L’ancien président Donald Trump a déclaré récemment que « les éoliennes provoquaient la mort de baleines en grand nombre, du jamais vu ».
Ses propos, tenus lors d’un meeting de campagne en Caroline du Sud, ont rapidement été passés au crible par les services de vérification des faits des médias traditionnels, comme The Guardian et la BBC.
« Elles s’échouent sur le rivage. Je l’ai vu ce week-end, trois d’entre elles sont apparues. Vous ne pourriez pas voir ça une fois par an. Maintenant, elles remontent toutes les semaines », a indiqué le président Trump.
The Guardian a qualifié cette allégation de « longue attaque, en grande partie sans fondement, contre les éoliennes, accusées de provoquer la mort d’un grand nombre de baleines, en affirmant que les ‘éoliennes’ rendaient les cétacés ‘fous’ et ‘un peu cinglés' ».
La BBC a déploré que des extraits du discours de l’ancien président aient dépassé les 9 millions de vues, ajoutant que ses « affirmations n’étaient pas corroborées par des preuves ».
Le président Trump a également rappelé qu’une seule baleine avait été tuée au large de la Caroline du Sud au cours des 50 dernières années, mais que les chiffres augmentaient désormais.
La BBC a répondu en citant un document du ministère des Ressources naturelles de Caroline du Sud datant de 2015 et indiquant que depuis 1993, six baleines à bosse se sont échouées.
La BBC a cité Rob Deaville, du programme d’enquête sur les cétacés échoués de la Société zoologique de Londres, qui a estimé que la mort des baleines était causée par l’industrie de la pêche et les collisions avec les navires.
« Parler des parcs éoliens comme d’un problème empêche de parler des menaces très réelles qui pèsent sur ces espèces », a souligné M. Deaville à la BBC.
Pour lui, il n’y a pas de lien probant entre la mort des baleines et les parcs éoliens du Royaume-Uni.
Andrew Read, commissaire de la Commission américaine des mammifères marins, a affirmé au Guardian qu’« il n’y avait aucune preuve scientifique que les éoliennes, ou les prospections pour les éoliennes, provoquaient la mort de baleines ».
Bien que l’industrialisation des océans suscite des inquiétudes plus générales, il a souligné que la mort des baleines était due aux collisions avec les navires, à leurs démêlés avec les engins de pêche et au réchauffement des océans provoqué par le changement climatique.
« La population de baleines à bosse, en particulier, reprend des forces après avoir été chassée et se rapproche de la côte pour se nourrir de proies, ce qui signifie qu’elles sont touchées lorsqu’elles entrent dans les couloirs de navigation ou qu’elles sont prises dans des filets », a expliqué M. Read.
Selon lui, les personnes qui protestent contre les éoliennes en mer sont manipulées par les « intérêts des combustibles fossiles », qui se sentent menacés par l’énergie dite propre.
Baleines et turbines
En août, l’Administration nationale des océans et de l’atmosphère (NOAA : National Oceanic and Atmospheric Administration) a rapporté à Epoch Times que 65 grandes baleines avaient été tuées le long de la côte Est depuis décembre 2022. Trois baleines mortes se sont échouées en une semaine à Fire Island (New York), Long Branch (New Jersey) et Long Beach (New York).
En septembre, l’administration Biden a publié un plan d’action pour le développement de l’énergie éolienne en mer dans la région atlantique des États-Unis.
L’objectif fixé par le président Joe Biden, avec un budget de 3,5 milliards de dollars, est de déployer 30 gigawatts d’énergie éolienne en mer d’ici à 2030.
Le plan s’appuie sur l’étude « Transport de l’énergie éolienne en mer dans l’Atlantique » pour coordonner « l’accès en temps voulu au transport d’énergie éolienne en mer » et pour « évaluer les différentes voies permettant d’atteindre les objectifs en matière d’énergie éolienne en mer ».
Lisa Linowes, fondatrice de WindAction, a déclaré dans le récent documentaire « Thrown to the Wind » (Jetées au vent) que dans sa hâte d’atteindre ces objectifs, l’industrie des énergies renouvelables a mis de côté le « principe de précaution », qui veut qu’il incombe au développeur d’éviter ou de minimiser les dommages.
Mme Linowes a souligné que cette mesure entraînait des pertes de vie.
« Environ 350 baleines sont mortes le long de la côte Est depuis 2016 », a-t-elle déploré.
Selon elle, la hausse a commencé en 2016, avec un léger fléchissement en 2022.
« Au cours des six premiers mois de l’année 2023, soit à peine six mois, plus de 40 baleines sont mortes ! »
À l’heure actuelle, 3500 éoliennes au total devraient être construites sur 2,2 millions d’hectares d’océan le long de la côte Est.
Une technologie géophysique à haute résolution est utilisée pour étudier le fond de l’océan en vue de la construction future de ces turbines. Cet équipement sismique émet des fréquences qui, selon certains, soumettent les baleines et les dauphins à des sons puissants qui les désorienteraient et les empêcheraient de naviguer dans les eaux en toute sécurité.
