Les manifestations de masse qui ont suivi la mort de plusieurs personnes lors d’un incendie survenu dans un immeuble du Xinjiang ont conduit les autorités chinoises à lever certaines mesures de confinement.
Des manifestations exceptionnelles contre les confinements Covid‑19 ont éclaté à travers toute la Chine, notamment dans les grandes villes, après la mort terrible d’une dizaine de victimes à Urumqi, la capitale du Xinjiang, dans le nord‑ouest de la Chine. Ces personnes sont mortes des suites d’un incendie survenu dans un appartement qui s’est propagé dans l’immeuble pendant des heures. Les secours ont tardé à arriver, piégés par de nombreux obstacles liés au confinement du complexe résidentiel.
La vidéo du drame est devenue virale sur les médias sociaux chinois avant que les censeurs Internet n’interviennent. Elle a suscité une énorme indignation, car les Chinois sont fatigués de voir les autorités intensifier partout les confinements.
Des manifestations ont éclaté dans de nombreux quartiers d’Urumqi le 25 novembre, les habitants en colère réclamaient la levée du confinement de la ville, qui dure depuis trois ou quatre mois.
Un habitant du quartier de Lianxing d’Urumqi a expliqué à Epoch Times le 26 novembre que de nombreux habitants se sont précipités hors de chez eux dans la nuit du 25 novembre. « Les gens de tous les quartiers d’Urumqi sont sortis pour protester, tous sont sortis. »
Les habitants en colère ont brisé les barrages, enfoncé les clôtures, scandé des slogans tels que :« À bas le Parti communiste » ;« Xi Jinping démission ».
En réponse, le 26 novembre, la municipalité d’Urumqi a annoncé un assouplissement des mesures contre le Covid‑19.
Les habitants ont été informés qu’ils pouvaient quitter leur domicile à condition d’avoir été isolés pendant trois jours et que les magasins allaient rouvrir. Les zones à haut risque qui n’ont pas signalé de nouvelles infections pendant cinq jours consécutifs seront également reclassées en zones à faible risque, ce qui permettra aux habitants de quitter leur complexe résidentiel.
Un habitant tenant un restaurant dans le quartier de Midong a confié à Epoch Times : « Cette fois, la manifestation a été plutôt violente, donc ça a marché. »
« Pas mal de gens d’autres quartiers sortent aussi », a‑t‑il ajouté. « Nous sommes enfermés depuis trop longtemps… Tous les habitants étouffent tellement à cause [des confinements] qu’ils sont sur le point d’exploser. Les restaurants devraient pouvoir ouvrir maintenant, après cette manifestation. »
La propriétaire d’un supermarché de Shuimu Shangcheng, à Urumqi, a confirmé à Epoch Times que son magasin a pu rouvrir le 26 novembre.
Dans le même temps, à la suite du XXe Congrès national du Parti communiste chinois (PCC), le régime publie de nouvelles réglementations sur la prévention des épidémies pour éviter un recours excessif aux mesures de contrôle par les autorités locales. Cependant, les mesures mises à jour s’en tiennent toujours à une politique zéro Covid extrêmement stricte, ce qui laisse aux autorités locales peu de marge de manœuvre pour modifier leurs stratégies.
Avec l’augmentation rapide du nombre d’infections ce mois‑ci, toujours plus de villes chinoises ont annoncé de nouvelles mesures de confinement dans de nouvelles zones, provoquant la colère croissante de la population.
Après la manifestation dans le Xinjiang, d’autres ont suivi à Pékin, Guangzhou, Shanghai, Zhengzhou et de nombreuses villes.
Les habitants de Pékin s’unissent pour passer outre les confinements
Au début du mois de novembre, le nombre officiel de nouvelles infections à Pékin a dépassé les 10.000. Bien que 20 nouveaux quartiers aient été contraints au confinement, les autorités de Pékin n’ont pas osé annoncer un confinement couvrant l’ensemble de la ville. Au global, la plupart des quartiers de la ville sont tout de même confinés.
Toutefois, suite aux manifestations du 25 novembre dans le Xinjiang, de nombreux habitants de Pékin ont brisé leurs propres barrages et sont sortis dans les rues.
Mme Li, du quartier de Daxing à Pékin, a expliqué à Epoch Times, le 27 novembre, que le quartier résidentiel dans lequel elle vivait était confiné. Elle a rejoint la manifestation.
« Tous les habitants de notre quartier ont poussé leurs portes scellées pour sortir. Dans les quartiers qui se trouvent derrière nous et à côté de nous, les habitants ont également fait tomber le blocus et sont sortis. »
Les magasins ont ouvert leurs portes tandis que les forces de l’ordre scandaient de rester fermer.
Dès que quelques habitants étaient déclarés positifs, des quartiers entiers de la capitale étaient confinés. Les habitants ont commencé à se regrouper pour soutenir leurs voisins dont le test était positif et qui ne voulaient pas être emmenés de force dans des centres de quarantaine.
