Le frein à l’endettement a été inscrit dans la Constitution allemande par Angela Merkel après la crise financière de 2008.
Friedrich Merz, qui est pressenti pour devenir le prochain chancelier de l’Allemagne, a annoncé avoir conclu un accord avec les sociaux-démocrates (SPD) pour lever cette restriction budgétaire. Cet assouplissement permettrait d’augmenter les dépenses de défense et de créer un fonds d’infrastructure de 500 milliards d’euros.
Les chrétiens-démocrates (CDU) de Merz et leurs alliés bavarois de l’Union chrétienne-sociale (CSU) affirment avoir trouvé un terrain d’entente avec le SPD du chancelier sortant Olaf Scholz. Le texte sera présenté la semaine prochaine devant le Parlement allemand.
Cette annonce intervient alors que plusieurs pays européens s’efforcent d’augmenter leur budget militaire, après des signaux indiquant que les États-Unis pourraient réduire leur engagement dans la défense de l’Europe face à la menace russe.
Un plan européen de réarmement
Le 4 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dévoilé son plan ReArm Europe, qui sera présenté aux dirigeants des 27 États membres lors d’un sommet le 6 mars.
Elle estime que ce projet pourrait générer jusqu’à 800 milliards d’euros de dépenses militaires supplémentaires.
Parmi les cinq axes de son plan figure un assouplissement des règles budgétaires de l’UE concernant l’endettement des États membres.
Un frein à l’endettement assoupli
L’accord entre l’alliance CDU-CSU et le SPD inclut la levée du frein à l’endettement allemand, permettant ainsi au pays d’emprunter davantage pour financer ses dépenses militaires.
Le 4 mars, Friedrich Merz a écrit sur la plateforme X : « Les dépenses de défense supplémentaires ne seront soutenables que si notre économie croît rapidement. Cela nécessite de meilleures conditions de compétitivité et des investissements massifs dans les infrastructures. C’est pourquoi nous voulons mettre en place un fonds spécial financé par le crédit à hauteur de 500 milliards d’euros sur dix ans. Un projet d’amendement constitutionnel sera lancé la semaine prochaine. »
Dans un autre communiqué, il a ajouté : « Nous sommes conscients de l’ampleur des défis qui nous attendent et nous voulons prendre les premières mesures et décisions nécessaires. »
Le président Donald Trump a récemment exhorté les membres de l’OTAN, y compris l’Allemagne, à porter leurs dépenses militaires à 5 % du produit intérieur brut (PIB). Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les budgets militaires ont augmenté, mais certains pays n’ont pas encore atteint l’objectif de 2 % fixé par l’OTAN en 2014.
Le 25 février, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé que le Royaume-Uni porterait ses dépenses militaires à 2,5 % du PIB d’ici 2027, puis à 3 % après les prochaines élections générales prévues en 2028.
L’Europe face au retrait américain
Après une confrontation très médiatisée avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’une rencontre à la Maison-Blanche le 28 février, Donald Trump a annoncé cette semaine un gel de l’aide militaire américaine à l’Ukraine.
M. Trump veut convaincre M. Zelensky d’accepter un accord de paix avec le président russe Vladimir Poutine, menaçant de retirer définitivement le soutien militaire américain en cas de refus.
Plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, continuent de soutenir M. Zelensky, mais reconnaissent qu’ils devront augmenter considérablement leurs budgets de défense pour combler le vide laissé par un éventuel désengagement des États-Unis.
Une coalition à trouver pour gouverner
Lors des élections allemandes de février, le bloc CDU-CSU est arrivé en tête avec 28,5 % des voix. Toutefois, ce score oblige Friedrich Merz à chercher plusieurs partenaires de coalition pour pouvoir gouverner en tant que chancelier.
Il a exclu toute alliance avec le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui a obtenu 20,8 % des suffrages. Il devrait donc s’associer au SPD, qui a recueilli 16,4 % des voix, et peut-être aux Verts, qui en ont obtenu 11,6 %.
« Une menace pour notre liberté »
Le 4 mars, Friedrich Merz a déclaré : « Face aux menaces qui pèsent sur notre liberté et la paix sur notre continent, nous devons désormais appliquer le principe du quoi qu’il en coûte à notre défense.
Nous comptons sur les États-Unis pour continuer à honorer leurs engagements dans notre alliance, mais nous savons aussi que nos capacités de défense nationale et collective doivent être considérablement renforcées. »
L’Allemagne a imposé des limites à son endettement, connues sous le nom de schuldenbremse (frein à l’endettement), après la crise financière mondiale de 2008. Cependant, ce cadre budgétaire est critiqué par certains économistes, qui estiment qu’il place le pays dans une impasse financière.
Le frein à l’endettement – qui limite le déficit budgétaire structurel de l’Allemagne à 0,35 % du PIB en temps normal – a été inscrit dans la Constitution allemande en 2009 à l’initiative d’Angela Merkel, alors chancelière.
Sebastian Dullien, directeur de recherche à l’Institut de politique macroéconomique de Düsseldorf, a commenté : « L’accord sur le fonds spécial d’infrastructure et la réforme du frein à l’endettement pourrait marquer un tournant majeur.
S’il aboutit, l’économie allemande pourrait rapidement sortir de la stagnation, non seulement grâce aux investissements urgents qu’il permettrait, mais aussi par l’effet positif qu’il aurait sur le climat économique général. »
Avec Reuters
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