Le 21 février, la valeur de trois entreprises technologiques chinoises a chuté de 33 milliards de dollars sur les marchés financiers américains. Il est de plus en plus difficile pour Alibaba Group, JD.com et PDD Holdings de se développer à l’international. Ces entreprises se livrent donc à une guerre impitoyable sur les marchés domestiques, au risque de perdre de la valeur et des bénéfices.
Ces derniers mois, la Chine a signalé la fin de la répression technologique, annulé les confinements qui duraient depuis trois ans et annoncé à Davos qu’elle était de nouveau « ouverte aux affaires ». Mais les investisseurs restent méfiants. Ils ont fait preuve d’un enthousiasme modéré et d’une certaine perplexité.
Les investisseurs étrangers se sont détournés de Pékin après à sa campagne de répression à l’encontre des entreprises technologiques les plus prospères du pays. Pékin n’a pas hésité à cibler les patrons personnellement. La disparition de Jack Ma en 2020 a été la plus spectaculaire. Le régime a annulé l’introduction en bourse de son groupe Ant, qui devait être la plus lucrative au monde avec plus de 34 milliards de dollars. Didi, la première entreprise chinoise de transport par covoiturage (Uber chinois), a été introduite en bourse aux États‑Unis en 2021 pour 4,4 milliards de dollars. Quelques jours plus tard, Pékin interdisait son application. La société a été retirée de la Bourse de New York, a perdu environ 70% de sa valeur et a fait l’objet d’une enquête de la Securities and Exchange Commission (SEC).
Aujourd’hui, après avoir détourné l’argent des investisseurs internationaux, Pékin tente à nouveau de courtiser l’argent étranger par des introductions en bourse, mais toujours sans garanties quant aux formes d’actionnariat et sans protection solide pour les entreprises contre les taxes, la surrèglementation et la détention arbitraire des cadres dirigeants.
Le 16 février, un autre milliardaire de la tech a disparu. Bao Fan, 52 ans, est le fondateur d’une des plus grandes banques d’investissement du pays, la China Renaissance, particulièrement active dans le secteur de la tech. On soupçonne le Parti communiste chinois (PCC) d’être à l’origine de sa disparition. Il n’a jamais été accusé de quoi que ce soit publiquement, mais il est probablement coupable aux yeux du régime d’avoir voulu établir une société de gestion de patrimoine à Singapour pour y transférer une partie de sa fortune.
Les réglementations visant les étrangers voulant investir dans les actions chinoises deviennent toujours plus strictes. Par ailleurs, ils investissent généralement dans des entités à détenteurs de droits variables (EDDV).
Il s’agit d’une « toile d’araignée d’obligations contractuelles » qui ne leur confère pas réellement la propriété des entreprises chinoises, selon le Financial Times.
Une entité à détenteurs de droits variables (EDDV) est une entreprise publique dans laquelle un investisseur détient une participation majoritaire mais il n’a pas la majorité des droits de vote. En d’autres termes, cet investisseur majoritaire n’a pas la capacité de diriger les activités importantes de l’entreprise ni de contrôler les bénéfices et les pertes.
Les investisseurs ont acheté pour environ 2000 milliards de dollars d’EDDV chinoises, pensant posséder plus qu’un souhait ou une promesse dépendant de l’indulgence continue de Pékin envers les capitalistes étrangers. Finalement, ils ne bénéficient que d’une protection juridique extrêmement mince, le régime communiste suivant le bon vouloir du chef d’État Xi Jinping et non les règles du marché.
Par ailleurs, voilà des années que la SEC essaye d’obtenir plus de transparence de la part des entreprises chinoises. Les grands cabinets d’audit, notamment les « Big Four », KPMG, PwC, Deloitte et EY, doivent désormais avoir accès aux registres des sociétés chinoises cotées aux États‑Unis, faute de quoi elles seront radiées de la Bourse.
Pour parvenir à cette transparence, les États‑Unis doivent constamment mettre les entreprise chinoises sous pression, sans relâche. Selon un article de Bloomberg paru 22 février, Pékin a exhorté ses entreprises publiques « à faire appels à des auditeurs locaux dès l’expiration des contrats avec les Big Four ». Un signe peu encourageant.
Tandis que le PCC s’engage sur la voie de la confrontation, les contre‑mesures économiques se multiplient. Cette tendance n’est nulle part plus apparente que dans les tentatives de Xi Jinping de protéger son économie contre les sanctions en s’éloignant du dollar américain et en surmontant les contrôles à l’exportation grâce à l’autarcie technologique.
Le 23 février, la secrétaire d’État au Trésor américain, Janet Yellen, a averti Pékin que toute aide apportée à la Russie pour « contourner les sanctions systémiques » entraînerait de « graves conséquences ». Ces conséquences impliqueraient probablement des sanctions secondaires et un renforcement des contrôles à l’exportation. À long terme, le soutien de Pékin à l’invasion de l’Ukraine par Moscou pourrait également entraîner une augmentation des droits de douane.
L’appel récent de Pékin au « dialogue et aux négociations » entre la Russie et l’Ukraine ne peut en aucun cas être considéré comme un progrès. Vladimir Poutine mettra à profit toute négociation pour valider ses conquêtes en Crimée et dans le Donbass. À l’occasion, il s’arrogera le droit de faire de nouvelles conquêtes ultérieurement. Apaiser Poutine l’encourage et légitime ses conquêtes, et en passant, celle de Taïwan par la Chine.
Les tentatives de Xi Jinping de réorienter l’économie chinoise vers les consommateurs nationaux montrent bien qu’il en a l’intention. Toutefois, cette stratégie a un coût. Elle se répercute directement sur les transactions internationales et pour l’heure, la plupart des exportations chinoises sont destinées aux États‑Unis, à l’Union européenne, au Japon, à la Corée du Sud et à l’Inde. Aucun de ces pays ne voit d’un bon œil la gouvernance de Xi Jinping, et tous pourraient s’unir pour renforcer les sanctions.
Globalement, il est fondamentalement plus risqué d’investir en Chine. Xi Jinping entrave l’économie par une gestion communiste rétrograde, tout en essayant de permettre au PCC de prendre le contrôle de Taïwan d’ici 2049 et d’atteindre l’objectif dangereusement ambitieux d’hégémonie mondiale.
Ces deux objectifs seront difficiles à atteindre pour Pékin, c’est le moins que l’on puisse dire. Le régime devra constamment drainer l’économie chinoise et mettre en péril la stabilité politique et économique de l’Asie de l’Est, et au‑delà.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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