Législatives : Emmanuel Macron reporte sa conférence de presse, Gabriel Attal sort du silence

Par Epoch Times avec AFP
11 juin 2024 18:30 Mis à jour: 21 octobre 2024 08:53

Deux jours après la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation de législatives anticipées, alors que les tractations, coups de force et retournements de situation vont bon train sur l’échiquier politique, Emmanuel Macron a reporté à mercredi sa conférence de presse pour dévoiler ses orientations. Gabriel Attal est sorti de son silence mardi pour faire part de son étonnement après la décision du chef de l’État de dissoudre l’Assemblée nationale mais dire aussi son engagement à faire campagne pour « éviter le pire ».

Initialement prévue mardi après-midi, cette grand-messe de questions-réponses avec les journalistes se tiendra finalement mercredi à la mi-journée, a fait savoir l’Elysée.

M. Macron y indiquera « l’orientation qu’il croit juste pour la Nation », à seulement 18 jours du premier tour de la plus courte campagne législative dans l’histoire de la Ve République. En attendant, « la clarification politique appelée de ses voeux dimanche par le président de la République est actuellement à l’oeuvre », a souligné la présidence, et « les forces républicaines d’un côté, les forces extrémistes de l’autre se positionnent ».

Selon un sondage Harris Interactive – Toluna paru lundi, le RN est crédité de 34% d’intentions de vote pour le scrutin du 30 juin, qui lui permettrait selon l’institut d’obtenir une majorité relative à l’Assemblée nationale une semaine plus tard, avec 235 à 265 députés.

Les macronistes, avec 19%, ne pourraient tabler que sur 125 à 155 sièges, contre 115 à 145 pour la gauche, créditée de 22% sous sa nouvelle bannière unitaire, le « Front populaire ».

« Éviter le pire » aux élections législatives

La dissolution est « une décision soudaine » et « je sais aussi que c’est brutal pour vous », a admis devant les députés Renaissance le Premier ministre Gabriel Attal, qui n’a été informé que tardivement de la décision d’Emmanuel Macron. D’autres participants à la réunion ont compris qu’il parlait de décision « brutale » d’une manière générale, et pas que pour les élus.

Mais, a assuré Gabriel Attal, « j’irai au bout de mon devoir » de chef du gouvernement et de chef de la majorité pour « éviter le pire » aux élections législatives, où la droite nationaliste est donnée favorite dans deux sondages, après sa victoire aux européennes. Sans dire s’il conduira la campagne, le Premier ministre a plaidé pour « un choix clair » : « d’un côté, le rejet de l’autre, et de l’autre le respect des personnes. D’un côté le choix du chaos financier et social et en face le choix de la stabilité et de la construction ».

Plusieurs députés Renaissance à cette réunion ont appelé Gabriel Attal à s’engager pleinement dans la campagne avec en « sous-texte » l’idée que le Président Emmanuel Macron reste en retrait, ont affirmé des participants à l’AFP. « Ils veulent que ce soit une campagne attaliste, pas macroniste ». « C’est toi qui incarnes l’avenir, le positif, la jeunesse, c’est toi qui dois mener cette campagne et parler en notre nom », a déclaré à M. Attal l’ancienne ministre Nadia Hai, soulignant que le président de la République était, « lui, au-dessus de la mêlée ».

C’est la première fois que Gabriel Attal s’exprimait depuis la défaite de son camp dimanche, se démarquant par son silence alors qu’il est d’habitude prompt à communiquer. « Je ne comprends pas. Personne ne comprend », commençait à s’inquiéter une ministre, estimant que « tout le monde doit désormais être en campagne ».

Dimanche après-midi, une déclaration du Premier ministre dans la cour de Matignon était encore envisagée. Mais ensuite le mutisme avait prévalu.

En poste à Matignon depuis seulement 6 mois, Gabriel Attal « a pris un gros coup sur la tête », « il est assez énervé », rapporte un député de la majorité. S’il n’était pas reconduit à Matignon, il deviendrait l’un des Premiers ministres au bail le plus court de la Ve République.

Dans une réunion à l’Élysée dimanche avec des responsables de la majorité, Gabriel Attal « a dit qu’il était prêt à remettre la démission de son gouvernement mais soutenait la décision du président », a rapporté un participant. Selon BFMTV il aurait tenté en vain de dissuader Emmanuel Macron de dissoudre, en proposant sa démission.

« Je fais ce qu’on me dit », a-t-il confié lundi à l’un de ses interlocuteurs, qui l’a trouvé « fataliste » en même temps que « lucide ». Maintenant il va faire campagne, même s’il sait qu’il y a « un rejet du président » selon la même source.

Le silence, c’était « la meilleure stratégie pour lui, pour ne pas être associé » à l’échec des européennes et à la dissolution, car il est « d’une certaine façon remercié » par le chef de l’Etat et c’est « assez humiliant pour lui », analyse le spécialiste en communication Philippe Moreau-Chevrolet. Il doit désormais « manger son chapeau » tout en « essayant de reconstruire un projet personnel politique ».

Gabriel Attal s’exprimera mardi soir dans le journal de 20h de TF1.

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