Les princes communistes chinois s’inquiètent de l’avenir du Parti, selon un spécialiste

Une lettre circulant parmi les fonctionnaires de Pékin critique ouvertement les politiques de Xi en matière d'économie, de diplomatie et concernant Taïwan

Par Olivia Li
3 janvier 2025 08:07 Mis à jour: 3 janvier 2025 08:12

À Pékin, depuis le mois dernier, des fonctionnaires chinois font circuler une lettre exprimant les inquiétudes de « princes communistes » relatives à l’avenir du Parti communiste chinois (PCC), a rapporté un spécialiste de la Chine d’après les révélations de sources internes du Parti.

L’appellation « princes rouges » ou « princes communistes » fait référence aux descendants des dirigeants du PCC fondateurs de la Chine communiste.

Dans une interview accordée le 14 décembre à l’émission en langue chinoise Pinnacle View sur NTD, média partenaire d’Epoch Times, Yuan Hongbing, ancien professeur de droit à l’université de Pékin, a parlé de la lettre. Selon Yuan Hongbing, Liu Yuan, un général à la retraite et le fils du dirigeant de haut rang de la première génération du PCC, Liu Shaoqi, serait l’auteur de cette lettre, qui avertit que le PCC court à sa perte, s’il continue dans la direction actuelle sous la direction de Xi Jinping.

Premier vice-président du PCC, le père de Liu Yuan était autrefois considéré comme le successeur du dirigeant communiste chinois Mao Zedong, avant de faire l’objet d’une purge pendant la Révolution culturelle.

Son fils était le compagnon des soirées arrosées de Xi Jinping dans les années 1980, avant que ce dernier n’accède au pouvoir. Il a également conservé des liens avec certains hauts fonctionnaires.

La lettre décrit trois aspects de la crise attribuée aux politiques de Xi Jinping : l’instabilité politique, les difficultés économiques et les tensions dans le détroit de Taïwan.

Selon Yuan Hongbing, la description que fait son auteur de l’instabilité de l’armée est particulièrement alarmante. La lettre relève que de nombreux officiers portent désormais des armes chargées partout où ils vont, au cas où ils seraient amenés à affronter et défier des agents disciplinaires qui leur rendent visite ou les convoquent pour un « entretien ».

L’auteur critique les campagnes de lutte contre la corruption menées par Xi Jinping visant à purger ses opposants et consolider son pouvoir, affirmant qu’elles ont accru le mécontentement et contribué à une insécurité généralisée au sein du Parti et de l’armée.

« Le phénomène est une indication effrayante d’agitation militaire et un signe avant-coureur de l’effondrement complet du PCC », a déclaré Yuan Hongbing. Ce dernier ajoute qu’au lieu de se suicider, les responsables militaires chinois pourraient opter pour une résistance aux mesures disciplinaires en tuant des enquêteurs militaires.

Selon l’auteur de la lettre, le ralentissement économique actuel que connaît la Chine est attribuable à des politiques d’extrême gauche calquées sur le modèle économique désastreux de la Révolution culturelle.

Avant l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, la Chine suivait la voie des réformes économiques tracée par Deng Xiaoping. Ce dernier avait allégé le contrôle de l’État dans les secteurs de la technologie et de l’immobilier et ouvert une partie du marché chinois aux investisseurs étrangers.

Or, à l’époque, les « princes communistes », dont Xi Jinping est un membre éminent, s’inquiétaient que si la Chine continuait sur la voie tracée par Deng Xiaoping, le Parti ne serait un jour plus en mesure de concilier l’idéologie communiste avec l’intégration du marché capitaliste, et craignaient que cette dualité ne conduise graduellement à l’abandon du communisme et à ce que la Chine n’échappe au contrôle du PCC.

Par conséquent, Xi Jinping a manoeuvré un virage à gauche de la politique économique du pays.

Enhardi par le fait que la Chine soit devenue la deuxième puissance économique mondiale en 2010, Xi Jinping visait à ce qu’elle domine complètement le marché mondial par la fabrication de technologies de pointe et la formation de champions industriels nationaux. Dans le même temps, Xi Jinping a restreint le secteur privé en Chine. Ses politiques économiques fixent des objectifs artificiels – comme l’avaient été ceux de la Révolution culturelle – qui ne se sont pas concrétisés.

La lettre avertit que le PCC ne doit pas s’attendre à ce que le peuple chinois soutienne le Parti en toutes circonstances. Cela avait été le cas à la fin des années 1950, malgré le fait que des dizaines de millions de personnes avaient péri lors la Grande Famine. Or, l’état d’esprit du peuple chinois a radicalement changé. Si une telle crise devait se reproduire, selon l’auteur, le PCC serait irrémédiablement renversé.

Selon l’auteur, les efforts du PCC visant à reprendre Taïwan sont un échec et il met en garde contre une éventuelle guerre avec l’île, qui dévasterait sans doute une grande partie des provinces côtières de la Chine – ses régions les plus développées -, et déstabiliserait encore davantage le PCC.

La lettre propose des recommandations, dont la transformation du PCC en un parti social-démocrate. À cet effet, Yuan Hongbing exprime toutefois des doutes.

« La réalité est que le régime oppressif du PCC a causé d’immenses souffrances au peuple chinois, une grave injustice qui ne sera pas pardonnée », a-t-il déclaré.

« Les princes craignent profondément que le PCC ne s’effondre face au mépris généralisé du peuple envers le Parti. Ils espèrent éviter une fin aussi humiliante pour ce dernier. »

Par ailleurs, selon Yuan Hongbing, la communauté internationale « délaisse graduellement sa politique d’apaisement à l’égard du régime du PCC ».

« L’époque où l’on espérait que le PCC adhère aux règles internationales ou que l’on attendait une coopération significative de sa part doit cesser », a-t-il déclaré.

« La coexistence avec le PCC est tout simplement impossible : soit le régime communiste dominera le monde, soit l’humanité éradiquera les derniers vestiges du communisme. Il n’y a pas de juste milieu. »

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