Les entreprises américaines se sont plaintes auprès de la secrétaire d’État au commerce, Gina Raimondo, pour lui dire qu’il était désormais impossible d’investir en Chine, car les risques encourus pour y faire des affaires ont augmenté compte tenu de certains facteurs comme les modifications apportées aux lois sur le contre-espionnage et les descentes de police menées à l’encontre de sociétés étrangères.
Mme Raimondo a fait part de ces préoccupations le 29 août, alors qu’elle se trouvait à bord d’un train en partance de Pékin pour Shanghai, dans le cadre d’une visite officielle en Chine.
« De plus en plus, les entreprises américaines me font savoir que la Chine n’est plus digne d’intérêt en raison des risques trop importants qu’elle implique, » a-t-elle souligné.
Le secrétaire d’État au commerce est en Chine pour renforcer les liens économiques, alors que des tensions politiques entre les deux pays risquent de s’aggraver davantage pour déboucher sur des hostilités ouvertes.
Perquisitions dans les entreprises
Les entreprises américaines qui mènent des activités en Chine sont confrontées à une série de nouveaux défis, a expliqué Mme Raimondo, notamment « des amendes exorbitantes sans aucune explication » et « des révisions de la loi sur le contre-espionnage, qui manquent de clarté et provoquent des ondes de choc au sein de la communauté américaine ».
Elle a noté que les « perquisitions dans les entreprises » font partie des problèmes auxquels sont confrontées les entreprises américaines en Chine, et que l’ensemble de ces problèmes représente « un tout nouveau niveau de difficulté » qu’il convient d’aborder.
L’interdiction récente par le régime des ventes de semi-conducteurs du fabricant de puces Micron Technology aux principales industries nationales chinoises est un exemple des mesures de répression apparemment arbitraires auxquelles les entreprises américaines sont confrontées en Chine.
Mme Raimondo a évoqué l’interdiction imposée à Micron dans ses remarques aux journalistes, déclarant qu’aucune explication n’avait été donnée quant à cette mesure et que les restrictions avaient été imposées dans le cadre d’une « procédure régulière limitée ».
L’ambassade de Chine à Washington n’a pas répondu à l’heure de la presse à une demande de commentaire formulée par Epoch Times.
Les déclarations de Mme Raimondo montrent clairement que les échanges commerciaux constituent l’un des principaux sujets de discorde entre la Chine et les États-Unis, notamment les contrôles à l’exportation.
Les relations bilatérales entre Pékin et Washington se sont détériorées cette année sur une série de questions, notamment l’attitude militaire agressive de la Chine à l’égard de Taïwan et les allégations d’espionnage.
En avril, Washington a annoncé de nouvelles restrictions sur les exportations vers la Chine afin de tenir les semi-conducteurs et d’autres technologies hors de portée de l’armée de Pékin. La Chine a ensuite annoncé des contrôles sur les exportations de deux métaux stratégiques, une mesure interprétée par beaucoup comme un geste de représailles.
Dans une tentative apparente de raccommodage, Mme Raimondo a expliqué aux journalistes, lors d’une conférence de presse tenue à Pékin, que les États-Unis et la Chine avaient convenu de créer un groupe de travail sur les questions relatives au commerce et à l’investissement, notamment les contrôles à l’exportation.
La décision de créer ce groupe de travail a été critiquée par le président de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, M. Michael McCaul (Parti républicain – Texas), qui l’a qualifiée de « dangereuse ».
« La décision prise par l’administration Biden de s’associer au Parti communiste chinois pour créer un groupe de travail sur les contrôles à l’exportation et les questions commerciales avec des représentants du PCC est au mieux naïve, mais aussi dangereuse, » a déclaré M. McCaul dans un communiqué de presse.
« Le PCC vole la propriété intellectuelle américaine et pirate les courriels des hauts fonctionnaires du gouvernement, dont la secrétaire d’État américaine, Mme Raimondo. L’administration doit cesser de considérer le PCC comme autre chose qu’un adversaire qui ne recule devant rien pour nuire à la sécurité nationale et répandre son autoritarisme malveillant dans le monde entier. »
Michael Hart, président de la Chambre de commerce américaine en Chine, a minimisé les remarques de M. McCaul en les qualifiant d’« approche politique de la question, » lors d’une interview sur CNBC.
« Il n’y a rien de plus important que la poursuite des échanges » du point de vue de la Chambre de commerce américaine en Chine, a déclaré M. Hart, notant qu’un certain nombre d’entreprises américaines lui ont fait savoir que la Chine demeurait un marché important pour elles.
Selon lui, Mme Raimondo détient à la fois « la carotte et le bâton » puisqu’elle est chargée du commerce et des contrôles à l’exportation, « ce qui fait que les Chinois veulent vraiment lui parler ».
Découplage
Mme Raimondo serait le quatrième haut fonctionnaire américain à se rendre en Chine en l’espace de dix semaines.
En août, elle a rencontré plusieurs hauts fonctionnaires chinois avant de s’entretenir avec le premier ministre Li Qiang pour lui faire part de la volonté de l’administration Biden de ne pas rompre les relations commerciales.
« J’ai effectué une visite très productive jusqu’à présent, » a affirmé Mme Raimondo à M. Li avant le début des séances à huis clos. « Le président Biden m’a demandé de venir ici pour faire passer un message : nous ne cherchons pas un ‘découplage’, nous voulons maintenir avec la Chine une relation commerciale qui représente 700 milliards de dollars. »
M. Li a indiqué que les relations économiques et commerciales étaient cruciales pour la stabilité des liens entre les États-Unis et la Chine. Il espère toutefois que Washington « pourra travailler dans la même direction que la Chine » et développer les liens bilatéraux avec « plus de sincérité et d’actions concrètes ».
Mme Raimondo s’est également entretenue le 29 août avec le vice-premier ministre He Lifeng, un proche du dirigeant chinois Xi Jinping qui supervise l’économie du pays.
« Nous ne ferons jamais de compromis pour protéger notre sécurité nationale, mais je tiens à préciser que nous ne chercherons jamais à nous dissocier de l’économie chinoise ou à la freiner, » a déclaré Mme Raimondo au début de la réunion.
M. He a fait part de ses préoccupations concernant les droits de douane, les contrôles à l’exportation et les restrictions à l’investissement imposés par les États-Unis, selon le compte rendu du ministère chinois du commerce.
Par ailleurs, des hauts fonctionnaires de Pékin et de Washington devaient procéder à un premier « échange d’informations » sur le contrôle des exportations le 29 août.
Le président Joe Biden a signé ce mois-ci un décret visant à restreindre les investissements dans les technologies sensibles chinoises, notamment dans les secteurs de l’informatique quantique, de l’intelligence artificielle et des semi-conducteurs.
Cette décision fait suite à une série de contrôles des exportations de semi-conducteurs vers la Chine dévoilés par le président Biden en octobre 2022.
Le régime chinois a renforcé ses propres contrôles à l’exportation. Depuis le 1er août, le gallium et le germanium – deux métaux rares essentiels à la fabrication des semi-conducteurs – font l’objet de restrictions à l’exportation, comme l’avait annoncé le ministère du commerce en juillet, en invoquant la nécessité de protéger la sécurité nationale.
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