Des centaines d’Israéliens ont rendu hommage lundi à l’écrivain Amos Oz, mort des suites d’un cancer, lors d’une cérémonie funéraire à laquelle le président israélien a salué celui qui fut l’un des auteurs les plus célèbres du pays.
Une foule s’est massée pour entrer dans un petit théâtre du centre de Tel-Aviv, où le cercueil d’Amos Oz a été déposé. Des proches, mais aussi des hommes politiques et de simples citoyens ont lentement défilé devant le cercueil de l’auteur décédé vendredi à l’âge de 79 ans. La cérémonie a été diffusée en direct à la télévision, chose rare en Israël pour l’enterrement d’un écrivain.
Le président Reuven Rivlin, très ému, a partagé des souvenirs de son amitié avec Amos Oz, alors qu’ils étaient enfants et voisins à Jérusalem, ville natale de l’écrivain. Amos Oz avait « la capacité de voir profondément les choses de l’intérieur, tout en gardant un pied à l’extérieur », a déclaré M. Rivlin.
« Tu n’avais pas peur d’être appelé un traître. Au contraire, tu considérais cela comme un titre honorifique », a-t-il ajouté, en référence aux critiques suscitées par les positions d’Amos Oz, fervent défenseur de la paix avec les Palestiniens. Le dernier ouvrage d’Amos Oz, « Judas », paru en français en 2016, explore la figure du traître, qualificatif dont Amos Oz a été affublé pour ses positions politiques.
« Parce que ton écriture était si personnelle et universelle à la fois, tu avais réussi à raconter notre histoire bien au-delà de notre petit Israël », a dit M. Rivlin dans son éloge funèbre. L’acteur israélien Oded Kotler, qui a joué dans l’adaptation cinématographique d’un des premiers romans d’Amos Oz, a ensuite lu une lettre de condoléances écrite par le président palestinien Mahmoud Abbas, provoquant les applaudissements des personnes présentes.
La mort d’Amos Oz a suscité de nombreux hommages à travers le monde, notamment celui de son confrère, l’auteur israélien David Grossman, qui a célébré sa « grandeur », ainsi que « sa générosité, sa chaleur et sa sagesse ». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en visite au Brésil, a salué l’écrivain disparu, « l’un de nos géants littéraires ».
« Nous nous souviendrons toujours de sa contribution à la littérature hébraïque et à l’hébreu comme langage », a-t-il déclaré. Acclamé en Israël et à travers le monde pour ses livres, Amos Oz était l’un des plus virulents critiques de l’occupation israélienne des territoires palestiniens après la guerre de 1967.
Ces dernières années, sa voix s’était élevée contre la politique de droite favorable à la colonisation, boycottant les événements officiels organisés par Israël à l’étranger pour protester contre l’« extrémisme croissant » du gouvernement de M. Netanyahu. Il dénonçait également les discours prônant la destruction d’Israël.
Egalement poète et essayiste, Amos Oz est né à Jérusalem le 4 mai 1939 dans une famille d’origine russe et polonaise. Ses ouvrages explorent les êtres et leurs relations souvent complexes. Ils ont été traduits dans plus de 30 langues.
Son roman autobiographique « une Histoire d’amour et de ténèbres », publié en France en 2004, a été salué dans le monde comme un événement majeur de la littérature contemporaine. Le livre a été porté à l’écran en 2015 par Natalie Portman qui y joue le rôle de la mère du jeune Amos.
Lauréat du prestigieux prix Goethe 2005 en Allemagne, il a aussi reçu le prix d’Israël de littérature en 1998, le prix Méditerranée (étranger) en 2010 et le prix Franz Kafka en 2013. Venu de Givatayim (centre) pour assister à la cérémonie, Yona Kranz, 74 ans, se souvient d’une visite de l’écrivain dans son kibboutz, alors qu’il présentait son tout premier livre.
« Il incarnait le mythe d’un Israël qui aurait pu exister et qui n’a peut-être pas existé, et j’aimais ce mythe », explique-t-il. « S’il existe de véritable sioniste, je crois qu’il en était un ».
D.C avec AFP
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