Robert Rand, un scientifique spécialiste de l’environnement, a indiqué que le Bureau américain de gestion de l’énergie océanique (BOEM : Bureau of Ocean Energy Management) et la NOAA n’ont pas tenu compte du comportement des baleines comme le contournement, et l’aversion qu’elles éprouvent lorsqu’elles entendent le battage des pieux et d’autres bruits dissonants provoqués lors de la construction des turbines.
« Elles ne font pas le lien entre un bruit fort qui retentit dans l’eau et le fait que des espèces s’éloignent de ce bruit, et c’est un problème parce qu’elles n’ont pas les réserves de graisse nécessaires pour se déplacer indéfiniment en essayant de se soustraire à ce bruit », a expliqué M. Rand dans le film.
« Si un baleineau est séparé de sa mère, ce que je comprends, c’est que les deux se mettent à stresser énormément et qu’il ne faut pas longtemps pour qu’ils meurent. C’est une situation très dangereuse. Le baleineau a besoin de la mère pour se nourrir, et la mère essaie de retrouver son petit. »
Une fois que la mère et le baleineau ont dépensé leur énergie, ils s’échouent et meurent.
M. Rand a publié en septembre une étude technique indépendante portant sur le « bruit opérationnel des navires équipés de sonars géophysiques » dans le but d’améliorer les « mesures de protection contre le bruit » pour la vie marine.
« Ce que je vois est troublant », a souligné M. Rand. « Ce que je vois, ce sont des niveaux supérieurs à la limite que la NOAA a elle-même fixée pour être protégé à des distances beaucoup plus importantes que celles qui ont été accordées pour les autorisations de harcèlement accidentel. Pour moi, il s’agit donc d’une rupture totale de la protection réglementaire des baleines franches ».
Les groupes de défense de l’environnement restent silencieux
Lorsqu’il s’agit de l’exploitation du pétrole et du gaz, les groupes environnementaux tels que Greenpeace et le Sierra Club défendent la faune et la flore, a expliqué Mme Linowes, mais dans le cas des énergies dites renouvelables, ils accusent d’autres facteurs comme les collisions de navires et le changement climatique, ou bien ils gardent le silence.
En 2021, le Service national de la pêche maritime a conclu que la baleine de Rice du golfe du Mexique constituait une espèce à part entière, dont il ne restait que 50 spécimens.
En juillet, la NOAA a proposé de désigner 7,3 millions d’hectares du golfe du Mexique, du Texas à la Floride, comme habitat vital pour la baleine de Rice, une proposition qui limiterait considérablement les activités de forage en mer de l’industrie pétrolière et gazière.
Selon un rapport du Washington Post, les législateurs républicains de la côte du Golfe ont intenté une action en justice contre cette désignation, arguant que la proposition n’avait pas été bien pensée et qu’elle nuirait à l’économie.
Le juge de district américain James Cain, nommé par le président Trump, a accepté et a ordonné à la NOAA de retirer sa proposition.
Des groupes de défense de l’environnement tels que le Centre pour la diversité biologique (Center for Biological Diversity) ont plaidé en faveur de la protection de la zone. Le groupe a intenté plusieurs actions en justice en faisant valoir que les forages en mer nuisaient à la faune océanique ; toutefois, l’organisation n’a fait aucun effort pour contester l’impact du développement de l’énergie éolienne en mer sur les baleines.
Le 28 septembre, le centre a déposé une pétition d’urgence pour demander à la NOAA d’imposer des limites de vitesse aux navires.
« Les baleines franches ne peuvent pas supporter un retard supplémentaire en matière de protection, et elles ne devraient pas avoir à le faire », a indiqué Kristen Monsell, directrice juridique pour les océans au Centre pour la diversité biologique (Center for Biological Diversity), dans un communiqué de presse.
« La moindre collision avec un navire rapproche la baleine de sa mort, les limitations de vitesse pourraient empêcher ce risque. Les autorités fédérales ne peuvent pas rester les bras croisés alors que les baleines franches sont en danger. »
La question que de nombreux habitants de la côte Est continuent de se poser reste d’actualité : Pourquoi les baleines, qui se frayaient un chemin à travers les navires depuis des décennies, sont-elles soudainement incapables d’éviter les collisions avec les navires ces dernières années ?
Recours en justice
À la mi-septembre, l’association Nantucket Residents Against Turbines (NRAT : Habitants de Nantucket contre les éoliennes) a déposé un recours dans une affaire où l’organisation affirme que plusieurs organismes fédéraux de réglementation de la faune n’ont pas respecté la loi sur la politique environnementale nationale (National Environmental Policy Act) et la loi sur les espèces menacées d’extinction (Endangered Species Act) lors de « l’évaluation, la divulgation et le travail sur l’atténuation des effets environnementaux relatifs à la décision d’approuver le projet éolien offshore Vineyard Wind 1, un projet qui consiste en 62 éoliennes aussi hautes que la Statue de la Liberté et dont les pales mesurent jusqu’à 90 mètres de long ».
L’action en justice initiale a été rejetée en mai par la juge du district des États-Unis Indira Talwani, nommée par le président Barack Obama.
