Une campagne de santé publique à destination des jeunes, lancée cette semaine, a été accusée par une partie du monde médical de banaliser la consommation d’alcool en s’abstenant d’évoquer ses effets dangereux pour privilégier des conseils en matière de comportements à adopter.
Cette campagne, qui comprend des affiches et des clips ainsi que des spots radio, a été lancée lundi par l’agence Santé publique France et vise, selon son communiqué de présentation, à « sensibiliser les jeunes aux risques de consommation de l’alcool et des drogues ».
Une forme de banalisation de la consommation d’alcool
Elle recommande d’adopter plusieurs comportements pour réduire les risques liés à la consommation d’alcool : boire de l’eau entre chaque verre pour minimiser les effets, éviter d’encourager à boire quelqu’un qui ne le désire pas, raccompagner des amis qui ont trop bu… Mais, sur le fond et la forme, elle a suscité les critiques de plusieurs médecins qui y voient une forme de banalisation de la consommation d’alcool, notamment car il n’est pas fait mention des risques pour la santé.
« Alcool et fête semblent faits l’un pour l’autre dans cette campagne », a ainsi jugé sur X – nouveau nom du réseau Twitter – le pneumologue François Vincent, tandis que le généraliste Bernard Jomier, également sénateur écologiste (apparenté PS), a dénoncé « du jamais vu » dans une campagne qui « ne contient aucun message de réduction de consommation » et jugé que « les alcooliers peuvent être tranquilles ».
« Cette stratégie de réduction des risques fonctionne bien »
Interrogé par l’AFP, le ministère de la Santé a défendu un choix stratégique : encourager les jeunes à éviter les risques, plutôt que les inciter de manière illusoire à l’abstinence. « La réalité est là », a déclaré un responsable du ministère, citant des chiffres de santé publique selon lesquels quatre cinquièmes des jeunes de 17 ans ont déjà consommé de l’alcool.
Santé publique France a défendu cette stratégie en rappelant qu’elle évaluait régulièrement la manière dont les messages de santé publique sont reçus par les jeunes. « On s’appuie sur nos données d’observation : c’est parce que cette stratégie de réduction des risques fonctionne bien qu’on a voulu la poursuivre », a déclaré à l’AFP Viêt Nguyen Thanh, responsable de l’unité dédiée aux addictions au sein de l’agence.
Deux projets de campagnes anti-alcool retoqués
Lundi, lors du lancement de la campagne, le ministre Aurélien Rousseau avait déjà dit assumer de « définir des priorités et choisir des messages » tout en affichant sa « détermination » à lutter contre l’alcoolisme. Car cette polémique intervient après de précédentes critiques visant le ministère pour avoir retoqué ces derniers mois deux projets de campagnes anti-alcool, dont une autour de la Coupe du monde de rugby.
Selon Radio France, qui a révélé l’information début septembre, ces décisions seraient liées à des pressions du cabinet d’Emmanuel Macron, lui-même confronté au mécontentement de la filière viticole. Le ministère de la Santé n’avait nullement confirmé, évoquant une révision des « priorités » face au « nombre important » de campagnes de santé publique actuellement menées.
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