Plusieurs artisans cuisinistes à travers le monde sont décédés après avoir développé une grave maladie pulmonaire, la silicose. Toutes ces personnes avaient inhalé de la poussière de silice cristalline, présente dans le quartz artificiel, un matériau très à la mode dans la conception de plans de travail.
Moins cher et plus léger que le marbre ou le granit, le quartz composite n’a pas que des avantages, bien au contraire. Son utilisation dans la conception de plans de travail, plébiscitée dans les cuisines modernes, pourrait être à l’origine d’un drame sanitaire insoupçonné. En effet, ce matériau serait impliqué dans une augmentation inquiétante des cas de silicose, une maladie pulmonaire incurable.
Dès le mois d’août 2024, The Sun évoquait déjà l’augmentation des cas de cette grave maladie pulmonaire sur des hommes travaillant avec ce matériau. « Les médecins ont signalé le premier décès et 11 cas de silicose liée aux pierres artificielles au Royaume-Uni, les patients étant âgés en moyenne de 34 ans seulement », détaillait le tabloïd. Ces cas de décès ou de maladies professionnelles posent la question de la dangerosité du produit dans le cadre d’une utilisation domestique inappropriée.
L’Australie prend les devants
« La silicose due à la pierre artificielle (SA) est apparue au cours de la dernière décennie comme un problème mondial de plus en plus important », explique Johanna Feary, spécialiste des maladies pulmonaires à l’hôpital Royal Brompton de Londres. « Le nombre de cas au Royaume-Uni est susceptible d’augmenter, et des mesures urgentes sont nécessaires pour identifier les cas et faire appliquer les réglementations. (…) L’émergence de ces cas est très préoccupante », ajoute celle qui a vu une de ses études être publiée sur le British medical journal.
Provoquée par l’inhalation prolongée de poussière de silice cristalline, la silicose entraîne une fibrose (cicatrisation des tissus) et une inflammation des poumons. La concentration de ce composé naturel atteint jusqu’à 97 % dans le quartz artificiel. Il est également est présent dans de nombreuses pierres comme le granit, le sable ou l’argile. Classées comme cancérigènes, les poussières de silice cristalline, générées lors de la découpe et du meulage, représentent un vrai danger pour les tailleurs de pierre et les installateurs.
Ainsi, de nombreux experts ont appelé à l’interdiction des cuisines et des salles de bains en quartz afin de prévenir une épidémie de maladies pulmonaires chez les artisans, précise le quotidien britannique. L’Australie s’est montrée réceptive, en devenant le premier pays à interdire la pierre artificielle en 2024. En Nouvelle-Zélande, une coalition de syndicats et d’experts en santé publique fait pression pour que le gouvernement adopte une mesure similaire. Une demande d’interdiction du composite de quartz au niveau européen a même été lancée par un groupe de médecins néerlandais et britanniques.
Une alerte lancée en France en 2016
En France, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), alertée par le groupe de travail Émergence du réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles, a adressé en 2016 un signalement au Ministère du travail sur le risque de silicoses graves encouru par les personnes travaillant la « pierre artificielle », mais aucune interdiction de ces matériaux n’a été décidée.
Bien que les plans en quartz artificiel continuent d’être prisés pour leur résistance et leur esthétique, des alternatives plus sûres émergent sur le marché, rapporte La Dépêche. Des versions à faible teneur en silice, imitant les veines et les couleurs du marbre, sont désormais proposés par certains fabricants.
D’autres matériaux comme la porcelaine, naturellement pauvre en silice et hautement résistante, gagnent en popularité. De même, le Dekton, se distinguant par sa durabilité et sa résistance aux rayons UV, aux taches et aux chocs thermiques, a également le vent en poupe. Enfin, les options en bois offrent une alternative écologique et sans danger.
Pour éviter une crise sanitaire qui pourrait s’étendre, artisans et consommateurs sont donc appelés à privilégier ces solutions, en attendant des mesures gouvernementales plus strictes.
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