Les manifestations en Chine ont considérablement augmenté au cours du second trimestre

Par Alex Wu
2 septembre 2024 01:11 Mis à jour: 2 septembre 2024 23:24

Un groupe de surveillance des droits de l’homme à but non lucratif basé aux États-Unis a enregistré 805 incidents de dissidence en Chine d’avril à juin, selon son dernier rapport publié le 28 août. Il s’agit d’une augmentation de 18 % par rapport à la même période en 2023, malgré le contrôle strict exercé par le régime chinois.

La majorité des incidents enregistrés par le China Dissent Monitor (CDM) de Freedom House dans les 370 villes provinciales de Chine étaient liés à des problèmes de travail (44 %) et à des manifestations de propriétaires (21 %).

La province du Guangdong, dans le sud du pays, est la région qui a enregistré le plus grand nombre de manifestations (13 %), suivie du Shandong, du Hebei, du Henan et du Zhejiang. Parmi les villes du pays, Shenzhen, Xi’an et Sanya ont connu le plus grand nombre de manifestations liées à des questions économiques. Plusieurs autres villes ayant un pourcentage élevé de manifestations se trouvent dans la province du Guangdong.

Deux sociétés immobilières chinoises sont arrivées en tête des manifestations portant sur l’immobilier : 106 incidents concernent Country Garden, une société de promotion immobilière basée dans le Guangdong qui est en défaut de paiement depuis 2023, tandis que 71 incidents se rapportent à Evergrande, une importante société de promotion immobilière chinoise basée à Shenzhen qui est en crise de liquidation depuis 2020 et en défaut de paiement depuis 2023.

Ces manifestations résultent d’un impact sérieux sur les moyens de subsistance de la population, comme des projets immobiliers inachevés, des fermetures soudaines de lieux de travail ou des salaires impayés, indique le rapport.

L’économie chinoise entre dans une phase de stagnation après quatre décennies de développement, malgré les mesures prises par Pékin, qui ne parvient pas à résoudre les problèmes majeurs qui entravent la croissance économique, notamment la crise immobilière, la guerre commerciale avec les États-Unis, la répression exercée par le régime sur le secteur privé et les effets négatifs à long terme de ses confinements et restrictions draconiens lors du Covid-19.

Le CDM a également enregistré des manifestations dans les zones rurales liées à des expulsions forcées et à l’expropriation de terres, ainsi que des manifestations de chauffeurs de taxi dans les villes contre la flambée des tarifs pratiqués par les compagnies de taxi, entre autres.

La crise de légitimité du PCC s’aggrave

De nombreuses manifestations ont été réprimées par le Parti communiste chinois (PCC), les autorités craignant que « les manifestations n’entraînent des risques politiques plus importants », souligne le rapport.

Les observateurs chinois estiment que la multiplication des manifestations en Chine, malgré le contrôle étroit exercé par le PCC sur la société, montre que le parti est confronté à une crise de légitimité.

Tseng Chien-Yuan, président du conseil d’administration de la Nouvelle école pour la démocratie, a déclaré à Epoch Times que la situation actuelle en Chine n’est comparable à aucune autre, car même la classe moyenne – notamment les propriétaires immobiliers – s’est levée pour manifester, ce qui montre que l’économie chinoise traverse une période très difficile.

« Les gens sont contraints de vivre dans la pauvreté et la légitimité du régime en place, reposant sur le développement économique, est fortement affaiblie. Sous haute surveillance, les gens continuent de manifester, signe avant-coureur d’une crise majeure », a-t-il commenté.

Wu Se-Chih, chercheur à l’Association pour la politique du détroit de Taïwan, a fait observer à Epoch Times : « D’une manière générale, les manifestations sociales se produisent lorsque la patience de la population a atteint ses limites ».

Selon lui, le nombre réel de manifestations serait bien plus important que ce que le CDM est parvenu à collecter du fait du contrôle et de la censure exercés par le PCC.

Dans son rapport, Freedom House reconnaît les restrictions imposées aux médias en Chine communiste et les « risques associés à la collecte d’informations sur la dissidence et les manifestations à l’intérieur du pays ».

Le China Dissent Monitor « a été créé en réponse au manque d’informations » à partir de données recueillies dans des « rapports d’actualité, des organisations de la société civile et des médias sociaux de la RPC », et d’autres sources.

Pour M. Wu, le PCC a toujours réprimé les manifestations et empêché les informations de parvenir au public et au monde extérieur, il a également « utilisé d’autres méthodes pour atténuer les réactions de la population ou de la société ». Mais le PCC a désormais de moins en moins de moyens à sa disposition, d’autant plus qu’il est confronté à de « graves problèmes financiers ».

Lorsque la société chinoise dans son ensemble sombrera dans une situation de désespoir économique, il sera plus difficile pour le PCC de contrôler la volonté du peuple à s’opposer à lui. « En fin de compte, le PCC s’effondrera sous la pression des troubles sociaux », a-t-il prédit.

Luo Ya a contribué à la rédaction de cet article.

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