Chaque année, en Amérique et en Europe, la grande majorité des gens avancent leurs horloges d’une heure pour passer à l’heure d’été. Bien que l’heure d’été apporte une heure de lumière supplémentaire le soir et bénéficie du soutien du public, de nouvelles recherches suggèrent que ses effets négatifs sur la santé l’emportent sur ses avantages.
Selon une nouvelle étude publiée dans le Journal of Clinical Sleep Medicine, le manque de sommeil et la perturbation de l’horloge interne due à l’heure d’été contribuent à l’augmentation des erreurs médicales et des indemnisations pour faute professionnelle. « L’heure d’été peut influencer l’incidence des erreurs médicales et les décisions concernant les indemnisations pour faute professonnelle, à la fois de manière aiguë et chronique », écrivent les auteurs de l’étude.
Après avoir analysé près de trois décennies de demandes d’indemnisation pour faute professionnelle, les chercheurs ont constaté une augmentation significative de la gravité des erreurs médicales et des indemnisations accordées au cours de l’heure avancée par rapport à l’heure normale.
Pourquoi en est-il ainsi ?
Le passage à l’heure d’été a fait l’objet d’un examen minutieux en raison de ses effets potentiels sur la santé, car il perturbe le rythme circadien de l’organisme, l’horloge interne qui régule les phases de sommeil et d’éveil tout au long de la journée.
Le passage à l’heure avancée au printemps est étroitement lié à la somnolence, aux problèmes cardiaques et aux accidents de la route, a déclaré dans un communiqué de presse, Michael Scullin, docteur en psychologie et l’un des auteurs de l’étude.
Toutefois, ce n’est que récemment que les psychologues et les professionnels de la santé ont reconnu l’impact de l’heure avancée sur les processus de prise de décision. « Les résultats actuels, a-t-il noté, s’ajoutent à cette littérature en montrant qu’un domaine que l’on pourrait espérer être immunisé – les erreurs médicales et les litiges pour faute professionnelle – est également sensible. »
M. Scullin et ses collègues ont examiné 288.432 demandes d’indemnisation pour faute professionnelle provenant de la National Practitioner Data Bank, la plus vaste base de données de ce type aux États-Unis, couvrant la période de janvier 1990 à septembre 2018. L’étude s’est concentrée sur les effets immédiats du changement d’heure en comparant les demandes d’indemnisation de la semaine qui ont précédé et suivi l’ajustement printanier.
De plus, elle a étudié les conséquences à long terme en juxtaposant les demandes d’indemnisation pendant les mois où l’heure d’été est en vigueur à celles des mois où l’heure est normale. Les États qui n’observent pas l’heure d’été, tels que l’Arizona, Hawaï et l’Indiana (jusqu’en avril 2006), ont été utilisés comme groupes de contrôle dans l’enquête.
Des résultats qui donnent à réfléchir
La corrélation entre le passage à l’heure d’été et les erreurs médicales est indéniablement forte.
Cet article a été motivé par nos « travaux publiés » en 2019, a expliqué M. Scullin à Epoch Times. Ils ont mené une expérience en laboratoire et ont constaté que les gens étaient beaucoup plus disposés à punir les médecins pour des erreurs médicales s’ils avaient été légèrement privés de sommeil.
Bien que les expériences de laboratoire ne se traduisent pas toujours dans le monde réel, dans ce cas, les chercheurs ont observé le même principe dans leur nouvel article : une très légère restriction du sommeil due au passage à l’heure d’été du printemps augmente la volonté de punir les médecins pour des erreurs médicales, a souligné M. Scullin.
Les auteurs ont été impressionnés par les résultats en raison de la nature complexe des erreurs médicales et des litiges dans le monde réel, a-t-il ajouté. Ces événements, ainsi que la détermination des indemnités à verser, découlent de dizaines de facteurs.
« Malgré tout, il y avait un ‘signal’ (les effets de l’heure avancée) parmi toutes les sources potentielles de ‘bruit’, ce qui nous indique qu’une légère restriction du sommeil et un léger décalage circadien ont des conséquences à la fois sur l’individu et sur la population », a ajouté M. Scullin, qui a étudié l’impact du manque de sommeil sur la mémoire, la cognition et la santé en général.
Ce n’est pas le premier article à mettre en évidence le lien néfaste entre l’heure avancée, qui réduit les possibilités de sommeil d’une heure, et les erreurs médicales. Il y a fort à parier que ce ne sera pas le dernier.
Les effets de l’heure avancée doivent être envisagés dans une perspective plus large. L’avancement du printemps n’a pas seulement un impact négatif sur la communauté médicale. Il a un effet négatif sur des millions de gens d’âges et de milieux différents.
Il y a près de dix ans, des recherches menées par l’American College of Cardiology ont montré que la probabilité de subir une crise cardiaque le premier lundi suivant la perte d’une heure de sommeil suite à l’heure avancée était supérieure de 25% à celle des autres lundis de l’année.
L’heure d’été a aussi un coût financier
En 2016, une étude publiée dans l’American Economic Journal a révélé que la perte de sommeil causée par le changement d’heure lors du passage à l’heure d’été entraîne un coût économique annuel de 253 millions d’euros. Cela s’explique par le fait que l’heure d’été augmente la probabilité d’accidents de voiture mortels, ce qui contribue de manière significative à ce fardeau économique.
Il est important de rappeler que l’heure d’été a été créée à l’origine pour économiser de l’énergie le soir et qu’elle a été utilisée pour la première fois pendant la Première Guerre mondiale. Au contraire, elle semble maintenant nous coûter plus d’énergie et d’argent. Dans l’Indiana, par exemple, le changement d’heure a entraîné une augmentation de 4% de la consommation d’électricité.
Comme nous l’avons mentionné, tous les États américains ne suivent pas l’heure d’été. Hawaï et l’Arizona ont choisi de ne pas observer l’heure d’été. N’est-il pas temps pour les autres États et les autres pays de suivre leur exemple et de cesser de s’écarter de l’heure normale ?
Bien que cette décision se traduise par une diminution de la lumière du jour pendant les mois du printemps et de l’été, elle contribuerait probablement à sauver de nombreuses vies et à économiser des dizaines de millions d’euros par an en évitant les perturbations causées par le changement d’heure.
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