Selon un article du média ifeng.com, contrôlé par le régime chinois, dans le grand quartier résidentiel de Wangjing à Pékin, les habitants ont publié des lettres ouvertes sur les médias sociaux chinois, déclarant : « Si les voisins infectés se heurtent à toute forme de coercition, telle que la mise en quarantaine et le réexamen et d’autres mesures associées, je suis prêt à les aider pour sauvegarder leurs droits individuels conformément à la loi. »
« Nous ne blâmons ni ne discriminons les voisins infectés innocents. Il s’agit de maintenir le respect moral le plus élémentaire envers des personnes vivant dans une société civilisée ! Nous leur apportons de l’aide autant que possible. »
Zhou Xiaohui, commentateur de la Chine, a écrit dans sa colonne pour Epoch Times : « Cette action menée par les habitants de Pékin est une aide auto‑organisée contre le contrôle strict exercé par le régime sur le Covid. Elle témoigne de leur prise de conscience. »
Les habitants de Guangzhou affrontent la police
Sur les médias sociaux circule une vidéo du 25 novembre montrant les habitants du district de Haizhu, dans la ville de Guangzhou, en train de se battre avec la police. Ils arrachent les clôtures en fer, jettent des chaises et d’autres objets récupérés dans les tentes de prévention des épidémies.
M. Meng (pseudonyme), un habitant du village de Houjiao dans le district où de nombreux habitants sont des travailleurs migrants (travailleurs venus d’une autre région pour une période de temps déterminée dans le cadre d’un contrat), a confirmé à Epoch Times que la séquence vidéo était authentique : « C’est devenu tellement chaotique, l’épidémie est présente partout, et le district de Haizhu est complètement bouclé. »
Les affrontements, explique‑t‑il, ont démarré du fait qu’un magasin du quartier vendait des cigarettes à un prix exorbitant, ce qui a donné lieu à une altercation entre les clients et le propriétaire du magasin.
« Notre région est bloquée depuis un mois. Certaines personnes ne peuvent plus acheter de nourriture, et beaucoup n’ont rien à manger. Les gens ont saisi cette occasion pour se révolter. »
Un autre habitant, M. Shen (pseudonyme), a révélé à Epoch Times que les autorités n’avaient distribué des provisions qu’une seule fois le 16 novembre. Les habitants ont dû acheter des légumes et des provisions à des prix excessifs.
Selon M. Meng, quelques véhicules de police sont alors arrivés au niveau du magasin, et c’est là que la situation a dégénéré en une confrontation violente. Par la suite, les vendeurs de légumes ne pouvaient plus pénétrer dans le quartier, et les fonctionnaires ont empêché les habitants de sortir pour acheter de la nourriture.
« Il n’y a pas de nourriture à manger, et tout le monde libère sa colère en se battant et se disputant. Ils [les autorités] ont enfermé tous les travailleurs migrants dans leur logement. Ils n’ont rien à manger. Bien sûr, [les habitants] ont poussé toutes les plaques de fer qui bloquaient le quartier. »
« La bagarre a duré toute la journée, du matin au soir. Quatre ou cinq véhicules de police sont venus. Ça s’est terminé à 7 ou 8 heures du soir. À la fin, des milliers de personnes sont sorties, notamment celles qui suivaient tout ça de loin. La police portait des armes et des matraques, et a procédé à quelques arrestations. La police anti‑émeute tabassait des habitants désarmés. »
Les Chinois n’en peuvent plus
Selon Zheng Xuguang, un économiste basé aux États‑Unis, pour Epoch Times, le PCC ne peut plus justifier des mesures aussi sévères. Les gens en colère sont trop nombreux et les restrictions sont insoutenables. Après avoir vécu près de trois ans sous la politique zéro Covid, de plus en plus de Chinois se mobilisent.
Le commentateur d’affaires courantes Hui Huyu a expliqué à Epoch Times, le 27 novembre, que les récents soulèvements survenus à Shanghai, Pékin, Xinjiang, Guangzhou et dans d’autres villes montrent que la tolérance de la population chinoise à l’égard de la politique zéro Covid a atteint un point critique : les gens ne la supportent plus et ont besoin de se révolter.
Si le gouvernement ne prend pas l’initiative de lever les mesures de confinement, le peuple se soulèvera pour mettre fin à cette politique. « Quatre‑vingt‑dix pour cent des gens crient sans ambages : ‘A bas le Parti communiste !’ Je pense qu’il sera très difficile au PCC de survivre cette fois‑ci. »
Selon le chroniqueur Zhou Xiaohui, les mesures prises par le PCC depuis trois ans au nom de la pandémie n’ont pas seulement entraîné le déclin de l’économie et la détresse de la population, mais aussi le chaos social et de trop nombreuses situations tragiques.
Il ne comprend pas pourquoi le PCC a dépensé autant d’argent, de main‑d’œuvre et d’efforts pour envoyer des personnes atteintes du Covid dans des centres de quarantaine.
« Peu importe ce qu’il en est, le PCC ne tient pas compte des opinions et des sentiments de la population. Il continue à suivre une voie qui finira par l’achever. »
Gu Xiaohua, Xiao Lusheng, Hong Ning et Luo Ya ont contribué à cet article.
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