ACTUALITé CHINE

Les crématoriums et hôpitaux en Chine débordés par la vague de Covid

décembre 24, 2022 7:03, Last Updated: décembre 27, 2022 13:52
By

Suite à la recrudescence des cas de Covid en Chine, les crématoriums travaillent nuit et jour pour faire face à l’augmentation des décès. 

Le prix des fournitures médicales a grimpé en flèche et les patients peinent à obtenir un lit, les hôpitaux étant au maximum de leur capacité. Même les médecins et les infirmières positifs au Covid continuent de travailler. 

Pour beaucoup, la seule façon de se protéger après avoir attrapé le virus est de rester chez eux.

Le climat de désespoir qui règne actuellement en Chine rappelle étrangement l’époque où, il y a près de trois ans, la pandémie de Covid-19 éclatait dans le pays. Le brusque volte-face du régime communiste, qui a soudainement renoncé à ses mesures draconiennes de lutte contre le virus, responsables du confinement de centaines de millions de gens, a entraîné une nouvelle flambée de cas et a mis les infrastructures chinoises, largement sous-préparées, à rude épreuve.

Les crématoriums sont débordés et ne sont pas en mesure de récupérer les corps le jour du décès, ni même parfois le lendemain.

« Il n’y a rien que nous puissions faire. Le nombre de décès est tout simplement trop élevé », a déclaré à Epoch Times, sous couvert d’anonymat, le propriétaire d’un salon funéraire de Shenyang, la capitale de la province du Liaoning (nord-est de la Chine).

Une demi-douzaine d’autres salons funéraires ont également confirmé l’existence de longues listes d’attente.

Une femme tient un cadre photo d’un être cher dans un crématorium à Pékin, le 20 décembre 2022. – Les employés des crématoriums de Pékin ont déclaré le 16 décembre qu’ils étaient débordés alors que la Chine fait face à une recrudescence des cas de Covid, dont les autorités préviennent qu’ils pourraient frapper son arrière-pays rural sous-développé pendant les prochains jours fériés. (Photo par Noel Celis / AFP) (Photo par NOEL CELIS/AFP via Getty Images)

« Cela fait 20 heures que je n’ai pas dormi », a déclaré à Epoch Times, le 15 décembre, un autre employé du salon funéraire Changping, l’un des trois crématoriums désignés par le gouvernement pour gérer les décès du Covid-19 à Pékin.

Ses collègues de travail, eux aussi, tombent malades. Il dit que son établissement incinère environ 100 corps par jour, et que le carnet de commande est déjà rempli pour les 10 prochains jours.

« Si les décès devaient se produire chez les gens, nous serions dans l’incapacité d’aller les chercher car il n’y a pas de voiture disponible », a-t-il dit. « Nous devons faire face à [des appels] dans toute la ville, mais il y a tout simplement trop de demandes ».

Un travailleur portant un équipement de protection individuelle (EPI) est assis à côté de déchets à l’extérieur d’une clinique de traitement de la fièvre dans le cadre de la pandémie de COVID-19 à Pékin, le 19 décembre 2022. (Noel Celis/AFP via Getty Images)

Le décompte officiel remis en question

Les scènes que décrivent ces employés contrastent fortement avec les chiffres officiels que communique le régime chinois, selon lesquels, le 20 décembre par exemple, il n’y aurait eu, sur l’ensemble du pays, que 5 décès liés au Covid, tous concentrés à Pékin. Le nombre officiel de cas et de décès en Chine a toujours été controversé, car peu fiable, le régime ayant l’habitude de systématiquement minimiser tout événement susceptible de ternir son image. 

Le 19 décembre, la police a positionné ses effectifs à l’extérieur d’un salon funéraire de Pékin, puis a repoussé les journalistes jusqu’au fond du parking. Elle a alors ouvert le passage à une douzaine de mini-fourgonnettes aux vitres teintées, vraisemblablement venues déposer des corps au crématorium. Les responsables de la Commission nationale de la santé ont depuis précisé que les personnes atteintes de maladies sous-jacentes seraient exclues du décompte officiel des décès dus au Covid. 

Cette question du nombre de décès survient à un moment où le régime cherche à sortir de sa politique de zéro Covid, qui a mis à mal la croissance économique du pays, a suscité toute une quantité de témoignages dénonçant la souffrance et la détresse psychologique engendrées, et qui a donné lieu à des manifestations dans tout le pays. 

