Dans un communiqué de presse publié le 5 juillet, le gouvernement de Hong Kong a annoncé près de 6000 annulations d’inscription de dons d’organes en mai. Ce nombre historiquement élevé a suscité des discussions parmi de nombreux citoyens de Hong Kong qui se demandaient comment ce phénomène avait pu surgir de nulle part. Des experts ont suggéré qu’il s’agissait d’une protestation en douceur contre les pratiques de prélèvement d’organes forcés du Parti communiste chinois.
5816 annulations d’inscription en un mois
Selon les communiqués de presse du gouvernement du mois de mai, 28.000 annulation de dons d’organes ont été reçues par le Registre centralisé des dons d’organes (CODR). Le gouvernement a également déclaré que le nombre d’annulation était anormalement élevé. Toutefois, les 21.600 demandes reçues de la part de candidats qui n’étaient pas enregistrés ou qui n’avaient pas réussi le processus de vérification de l’identité ont été jugées invalides. Le gouvernement n’a pas fourni d’informations détaillées sur les 6400 annulations restantes. Toutefois, suite aux questions de plusieurs médias, ce dernier a déclaré qu’il y avait eu 5816 annulations valides en mai.
Le gouvernement et le chef de l’exécutif John Lee Ka-Chiu ont publiquement condamné les personnes qui avaient remis en question le dialogue entre Hong Kong et la Chine continentale sur l’établissement d’un mécanisme permanent la coopération en matière de transplantation d’organes. Il a également condamné les personnes qui n’avaient jamais demandé à être enregistrées mais qui souhaitaient le retrait ou la suppression du registre des donneurs d’organes.
Le 5 juin, la police a arrêté quatre hommes, les accusant d’avoir tenté de perturber le processus d’enregistrement par divers moyens, notamment en soumettant de fausses annulations au registre à l’aide d’informations personnelles d’autres personnes. Parmi les personnes touchées par cette tromperie figurent des fonctionnaires actuels et anciens, des membres du conseil législatif et des artistes. La police a déclaré que les motifs de ces suspects pouvaient être « malveillants » et qu’il était possible que d’autres arrestations aient lieu.
Le gouvernement de Hong Kong discute d’un mécanisme permanent la collaboration avec la Chine en matière de transplantation d’organes
Le secrétaire à la Santé, Lo Chung-mau, a fait pression pour que Hong Kong soit inclus dans le système chinois de réponse aux transplantations d’organes (China Organ Transplant Response System – COTRS). Ses propositions ont été réitérées depuis la première greffe d’organe en provenance de Chine pour une petite fille de 4 mois à Hong Kong sur la base d’un « cas spécial » en décembre 2022.
À la mi-mars, M. Lo s’est rendu à la Fondation chinoise pour le développement de la transplantation d’organes à Pékin pour discuter de la mise en place d’un mécanisme de collaboration régulière avec la Chine en matière de transplantation d’organes.
Le 20 mai, le Dr Tony Ko Pat-sing, directeur général de l’autorité hospitalière, a conduit une délégation d’experts en transplantation d’organes de Hong Kong dans la province de Guangdong pour discuter avec des experts de la Chine continentale du don, de l’attribution et de la transplantation d’organes, ainsi que des systèmes et mécanismes qui y sont liés.
Les experts soulèvent des inquiétudes
De nombreux experts et organisations ont exprimé leur inquiétude quant aux discussions entre Hong Kong et la Chine continentale sur la mise en place d’un mécanisme permanent de collaboration en matière de transplantation d’organes. Cette collaboration a également attiré l’attention de la communauté internationale sur des préoccupations de longue date concernant les pratiques de prélèvement d’organes en Chine.
M. Alex Lam Chi-yau, président de Hong Kong Patients’ Voices, s’est dit préoccupé par la mise en place d’une organisation permanente. Il a indiqué qu’il était possible que les donneurs se retirent du CODR s’ils n’étaient pas disposés à envoyer leurs organes en Chine continentale.
Dans une interview accordée à Radio Free Asia, le Dr Lee, un ancien médecin de Hong Kong, a exprimé sa méfiance à l’égard du système chinois de don d’organes. Il a affirmé que si Hong Kong était intégré au mécanisme de la Chine continentale, il pourrait « participer à un axe du mal » dans le cadre du système de commerce illicite d’organes de la Chine.
Le Dr Jacob Lavee, ancien président de la Société israélienne de transplantation et chirurgien cardiaque israélien de renom, a fait part de ses inquiétudes à Epoch Times. Il a déclaré : « Cela pourrait entraîner Hong Kong à autoriser l’utilisation d’organes obtenus par prélèvement forcés et à vifs ». Il a également suggéré que les pays occidentaux devraient « unir leurs efforts diplomatiques et économiques pour combattre ces atrocités (prélèvement d’organes forcés et à vifs) et mettre fin à l’utilisation par Hong Kong d’organes humains prélevés de force ».
En janvier 2023, des organisations internationales ont accusé l’ancien vice-ministre de la Santé du Parti communiste chinois (PCC), Huang Jiefu, d’être impliqué dans le prélèvement d’organes forcés et à vifs. Il avait proposé d’exporter des organes vers Hong Kong et Macao, de promouvoir le « mécanisme de partage d’organes entre la Chine continentale et Taïwan » et de relier les pays dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ».
Teresa Chu, avocate internationale spécialisée dans les droits de l’Homme et présidente du Comité directeur de la Déclaration universelle sur la lutte et la prévention du prélèvement forcé d’organes, a appelé le monde à résister au blanchiment d’organes, à la guerre des organes et à la diplomatie des organes du PCC. Elle a déclaré : « Grâce à ce mécanisme de ‘partage d’organes’, ils veulent blanchir ces organes volés, prélevés de force, prélevés sur des personnes conscientes. Il ne s’agit pas d’une coopération humanitaire. Les gouvernements de Hong Kong, de Macao et de Taïwan devraient résister à ce ‘mécanisme de partage d’organes’ et le rejeter ».
Depuis que les atrocités commises par le PCC en matière de prélèvement d’organes ont été révélées en 2006, de nombreuses enquêtes internationales ont confirmé l’existence de ces pratiques. Lors d’un entretien avec Jan Jekielek, rédacteur en chef d’Epoch Times, David Matas, éminent avocat spécialisé dans les droits de l’Homme, a déclaré : « Le problème n’est pas le manque de preuves, mais plutôt leur excès ».
M. Matas a été co-enquêteur et co-auteur des rapports « Revised Report into Allegations of Organ Harvesting of Falun Gong Practitioners in China » (Rapport révisé sur les allégations de prélèvement d’organes de pratiquants du Falun Gong en Chine) et d’une version actualisée de « Bloody Harvest, The Killing of Falun Gong for their organs » (Moisson sanglante, l’assassinat de Falun Gong pour leurs organes), publiés respectivement en 2006 et 2016. Ces rapports ont confirmé que le PCC prélevait à grande échelle des organes forcés et à vifs sur les pratiquants du Falun Gong.
Le 27 mars, la Chambre des représentants des États-Unis a adopté la loi « Stop Forced Organ Harvesting Act of 2023 » (Loi de 2023 sur l’arrêt des prélèvements forcés d’organes). Le projet de loi attend l’approbation du Sénat américain et la signature du président pour entrer en vigueur.
Lors d’une interview à la radio, M. Sam, un donneur d’organes enregistré, a déclaré qu’il était préoccupé par le système d’échange d’organes entre la Chine continentale et Hong Kong. Il a cité le cas d’un étudiant de 15 ans qui a disparu en Chine continentale en janvier. L’étudiant n’a jamais été retrouvé, même après que les autorités compétentes aient mené des recherches approfondies. M. Sam a également mentionné d’autres incidents au cours desquels les parents de ses amis en Chine continentale ont été incinérés avant que les corps n’aient été officiellement vérifiés.
Bien que le gouvernement de Hong Kong affirme que le système de transplantation d’organes est transparent et ouvert, M. Sam pense qu’il ne serait possible de regagner la confiance qu’avec des améliorations significatives. Il a exprimé son scepticisme à l’égard des déclarations du gouvernement, affirmant qu’il considère souvent que le problème est résolu une fois qu’il a fait ses déclarations, mais qu’en pratique, de nombreuses mesures sont inadéquates. Il a également émis l’hypothèse que de nombreuses personnes pourraient annuler leur inscription au registre des donneurs d’organes par crainte d’être « enregistrées », même si elles l’ont déjà été.
Lorsqu’on lui a demandé si les discussions en ligne l’avaient influencé, M. Sam a répondu qu’il n’avait pas vu d’appels à résilier son inscription au registre des donneurs d’organes en ligne.
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