays asiatiques
Le baht thaïlandais, la roupie indonésienne, le peso philippin, le dollar taïwanais et le won sud-coréen ont tous chuté par rapport au dollar cette semaine, alors que le dollar américain rebondit.
M. Xie a souligné que, d’une part, « cette évolution montre la force de l’économie et des exportations américaines, la force du dollar et les attentes d’une économie américaine en plein essor sous la seconde présidence de Trump ».
D’autre part, « la dépréciation du RMB exerce également une pression sur les autres pays asiatiques, les obligeant à suivre le mouvement car ils ne veulent pas être touchés par le dumping de produits chinois à bas prix sur leurs marchés », a-t-il ajouté.
Pour M. Wong, la dépréciation du RMB pourrait perturber la chaîne d’approvisionnement régionale « car la Chine est un partenaire commercial majeur des pays d’Asie du Sud-Est ».
« La dépréciation du RMB pourrait provoquer un afflux important d’importations de produits chinois sur le marché de la région, perturbant ainsi la structure commerciale de ces pays. »
« Dans le même temps, ces pays sont également susceptibles de procéder à des dévaluations compétitives de leur monnaie, ce qui entraînera un cercle vicieux. »
Luo Ya a contribué à la rédaction de cet article.
Avec Reuters.
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