Les grèves de travailleurs en Chine sont restées nombreuses en 2024

Selon des observateurs, le nombre réel de manifestations en Chine serait plus élevé, car la plupart des informations sont bloquées par l'appareil de censure omniprésent du régime chinois

Par Alex Wu
3 février 2025 18:42 Mis à jour: 3 février 2025 18:42

Le China Labor Bulletin (CLB), une organisation de défense des droits de l’homme basée à Hong Kong, a publié son rapport 2024 sur les grèves de travailleurs en Chine, qui indique que le nombre total de manifestations de travailleurs en Chine est resté élevé tout au long de l’année et s’est généralisé.

Le rapport intitulé « Analyse des données de la carte des grèves du China Labour Bulletin : bilan de l’année 2024 pour les droits des travailleurs » a été publié le 29 janvier, jour du Nouvel An chinois. Le rapport a enregistré 1509 grèves de travailleurs dans la partie continentale de la Chine en 2024, ce qui est inférieur aux 1794 grèves enregistrées en 2023. Les chiffres récents sont élevés par rapport aux 1389 cas enregistrés en 2019 avant la pandémie de Covid-19.

Les trois provinces qui ont connu le plus grand nombre de grèves en 2024 se trouvent toutes dans les régions industrielles côtières de la Chine, à savoir le Guangdong avec 346 grèves, le Shandong 106, et le Zhejiang 101. Toutefois, le rapport indique également que de nombreux mouvements de protestation se sont également produits dans les provinces intérieures, comme le Henan (80 grèves), le Hebei (69) et le Shaanxi (59).

L’industrie de la construction, comme les années précédentes, a connu le plus grand nombre de manifestations, avec 733 grèves représentant 48,6 % du total. L’industrie manufacturière a enregistré 452 grèves de travailleurs, soit 30 %. Viennent ensuite le secteur des services, puis celui des transports et de la logistique.

Han Dongfang, un animateur de Radio Free Asia (RFA) qui a dirigé la compilation du rapport du CLB, a déclaré que les 1509 grèves enregistrées ne peuvent pas refléter pleinement la situation réelle en Chine. En effet, « la méthode statistique utilisée pour obtenir des indices sur les grèves a été de collecter des informations sur les publications des médias sociaux », a-t-il indiqué, ajoutant que chacune des grèves devrait être confirmée par le personnel du CLB avant d’être affichée sur sa carte des grèves.

Pour M. Han, il est certain que certaines grèves n’ont pas été prises en compte dans le rapport, car « tous ceux qui ont organisé des actions collectives ne les ont pas publiées en ligne ». En outre, le CLB dispose d’un personnel limité, ce qui rend difficile la réalisation de statistiques complètes. De plus, il est peu aisé de se procurer les données officielles auprès du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, a-t-il ajouté.

En raison de la censure stricte exercée par le PCC, de nombreuses informations sur les médias sociaux sont rapidement supprimées ou bloquées, rendant impossible la collecte de l’ensemble des données par le CLB, a souligné David Wu, un ancien avocat spécialisé dans la défense des droits de l’homme en Chine qui réside actuellement aux États-Unis, dans un entretien accordé à Epoch Times le 31 janvier. Il existe un écart important entre les données enregistrées et le nombre réel de grèves en Chine, car « toutes les données proviennent des médias sociaux chinois », a-t-il expliqué.

Pour M. Wu, les grèves et les manifestations sociales vont se multiplier « puisque l’économie chinoise est en récession et qu’un grand nombre d’entreprises licencient leurs employés. Voilà qui correspond mieux à la réalité sociale [en Chine] ».

Wu Te, un commentateur indépendant de la situation des droits des travailleurs en Chine, a noté que la plupart des grèves enregistrées par le CLB « concernent simplement des demandes de salaires ou de compensations économiques pour la délocalisation d’usines et les licenciements, et quelques-unes portent sur le traitement des travailleurs ».

Il a déclaré à Epoch Times le 31 janvier que de nombreuses personnes s’attendent à ce qu’une organisation comme le syndicat indépendant polonais Solidarité, qui a fait tomber le régime communiste en Pologne, voie le jour en Chine. « Mais pour ce faire, il faudrait un haut degré de consensus politique parmi les travailleurs et de fortes capacités d’organisation. À l’heure actuelle, le mouvement ouvrier chinois a encore un long chemin à parcourir avant d’y parvenir », a-t-il souligné.

La police vérifie l’identité des passants alors qu’elle recherche des pétitionnaires près de la Commission de régulation bancaire de Chine à Pékin, le 6 août 2018. (Greg Baker/AFP via Getty Images)

David Wu a une vision plus optimiste des manifestations de travailleurs en Chine. Il cite en exemple le mouvement du Livre blanc contre le confinement imposé par le régime du PCC lors de l’épidémie de Covid-19 en Chine en 2022. Les manifestations de masse qui ont eu lieu dans tout le pays ont finalement conduit le régime à abandonner les restrictions draconiennes imposées pendant trois ans pour lutter contre l’épidémie.

« Un jour, comme lors de la révolution du livre blanc en 2022, tout le monde pourrait s’opposer au Parti. Je pense donc qu’il est tout à fait possible que les grèves ou les manifestations se transforment un jour en une révolution qui renversera le PCC », a-t-il affirmé.

« Le Parti communiste chinois est vraiment diabolique, il a perpétré d’innombrables crimes contre le peuple et il continue de nuire au peuple chinois. »

Pour lui, le PCC n’est pas seulement l’ennemi du peuple chinois, « mais aussi l’ennemi du monde démocratique, civilisé et libre ».

« Tant que le PCC aura suffisamment de pouvoir, de capacités économiques, militaires et technologiques, il ne manquera pas d’étendre ses griffes à d’autres pays et de porter atteinte aux peuples du monde entier », a-t-il averti.

Luo Ya a participé à la rédaction de cet article.

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