Les parents montent le ton contre les profs non remplacés

Par Epoch Times avec AFP
18 mars 2025 08:21 Mis à jour: 18 mars 2025 08:22

« Pas de profs, pas d’avenir », « École occupée, remplaçants exigés »… Le hall de l’école Albert-Einstein à Ivry-sur-Seine, en région parisienne, est constellé de panneaux. Depuis des jours, des parents d’élèves occupent symboliquement l’établissement pour protester contre les non-remplacements d’enseignants absents.

Une situation qui perdure depuis des années, à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) comme ailleurs, au point de pousser des collectifs de parents à saisir les tribunaux.

« Quand les enfants ont un prof absent, ils sont répartis dans d’autres classes de différents niveaux » et restent désœuvrés, « mais l’école, ce n’est pas une garderie », se désole auprès de l’AFP Simon Lecœur, l’un des parents d’élèves qui manifestent.

Lui et les autres parents n’en veulent pas aux profs absents, en congé maladie ou maternité, ou encore en formation, mais en déplorent les conséquences.

« L’an dernier, certains élèves des petites classes ne voulaient plus aller en cours parce qu’ils savaient qu’ils n’allaient pas retrouver leur maîtresse », s’insurge Lu Ha Sarmiento, présidente de la fédération de parents FCPE locale.

Entre-temps, pour les élèves, les lacunes s’accumulent. « Après, on dit que le niveau des élèves français chute », s’exaspère Delphine Sadou, une représentante de parents de l’école élémentaire Makarenko, également à Ivry.

Les parents y ont aussi entamé une occupation perlée pour les mêmes raisons. C’est « ceux qui crient le plus fort » qui ont des remplaçants, souvent pris sur ceux d’autres écoles, tance Mme Sadou.

Le rectorat « entièrement mobilisé »

Le rectorat de Créteil, dont dépend Ivry-sur-Seine, se dit « entièrement mobilisé sur la question du remplacement ».

Il fait partie, aux côtés de Versailles ou la Guyane, des plus mal lotis en France, les enseignants leur préférant Paris, Rennes ou le Sud-Ouest.

Les académies de Versailles et Créteil sont à ce point boudées par les professeurs ou aspirants enseignants que le ministère de l’Éducation nationale organise des concours de recrutement supplémentaires les concernant.

Mais le problème dépasse largement ces régions. À Vaulx-en-Velin, en banlieue lyonnaise, les parents du lycée Doisneau se sont aussi mobilisés avec un café revendicatif ou une manifestation devant le rectorat, qui au final les a reçus.

Le problème atteint une telle ampleur que la FCPE a créé un site, « Ouyapacours », où un comptage national est fait à partir des déclarations volontaires – et donc non exhaustives : les heures perdues y apparaissent en forte hausse à plus de 76.000 sur deux trimestres, contre moins de 47.000 pour l’année précédente entière.

La voie judiciaire

« Inacceptable », estime Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE nationale, joint par l’AFP.

Certains parents excédés ont décidé de se tourner vers les tribunaux.

Ils ont obtenu gain de cause, notamment à Amboise (Indre-et-Loire) et Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), avec des indemnités de plusieurs centaines d’euros par enfant.

« L’idée est de mettre une pression judiciaire sur l’État », explique à l’AFP l’avocate Joyce Pitcher, qui représente le collectif de parents « On veut des profs » dans nombre de ces contentieux.

Cette semaine, le cabinet de Mme Pitcher représente le collectif devant les tribunaux administratifs de Versailles, Paris et Reims.

Le « Pacte Enseignant »

Le gouvernement a pourtant fait du sujet une priorité et lancé en 2023 le « Pacte Enseignant » pour donner plus de missions de remplacements courts aux enseignants volontaires du secondaires, contre un surcroît de rémunération – plus de 700 millions d’euros pour l’année scolaire 2023-2024.

À l’époque, l’État avançait 15 millions d’heures non remplacées. Sans réévaluer ce chiffre, le ministère de l’Education nationale, joint par l’AFP, met aujourd’hui en avant « un triplement du pourcentage d’heures remplacées à l’échelle nationale pour les absences de courte durée » dans le secondaire, grâce au Pacte et à des formations d’enseignants désormais assurées en majorité hors des heures de cours.

Pour le premier degré, la ministre Élisabeth Borne a dit notamment compter sur la baisse démographique pour renflouer les « brigades de remplacement ».

Mais l’État peine à recruter en raison de la perte d’attractivité du métier.

Pour une enseignante de l’école Albert-Einstein, qui souhaite rester anonyme, la profession n’attire plus à cause de salaires faibles et de conditions de travail dégradées. « Et puis on n’a pas envie de faire un métier qui est décrié partout », particulièrement dans le monde politique, regrette-t-elle.

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