La NRAT a déclaré dans son action en justice que les défendeurs – le BOEM, la NOAA et le Service national de la pêche maritime – mettaient l’écosystème en « grave » danger.
« Peut-être même en poussant au moins une espèce – la baleine franche de l’Atlantique Nord – au bord de l’extinction », a allégué la NRAT.
Le projet éolien offshore Vineyard Wind devrait être construit au large de la côte sud de Nantucket, dans le Massachusetts.
La juge Talwani a estimé que le groupe n’avait pas démontré que les départements fédéraux de gestion de la faune sauvage avaient violé la loi nationale sur la politique environnementale (National Environmental Policy Act) ou la loi sur les espèces menacées (Endangered Species Act) dans leurs déclarations d’impact sur le projet en 2021.
La NRAT allègue dans son procès que le BOEM et la NOAA n’ont pas veillé à ce que le projet « ne mette pas en péril la survie d’espèces inscrites sur la liste fédérale, telles que la baleine franche de l’Atlantique Nord, et à ce qu’il ne mette pas en péril l’existence continue de ces espèces inscrites sur la liste fédérale ».
Selon la NRAT, la baleine franche de l’Atlantique Nord est un « animal marin emblématique » qui migre le long de la côte Est.
« Il s’agit également de l’une des espèces les plus menacées au monde, avec moins de 400 spécimens connus à l’état sauvage », a précisé la NRAT.
« Pire encore, l’espèce est constamment menacée par les collisions avec les navires, les prises accidentelles dans les filets de pêche et la disparition des sources de nourriture, ce qui se traduit par un taux de mortalité élevé et un faible taux de reproduction. »
La NRAT a indiqué que la zone située immédiatement au sud-sud-ouest de l’île de Nantucket était un « refuge de longue date » pour la baleine.
« Malheureusement, c’est exactement l’endroit que le BOEM a choisi pour construire le plus grand réseau d’éoliennes offshore jamais assemblé. Le projet Vineyard Wind est l’un – mais seulement l’un – des projets éoliens offshore proposés pour cette zone », a souligné le groupe communautaire.
À moins qu’ils ne soient déclassés
La NOAA dispose d’un réseau d’organisations chargées d’enquêter sur les baleines décédées.
Parmi ces organisations figure la Société de conservation marine de l’Atlantique, qui, avant 2021, était composée de plusieurs personnes engagées dans la sauvegarde des baleines, selon Mme Linowes.
Vers 2021, la situation a changé, puisque des membres du conseil d’administration travaillent également pour la société d’énergie éolienne Equinor.
Paul Tonna, président du conseil d’administration de la Société de conservation marine de l’Atlantique, est l’un des principaux lobbyistes d’Equinor, a indiqué Mme Linowes, tandis que Jennifer Dupont, membre du conseil d’administration, est responsable des affaires environnementales stratégiques chez Equinor.
« Près de la moitié du conseil d’administration de la Société de conservation marine de l’Atlantique semble bénéficier du développement de l’énergie éolienne en mer, et c’est cette organisation qui est chargée d’enquêter sur les décès de baleines survenus au large des côtes de New York », a-t-elle ajouté.
Epoch Times a contacté la Société de conservation marine de l’Atlantique (Atlantic Marine Conservation Society) pour obtenir des commentaires.
Dans une lettre adressée en 2022 au BOEM, le responsable des espèces protégées de la NOAA, Sean Hayes, s’est dit préoccupé par le développement de la construction d’éoliennes en mer et par le fait qu’elles pourraient nuire à la vie marine dans les eaux du sud de la Nouvelle-Angleterre, a souligné Mme Linowes.
Les risques énumérés par M. Hayes comprennent l’augmentation du bruit, du trafic maritime, de la destruction de l’habitat et des risques de prise au piège, ainsi que les perturbations affectant les sources de nourriture des baleines.
Bien que les risques puissent être « atténués dans une certaine mesure », les « impacts océanographiques » des turbines fonctionnant sur une période de 30 ans ne peuvent être limités « à moins qu’elles ne soient mises hors service », a indiqué M. Hayes.
Appel à une enquête
Bien que de nombreux scientifiques aient tiré la sonnette d’alarme, les médias et les groupes de défense de l’environnement continuent d’assimiler ces préoccupations à de la désinformation financée par des groupes pro-pétrole.
Au début de l’année, le représentant Jeff Van Drew (Parti républicain – New Jersey) et d’autres ont demandé à l’Office gouvernemental des comptes d’enquêter sur les effets du développement de l’énergie éolienne en mer dans le New Jersey, alors que le nombre de décès d’animaux marins a fortement augmenté.
M. Van Drew a partagé le clip du président Trump sur les médias sociaux et a fait remarquer que le nombre de baleines qui se sont échouées le long de la côte atlantique est « historique ».
« Pourquoi aucune enquête ? a demandé M. Van Drew sur les médias sociaux. « Pourquoi pas d’indignation environnementale ? Pourquoi les grands médias restent-ils silencieux ? »
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.