Léon Marchand, star des JO-2024 déjà auréolée de trois titres dont un doublé historique sur 200 m papillon et brasse, avait l’habitude de parcourir à vélo les quelques centaines de mètres séparant le domicile familial du complexe aquatique toulousain où ce « petit garçon discret », bien né, s’est progressivement affirmé comme l’un des plus grands nageurs de l’histoire.
Des panneaux en bois clôturent le petit bassin de la piscine couverte Alfred-Nakache, condamné depuis des mois en raison de problèmes de corrosion. Comme de nombreux enfants de la Ville rose, Léon Marchand y avait fait ses premières brasses, entre les murs vieillissants d’un édifice Art déco classé aux monuments historiques.
Il avait alors 6-7 ans et le voir commencer la natation, avec les Dauphins du TOEC (Toulouse olympique employés club), relevait d’une certaine logique familiale.
Une famille de nageurs de haut niveau
Son père, Xavier Marchand, a été vice-champion du monde du 200 m 4 nages en 1998. Également nageuse de haut niveau, sa mère, Céline Bonnet, a participé aux JO de Barcelone en 1992, en même temps que son oncle, Christophe Marchand.
Né sous le signe de l’eau, Léon n’y a pourtant pas toujours été dans son élément. Du genre frileux, il a même brièvement abandonné les bassins pour s’essayer au judo et au sport incontournable de la région, le rugby.
Le blondinet, rattrapé par son destin, a finalement replongé, sans jamais avoir été poussé par ses parents, qui ont au contraire tempéré ses ardeurs, conscients plus que quiconque des exigences de la discipline.
Un petit garçon discret, « surtout content d’être avec les copains »
Nicolas Castel se souvient d’un « petit garçon discret » et « pas très avancé physiquement » lorsqu’il a commencé à l’entraîner, à l’âge de 8 ans. « En terme de motricité dans l’eau, c’était plutôt bien, mais pas exceptionnel non plus ».
« Il était surtout content d’être avec les copains », ajoute son coach historique. « C’est le fil conducteur de sa carrière jusqu’ici. Partout où il est passé, il a pu se créer un groupe de copains avec qui il vit une aventure et partage de bons moments ».
Rémi Lacourt est l’un d’entre eux. Lui aussi a le souvenir d’un Léon « peu développé » physiquement à ses débuts – « il devait faire 40 kg en sixième, c’était vraiment une crevette » – mais très studieux.
« Il a pris très tôt conscience de l’importance des coulées », devenues l’un des gros points forts du quintuple champion du monde et triple champion olympique, « un leader naturel » selon son ami toulousain, qui partageait ses horaires aménagés au collège Berthelot.
« Ce n’était pas forcément celui qui parlait le plus fort ou avait l’opinion la plus tranchée », témoigne-t-il. « Il était bon dans tout ce qu’il faisait. On s’était mis d’accord en troisième pour le faire élire délégué de classe et c’est passé sans qu’il se présente ».
Son entraîneur ? l’ancien mentor de Michael Phelps
La plupart des nageurs du groupe ont arrêté la natation au fil des ans et des choix de vie. Léon a continué, avec une progression linéaire à chaque étape, entre le pôle espoirs, le pôle France, les Jeux de Tokyo en 2021 et son départ aux Etats-Unis pour s’entraîner avec Bob Bowman, l’ancien mentor de Michael Phelps.
« Il n’y a pas eu de déclic, de moment où on s’est dit ‘ça y est, c’est le futur Michael Phelps' », affirme Nicolas Castel. « Ça s’est fait au fur et à mesure. À chaque fois qu’on s’est donné des objectifs, on les a atteints ».
Boucles aux deux oreilles et bras tatoués, le jeune entraîneur, lui-même ancien nageur des Dauphins du TOEC, a grandi en même temps que son protégé, sans que les parents n’interfèrent dans son travail.
« Xavier et Céline ont très vite compris que ce n’était pas nécessaire que plusieurs discours se croisent », souligne-t-il. « C’est aussi ce qui a fait une force autour de Léon. Il s’est senti bien, protégé ».
Sollicité par l’AFP, l’ancien nageur Xavier Marchand, devenu journaliste reporter d’images à France 3 Occitanie, a d’ailleurs préféré rester en retrait de son fils : « C’est son histoire, pas la mienne ».
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