L’enquête russe : les démocrates tentent de bloquer l’ordonnance de déclassification de Trump

21 septembre 2018 05:35 Mis à jour: 21 septembre 2018 05:35

Quatre législateurs démocrates exigent qu’aucun document de l’enquête sur la Russie ne soit publié, malgré l’ordre du président Donald Trump, tant que le directeur du renseignement national, et les directeurs du FBI et du ministère de la Justice n’auront pas rencontré le « Gang of Eight » (la bande des huit).

La bande des huit est un terme familier qui désigne un ensemble de huit dirigeants du Congrès des États-Unis qui sont informés par le pouvoir exécutif sur des questions de renseignements classifiés.

Dans une lettre envoyée un jour après que M. Trump a ordonné les déclassifications, les sénateurs Chuck Schumer (D-N.Y.) et Mark Warner (D-Virg.), et les représentants Adam Schiff (D-Calif.) et Nancy Pelosi (D-Calif.) ont également appelé, le 18 septembre, les trois agences à cesser le processus d’examen de déclassification et à cesser toute communication avec la Maison-Blanche concernant l’ordre du président jusqu’à ce que leur rencontre en personne avec la bande des huit ait lieu.

Le 17 septembre, M. Trump a ordonné au directeur du Renseignement national, Daniel Coats, de déclassifier certaines pages de la demande de mandat secret de la cour de surveiller l’ancien bénévole de la campagne Trump, Carter Page, les entrevues du FBI liées à la demande et les messages textes relatifs à l’affaire russe envoyés par James Comey, Andrew McCabe, Peter Strzok, Lisa Page, et Bruce Ohr.

Le président Trump précise que les documents doivent être déclassifiés « immédiatement ». La requête des démocrates pourrait au mieux retarder le processus, puisque Trump détient le pouvoir ultime de déclassifier les documents.

Les démocrates soutiennent que la Maison-Blanche ne devrait pas avoir accès aux documents car l’enquête sur la Russie est toujours en cours et pourrait « impliquer le président lui-même ou ceux qui l’entourent ». Selon la lettre, les démocrates avaient cherché à restreindre l’accès du président à l’information au moins trois fois depuis juin.

Lors de la réunion demandée, les Républicains MM. Pelosi, Schumer, Schiff, et Warner demandent à savoir ce que la Maison-Blanche va pouvoir déceler dans le cadre du processus d’examen, le personnel de la Maison-Blanche qui y est impliqué, quelles informations les agences proposent de censurer, comment on prévoit de protéger les sources et les méthodes, et si un plan pour « atténuer les dommages » résultant de la publication des documents existe.

« Les mesures qu’il [M. Trump] a prises pour ordonner à vos agences de divulguer sélectivement des informations classifiées qu’il pense pouvoir manipuler publiquement, afin de saper la légitimité et la crédibilité de l’enquête du Conseiller spécial, constituent un abus de pouvoir éhonté », s’insurgent les démocrates dans leur lettre.

Des porte-parole du ministère de la Justice et du Bureau du directeur du renseignement national (Director of National Intelligence en anglais, ou ODNI) ont déclaré à Epoch Times que ces agences coopèrent avec le FBI pour se conformer à l’ordre de M. Trump.

« Lorsque le président émet un tel ordre, il déclenche un processus d’examen de déclassification qui est mené par divers organismes de la communauté du renseignement, en collaboration avec l’avocat de la Maison-Blanche, pour tenter d’assurer que les intérêts de la sécurité nationale des États-Unis soient protégés », selon un porte-parole du Ministère de la justice, qui a refusé de répondre à la demande de rencontre des démocrates.

« Comme l’a demandé la Maison-Blanche, le Bureau du directeur du renseignement national (ODNI) travaille rapidement avec ses partenaires interinstitutions pour procéder à un examen de déclassification des documents que le président a identifiés comme devant faire l’objet d’une déclassification », a déclaré Kellie Wade, porte-parole de l’ODNI.

Le FBI a refusé de commenter le processus de déclassification et la demande des démocrates. Les porte-parole de deux des membres républicains de la bande des huit, le représentant Devin Nunes de Californie et le sénateur Richard Burr de Caroline du Nord, se sont refusés à tout commentaire.

Les documents que le président Trump a ordonné de publier se concentrent sur les principaux acteurs de l’enquête de contre-espionnage menée par le FBI dans le cadre de la campagne Trump, qui a débuté en juillet 2016. Les racines et les méthodes de cette enquête ont fait l’objet d’intenses critiques en raison de son financement provenant la campagne d’Hillary Clinton et le Comité national démocrate, à travers un dossier de recherche de l’opposition, ainsi qu’à cause de de l’intense parti pris anti-Trump exprimé par Lisa Page et Peter Strzok, notamment.

Dans une interview exclusive accordée à Hill TV, le 18 septembre, M. Trump a déclaré que le fait de dénoncer le stratagème du FBI serait, « de toutes ses réussites, celle qui couronnerait » son parcours de présidence.

« J’espère pouvoir en dire autant. En considérant l’ensemble des accomplissements que j’ai réalisés tels que la réduction des impôts, la réglementation et autres… d’une certaine façon, c’est peut-être la chose la plus importante que j’aurai réussie parce que c’était corrompu », a martelé M. Trump.

« Ils savent que c’est l’un des grands scandales de l’histoire de notre pays, car ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont utilisé Carter Page, que personne ne connaissait, pour qui je suis attristé, car je pense qu’il a été très mal traité », a ajouté le président. « Ils ont utilisé Carter Page pour surveiller un candidat à la présidence des États-Unis. »

La Maison-Blanche n’a pas répondu à une demande de commentaires. Paul Ryan (R-Wisc.) et le sénateur Mitch McConnell (R-Kent.), les deux autres républicains de la bande des huit, ont également refusé tout commentaire.

M. Trump a dit qu’il n’avait pas lu le matériel qu’il avait ordonné de déclassifier, mais qu’il estimait que ces documents dénonceraient le fait que cette enquête de sa campagne était une « imposture au-delà d’une chasse aux sorcières ».

Le président s’inquiétait particulièrement des juges de la cour secrète qui ont approuvé le mandat d’espionnage sur Carter Page. La Cour de surveillance du renseignement étranger a approuvé la demande initiale de surveillance de M. Page en octobre 2016. Le tribunal a ensuite approuvé trois renouvellements par tranches de trois mois.

« L’une des choses qui me déçoivent, c’est que les juges du FISA n’ont rien fait, ne semblent rien avoir fait à ce sujet. Je suis très déçu », a fait remarquer M. Trump. « J’ai peut-être tort, car il se peut que pendant qu’on parle, ils soient en train de s’y mettre. On ne le sait pas car je n’ai pas choisi de m’impliquer. »

M. Trump a noté que de nombreuses personnes lui avaient demandé de déclassifier les documents, mais il a préféré attendre pour voir « où tout cela allait mener ».

« Tout ce que je veux, c’est d’être transparent », a-t-il souligné. « J’espère que j’en ferai une de mes plus belles réussites et que j’aurai pu… exposer quelque chose qui est vraiment un cancer dans notre pays. »

Recherches :

Lettre du Congrès le 18 septembre 2018 : https://www.democraticleader.gov/wp-content/uploads/2018/09/Letter-to-Coats-Rosenstein-Wray.pdf

Statement from the Press Secretary following the President’s order : https://www.whitehouse.gov/briefings-statements/statement-press-secretary-34/

Entrevue de M. Trump : https://thehill.com/hilltv/rising/407335-exclusive-trump-says-exposing-corrupt-fbi-probe-could-be-crowning-achievement

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