La votation citoyenne, proposée par la mairie de Paris et portant sur l’augmentation des tarifs de stationnement pour les voitures hautes et lourdes dites SUV, se tiendra le 4 février prochain. Selon un sondage OpinionWay pour l’association Respire et Clean Cities, réalisé en amont de cette votation sur 1019 personnes âgées de 18 ans et plus selon la méthode des quotas, 61% des Parisiens se sont dits favorables à cette tarification plus élevée pour ce type de véhicules dans la capitale.
Dans un rapport publié le 22 janvier dernier, T&E (Transport et Environnement) dénonce les nouveaux véhicules de type SUV, dont « plus de la moitié » sont « désormais trop larges pour se stationner correctement dans de nombreuses rues ». Cela pourrait être une bonne raison pour inciter les Parisiens à se prononcer, début février, pour ou contre la création d’un tarif spécifique quant au stationnement de ces voitures individuelles, souvent décrites comme encombrantes, polluantes et lourdes.
56% des personnes interrogées ont une mauvaise opinion des SUV
Concernant la votation du 4 février prochain – qui se déroulera dans 36 lieux de vote et uniquement en physique, sans procuration ni vote électronique – si le « oui » l’emporte sur la question de créer un tarif spécifique pour le stationnement, les conducteurs des SUV ou 4X4 à Paris « devront s’acquitter d’un tarif horaire de 18 euros pour les arrondissements centraux et 12 euros pour les arrondissements extérieurs », a déjà prévenu David Belliard, l’adjoint EELV aux mobilités de la maire de Paris. Selon Anne Hidalgo, ces augmentations de tarifs pourraient apporter un supplément de recettes de 35 millions d’euros pour la Ville.
D’après le sondage OpinionWay, 56% des personnes interrogées ont une mauvaise opinion des SUV. Les raisons sont diverses, 75% des sondés les trouvent encombrants, 61% estiment qu’ils sont mauvais pour la qualité de l’air, d’autres estiment qu’ils sont dangereux pour les piétons (34%) et pour les cyclistes (23%).
Sur les Parisiens interrogés dans cette enquête, 89% considèrent que la pollution de l’air est la nuisance la plus importante à Paris, et 87% pointent les difficultés de circulation, quand 84% pensent que les nuisances sonores font parties des nuisances importantes. « On se rend compte qu’il y a une vraie prise de conscience de la population sur les SUV et leur nuisance », se réjouit Tony Renucci, directeur de l’association Respire, ainsi que le relate Le Parisien.
Des véhicules toujours plus larges
Outre ces nuisances, les SUV peuvent aussi mettre en danger les autres usagers de la route et la Fédération européenne pour le transport et l’environnement (T&E) explique pourquoi. Cette organisation européenne, dont l’objectif est d’aller vers un transport décarboné d’ici 2050, indique dans son rapport du 22 janvier que les voitures neuves s’élargissent de 1 cm en moyenne tous les deux ans.
« La largeur moyenne des nouvelles voitures atteint 180,3 cm au premier semestre 2023, contre 177,8 cm en 2018 », révèle l’étude de T&E, sachant que le seuil de largeur standard minimum du stationnement sur voie publique est de 180 cm dans les grandes villes. « Les constructeurs automobiles profitent de la croissance des plus grands SUV pour augmenter également la largeur des véhicules des segments intermédiaires et compacts », précise encore T&E.
En raison du gabarit toujours plus imposant de ces véhicules, cela « réduit l’espace routier disponible » pour les autres véhicules et les cyclistes. De plus, lorsque ces voitures sont en stationnement, elles « empiètent de plus en plus sur les espaces piétons ».
« Un risque de décès accru de 30% pour les piétons et les cyclistes victimes d’une collision »
La Fédération européenne ajoute que « les modèles plus larges ont aussi tendance à être plus hauts, ce qui n’est pas sans risque pour les autres usagers : selon une étude de l’institut belge VIAS, une augmentation de 10 cm de la hauteur de l’avant des véhicules entraîne un risque de décès accru de 30% pour les piétons et les cyclistes victimes d’une collision ».
Pour pallier cette problématique d’« élargissement sans fin des voitures », T&E présente plusieurs solutions, dont celle de fixer les frais de stationnement « en fonction de la taille et du poids du véhicule », ce qui va dans le sens de la proposition de la mairie de Paris. Elle conseille également aux législateurs européens d’exiger « une révision de la largeur maximale des nouvelles voitures lors de la mise à jour de la législation dans les mois à venir ». Et enfin, elle suggère aux États d’utiliser « des incitations fiscales afin d’orienter les consommateurs vers des véhicules plus légers et plus sobres », tout en poussant les constructeurs « à répondre à cette demande ».
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