Un employé des pompes funèbres charge un corps sur un chariot pour être incinéré dans un crématorium à Chongqing, ville du sud-ouest de la Chine, le 22 décembre 2022. (Photo par NOEL CELIS/AFP via Getty Images)

En l’espace d’une semaine, le discours de l’État chinois sur la pandémie de Covid-19 a connu un revirement soudain. Après avoir été décrit comme une menace mortelle pour la population, le virus s’est vu requalifié en simple rhume par un médecin en chef du gouvernement. Désormais, les différentes branches du gouvernement à tous les niveaux appellent les personnes positives à se rendre au travail si elles ne présentent que peu voire pas de symptômes. Une semaine auparavant, toute personne positive était sommée de rester chez elle, ou était envoyée de force dans un centre d’isolement. 

Mais ces propos rassurants ne suffisent pas à apaiser les inquiétudes du public, en Chine comme à l’international.

Le 20 décembre, le porte-parole du département d’État américain, Ned Price, a déclaré espérer que la Chine maîtrise son épidémie de Covid, et a indiqué que Washington était prêt à fournir l’aide sanitaire nécessaire.

« C’est ce que nous souhaitons, bien sûr, parce que nous ne voulons pas voir la mort ou la maladie se propager où que ce soit », a-t-il déclaré lors d’un point de presse. « [Mais] ce que nous savons également c’est qu’à chaque fois que le virus se propage (…) de manière incontrôlée, des variantes vont potentiellement émerger. »

Des personnes font la queue devant une clinique de traitement de la fièvre à l’hôpital Huadong de Shanghai, le 19 décembre 2022. (Hector Retamal/AFP via Getty Images)

Défaut de soins

À Shanghai, un certain nombre de personnes âgées sont mortes dans des trains, a déclaré un employé de la station de métro à Epoch Times. Dans la province du Hunan, une femme de 25 ans s’est construit une tente sur les terres agricoles de sa famille après avoir été testée positive, de peur de contaminer sa famille. Une femme de Pékin a fini par s’effondrer en larmes, trois hôpitaux ayant refusé de s’occuper de son père, faute de lit.

Ils m’ont dit, « le cas de votre père est grave mais nous ne pouvons pas nous en occuper », se souvient Mme Du dans une vidéo qu’elle a publiée sur internet.

« Ne dites pas que je vous mens, regardez par vous-même, ce n’est plus juste une question de lits, on ne peut même pas se tenir debout, faute de place. »

Le médecin lui a également expliqué qu’une dizaine de lits avaient été libérés ce jour même, à la suite de décès liés au Covid, mais que cela ne permettait toujours pas d’accueillir son père. 

Les carences en personnel hospitalier sont telles que des médecins à la retraite sont remis au travail. Une personnalité célèbre sur internet se souvient du jeune médecin qui s’est occupé d’elle alors qu’elle souffrait de fortes fièvres. Elle rapporte qu’il toussait pendant qu’il lui faisait une prise de sang et qu’il a reconnu qu’il était malade depuis cinq jours, mais ne pouvait pas se mettre en arrêt. 

Un avis indiquant « Ibuprofène épuisé » est affiché sur la porte d’une pharmacie à Nanjing, dans la province de Jiangsu, en Chine, le 20 décembre 2022. (VCG/VCG via Getty Images)

Mme Li, une habitante de Shanghai, a expliqué que son fils avait été infecté par le Covid au retour d’un voyage dans le cadre de son travail. Elle a essayé de faire baisser sa température à l’aide d’alcool qu’elle appliquait sur son front ou avec des sacs de glace. Ils n’ont pas jugé utile de contacter un hôpital, conscients qu’ils n’obtiendraient pas de médicaments, a-t-elle dit.

Le prix des citrons, recherchés pour leurs propriétés antibactériennes, ont flambé. Sur certaines plateformes de commerce électronique chinoises, les achats de panique ont déclenché des pénuries d’anti-inflammatoires ou de médicaments contre la toux. Même les pêches jaunes en conserve se vendent comme des petits pains en raison de leur capacité supposée à soulager l’anxiété.

Selon Mme Li, la négligence manifeste des autorités montre où se situent leurs priorités.

« S’ils se souciaient vraiment de la santé des gens, il y aurait déjà des agents en blouse blanche partout dans la rue, allant de porte à porte et distribuant des fournitures médicales », a-t-elle déclaré à Epoch Times. « Mais ce n’est pas le cas. Quand vous n’ avez pas besoin d’eux, ils viennent frapper à vos portes, mais quand vous êtes au plus bas, ils sont introuvables. »

Luo Ya et Hong Ning ont contribué à cet article.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER