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Les groupes de défense des droits de l’homme demandent aux Nations unies de sanctionner la Chine pour la répression des Ouïghours

Depuis un an que le PCC a été accusé de commettre des "crimes contre l'humanité" au Xinjiang, les critiques estiment que peu de choses ont été faites pour que Pékin réponde de ses actes.
septembre 23, 2023 7:00, Last Updated: septembre 23, 2023 7:00
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Alors que les Nations unies tenaient leur 78e assemblée générale dans l’Upper East Side de Manhattan et que le président Joe Biden prononçait un discours le 19 septembre, un autre forum s’est réuni à l’hôtel St Regis de Midtown.

Ce groupe a noté que depuis un an que l’organisme international a conclu que le Parti communiste chinois (PCC) pourrait se livrer à des « crimes contre l’humanité » à l’encontre des Ouïghours et d’autres peuples turcs musulmans, rien ne s’est produit.

Rien, si ce n’est des rapports continus sur les « crimes contre l’humanité » perpétrés par le PCC à l’encontre des Ouïghours et d’autres peuples turcs musulmans, ont déclaré les orateurs du forum.

« Vous savez, je pense que les histoires sur le Xinjiang ont un peu disparu des gros titres ou des premières pages. Malgré toutes les politiques, les propositions et les discours, ce sujet n’est plus vraiment une priorité politique, » a souligné Gady Epstein, rédacteur en chef de The Economist, qui a animé une table ronde de près de trois heures destinée à susciter « une réponse internationale vigoureuse aux atrocités commises contre les Ouïghours ».

M. Epstein a animé une table ronde de près de trois heures destinée à susciter « une réponse internationale robuste aux atrocités commises à l’encontre des Ouïghours ».

L’événement était organisé par Atlantic Council’s Strategic Litigation Project (Projet de Litige Stratégique du Conseil Atlantique), Human Rights Watch et Amnesty International.

Les groupes de défense des droits de l’homme et des droits des Ouïghours ont critiqué les Nations unies de ne pas avoir pris de mesures concrètes pour que la Chine rende des comptes sur les abus documentés.

Ils affirment qu’elle n’a pas fait grand-chose depuis la publication, le 31 août 2022, d’un rapport détaillé du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH : United Nations High Commissioner for Human Rights).

Des militants ont installé un faux camp de travail forcé ouïghour devant le magasin phare d’Apple à Washington, le 4 mars 2022. Ils demandent à Apple de cesser de recourir au travail forcé des Ouïghours. (Nicholas Kamm/AFP/Getty Images)

Ce rapport conclut que les politiques du PCC visant les Ouïghours et d’autres communautés turques dans la région du Xinjiang, à l’ouest de la Chine, « peuvent constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité ».

« Malgré les recommandations fermes du rapport aux autorités chinoises pour qu’elles mettent fin à leur campagne généralisée de violations, les atrocités contre les Ouïghours et les autres peuples turcs persistent, » soutient l’Atlantic Council’s Strategic Litigation Project, notamment les préoccupations citées en 2023 par l’actuel Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, concernant « les détentions arbitraires à grande échelle et les séparations familiales en cours » dans la région du Xinjiang.

« Le rapport de l’ONU a servi de signal d’alarme à la communauté internationale, mais la réalité sur le terrain des emprisonnements de masse, du travail forcé, des séparations familiales, de la suppression de la langue, de la culture, de la religion et de l’identité ouïghoures montre que la communauté internationale a encore beaucoup à faire pour mettre fin aux atrocités en cours, réunir les familles avec leurs proches et rejeter l’impunité dont jouit le gouvernement chinois pour commettre des crimes contre l’humanité, » peut-on lire dans le projet.

« C’est une tragédie que ce qui nous rassemble soit un besoin pressant d’action internationale contre les abus incessants commis par le gouvernement chinois à l’encontre des Ouïghours et d’autres communautés ciblées, » a souligné Rayhan Asat, avocate ouïghoure spécialisée dans les droits de l’homme et chargé de recherches non résidente au Conseil atlantique, dont le frère « souffre dans un camp de concentration depuis qu’il a été injustement arrêté en 2016. »

« La Chine nous a privés de nos proches pendant des mois et des années en les détenant massivement, en les emprisonnant, en les condamnant à de longues peines et en les séparant, » a-t-elle poursuivi.

« La douleur et le traumatisme que la Chine a infligés à des familles comme la mienne [et] à la communauté ouïghoure dans son ensemble sont incommensurables et ne manqueront pas de se répercuter sur les générations à venir. »

Le PCC s’est opposé à toute discussion

Bien que plusieurs gouvernements aient envoyé des représentants pour participer à ce débat – les États-Unis en la personne de l’ambassadrice itinérante pour la justice pénale mondiale, Beth van Schaack – les Nations Unies étaient peu représentées officiellement. Pourtant, le PCC était apparemment intéressé par l’événement.

Dans une déclaration publiée le 14 septembre par la mission chinoise à l’ONU, le PCC a déconseillé aux États membres de l’ONU d’assister à la discussion, qualifiant les trois organisations à but non lucratif coparrainant l’événement d’« organisations antichinoises notoires » qui s’ingèrent dans les affaires intérieures de la Chine et qui, selon le PCC, se consacrent au développement économique et à l’acquisition de compétences professionnelles pour les Ouïghours.

« Ils sont obsédés par la fabrication de mensonges et la diffusion de désinformations malveillantes sur le Xinjiang, sans aucun respect pour la vérité. Ils complotent pour utiliser les questions relatives aux droits de l’homme comme outil politique afin de saper la stabilité du Xinjiang et de perturber le développement pacifique de la Chine, » a affirmé la mission chinoise auprès de l’ONU.

Peter Loeffelhardt, chef de la direction de l’Asie et du Pacifique au ministère fédéral allemand des Affaires étrangères, a rejeté les revendications du PCC « en rappelant un point central évident : les droits de l’homme sont universels, indivisibles, interdépendants et liés entre eux. Ils ne sont pas soumis à une hiérarchie et ne peuvent être séparés des autres sujets ».

« Il est faux et dangereux de dire que les droits de l’homme sont un obstacle au développement, » a-t-il poursuivi.

« Les droits de l’homme doivent toujours faire partie du débat. Lorsque nous nous attaquons aux violations des droits de l’homme, bilatéralement et multilatéralement, il ne s’agit pas d’une ingérence dans les affaires intérieures. »

Les violations présumées des droits de l’homme par le PCC ne s’arrêtent pas aux frontières de la Chine, a noté M. Loeffelhardt et Mme Asat l’a confirmé par son témoignage personnel.

« Nous ne devons pas négliger ce qui se passe chez nous, » a-t-il ajouté. « Nous devons veiller à ce que les militants des droits des victimes et tous ceux qui dénoncent d’éventuelles violations des droits de l’homme en Chine puissent jouir des droits fondamentaux dans leur propre pays, sans ingérence ni intimidation exercées par des entités étrangères. »

La Chine, un bras de fer étendu

Mme Asat a raconté qu’elle était l’une de ces victimes activistes « marchant sur une corde raide », défendant les intérêts des Ouïghours tout en étant harcelée par le PCC aux États-Unis.

« Même les Américains vivant aux États-Unis sont encore soumis à l’emprise du bras long de la Chine. Ce qu’ils utilisent, ce sont nos familles, nos proches, leurs vies – ils les gardent littéralement en otage », a-t-elle ajouté, décrivant comment les responsables chinois « vous laissent entendre la voix de votre proche pendant une seconde, et vous savez qu’il est en vie. Vous devez donc faire attention à ce que vous faites par la suite ».

Ce type de « répression transnationale, de répression internationale au-delà des frontières » n’entre pas dans la définition actuelle des Nations unies des violations des droits de l’homme, a indiqué Mme Asat.

« Je trouve très déprimant et scandaleux que rien de tout cela ne corresponde à la définition des normes et des lois internationales que la Chine a enfreintes, » a-t-elle poursuivi.

« Je pense donc qu’il faut discuter de la codification de ce type d’actions étatiques qui se déroulent en dehors de leurs frontières en tant que répression transnationale et l’intégrer au système international de responsabilité. »

S’exprimant au nom des États-Unis, Mme Van Schaack a indiqué : « Malgré les tentatives continues [du PCC] d’intimider et de réduire au silence ceux qui s’expriment sur les droits de l’homme, avec un nouvel exemple de campagne mondiale de répression transnationale, je suis également heureuse de constater que leurs efforts n’ont fait qu’accroître la surveillance internationale sur la situation au Xinjiang, et en particulier sur les atrocités commises à l’encontre du peuple ouïghour. »

« Bien que créer des voies vers la justice pour les atrocités commises par le PCC au Xinjiang reste un défi de taille, l’évaluation du haut commissaire offre une base solide pour de nouvelles actions, et nous ne devons donc pas rester inactifs, silencieux ou soumis à la pression exercée par la Chine pour qu’elle détourne simplement le regard. »

« Les États-Unis, a-t-elle ajouté, ont choisi de qualifier ces atrocités de génocide et de crimes contre l’humanité. Et alors qu’elles se poursuivent, le monde doit s’y opposer fermement, en paroles et en actes. »

Brandissant une copie de la lettre adressée le 14 septembre par la mission chinoise à l’ONU, Sophie Richardson, directrice de Human Rights Watch pour la Chine, a déclaré : « Tout gouvernement qui se donne la peine de faire une telle chose n’a rien à faire au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations unies ».

« Mais aussi, a-t-elle conclu, la lettre confirme essentiellement que [la Chine] a beaucoup de choses à cacher et qu’elle le sait. Une partie de notre objectif, de notre travail, est de continuer à tenir et à défendre cet espace jusqu’à ce que les Ouïghours puissent le faire eux-mêmes chez eux. »

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