« Les gens ont la trouille », après la découverte d’un fiché S, frère d’un des tueurs du Bataclan, assigné à résidence dans leur ville de Lure

Par Epoch Times avec AFP
12 février 2025 16:49 Mis à jour: 12 février 2025 17:14

Le maire de Lure (Haute-Saône) en a appelé à l’État lundi face à la « psychose naissante » dans sa commune autour de la présence d’un homme fiché S, assigné à résidence en attendant son expulsion du territoire.

Karim Mohamed-Aggad, 34 ans, est le frère de Foued Mohamed-Aggad, l’un des tueurs du Bataclan, mort lors de l’attentat du 13 novembre 2015 à Paris.

« Je demande d’organiser une rotation (entre plusieurs lieux de résidence, ndlr) en attendant que l’expulsion soit validée par les pays d’accueil », a déclaré Éric Houlley, maire socialiste de Lure, commune d’environ 8000 habitants.

Condamné à neuf ans de prison et déchu de sa nationalité

Fiché S, Karim Mohamed-Aggad avait été condamné en mai 2017 à neuf ans de prison par la cour d’appel de Paris pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », après avoir passé plusieurs mois en Syrie en 2013 et 2014, selon le quotidien régional L’Est Républicain. Après avoir purgé les deux-tiers de sa peine, il a été libéré selon Emeric Salmon, député RN en Haute-Saône.

Karim Mohamed-Aggad a de nouveau été condamné à six mois de prison pour le non-respect des mesures de surveillance qui lui étaient imposées.

Il a été déchu de sa nationalité en novembre 2023 et placé au centre de rétention administrative de Metz, puis assigné à résidence à Lure fin juin 2024 par arrêté du ministre de l’Intérieur, selon le journal.

« Il faut changer les règles »

De père algérien et de mère marocaine, la mesure d’éloignement le visant n’a pas abouti : ni l’Algérie ni le Maroc n’ont délivré le laissez-passer consulaire indispensable à son expulsion, selon la même source.

« Tout n’a pas été fait au niveau de l’État central (…) pour aboutir à un résultat et éviter qu’on ait cette psychose naissante », estime l’élu socialiste.

« Il faut changer les règles », a déclaré le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en marge d’un déplacement à Strasbourg.

« On doit changer les règles de droit. Je suis pour un État de droit mais l’état du droit, actuellement, est en train de nous paralyser. C’est pour ça que je plaide auprès de la Commission (européenne) pour changer la politique retour, la politique des éloignements », a-t-il ajouté.

Le député de Haute-Saône Emeric Salmon interpelle Bruno Retailleau à l’Assemblée nationale sur le cout payé par le contribuable français – 2700 euros par mois – pour la résidence de M. Mohamed-Aggad dans un hôtel et évoque la question de la sécurité dans les campagnes. Il déplore que la présence de M. Karim Mohamed-Aggad à Lure n’ait pas été signifiée à la population, qui a néanmoins fini par le savoir.

« La plus grande discrétion »

« J’ai été prévenu dès le début par le préfet, qui m’a demandé la plus grande discrétion, explique le maire de Lure, cité par le quotidien L’Alsace. J’ai respecté, mais je lui ai dit mon désaccord total avec cette mesure d’assignation à résidence, car j’étais sûr que ça finirait par se savoir et que ça inquiéterait la population. Je lui ai donc demandé d’organiser des rotations, de le changer d’endroit régulièrement pour qu’il n’ait pas le temps d’être reconnu. Je suis aussi intervenu auprès du ministère de l’Intérieur, mais il ne s’est rien passé. »

Selon Éric Houlley, qui dit s’être « heurté à l’inertie de l’État », « des inquiétudes (…) commencent à remonter depuis plusieurs semaines » à Lure en raison du profil de l’homme.

« Je suis en colère. Les gens ont la trouille. Ils ne comprennent pas qu’une petite ville de province plutôt tranquille soit prise en otage par une décision de ce type », ajoute le maire, selon Le Figaro.

« Il y a eu des alertes sur les réseaux sociaux, des salariés dans les grandes surfaces, de la CPAM qui se sont inquiétés », a ajouté Éric Houlley, précisant que l’homme « pointe régulièrement » et « respecte son contrôle judiciaire ».

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