Les nations européennes ont fait pression pour participer aux discussions sur l’avenir de l’Ukraine le 12 février, après que le président américain, Donald Trump, a annoncé qu’il allait rencontrer son homologue russe, Vladimir Poutine, pour mettre fin au conflit qui oppose les deux pays.
La Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, la Pologne, l’Italie, l’Espagne et la Commission européenne (CE) ont déclaré que seul un accord équitable assorti de garanties de sécurité assurerait une paix durable et une résolution satisfaisante du conflit.
Les ministres des six pays et la Commission européenne ont rencontré le ministre des Affaires étrangères ukrainien à Paris. Ils ont ensuite publié une déclaration commune : « Nos objectifs communs devraient être de consolider la position de l’Ukraine. L’Ukraine et l’Europe doivent être incluses dans toutes les négociations. »
« L’Ukraine doit obtenir des garanties de sécurité fiables. Une paix juste et durable en Ukraine est une condition préalable à une sécurité transatlantique renforcée. »
La déclaration ajoute que les Européens sont impatients de discuter de la marche à suivre avec leurs alliés américains.
La réunion avait été organisée depuis plusieurs semaines et visait à élaborer une stratégie collective pour l’Ukraine, discuter des moyens de soutenir les alliés à Kiev, planifier les prochains pourparlers de paix, ainsi que convenir d’une approche commune pour les discussions avec l’administration Trump. Tout cela devait se dérouler avant une conférence sur la sécurité qui se tiendra à Munich à partir du 14 février.
Cependant, les plans ont été bouleversés lorsque le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a déclaré qu’un retour aux frontières ukrainiennes d’avant 2014 n’était pas réaliste, et que les États-Unis ne considéraient pas l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN comme une solution au conflit.
Ces commentaires ont été suivis d’un appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine, à l’issue duquel le président américain a révélé que Washington et Moscou avaient convenu d’entamer immédiatement des pourparlers – ce dont aucun des alliés européens n’avait été informé.
Lorsqu’on a interrogé Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche, sur la participation éventuelle de pays européens aux négociations de paix, elle a répondu : « Je n’ai, sur ma liste, aucun pays européen impliqué actuellement à vous nommer. »
Le 13 février, les ministres de la Défense des pays européens ont partagé leurs réflexions au cours du sommet de l’OTAN, qui se tenait au siège de l’organisation, à Bruxelles.
« Il ne peut y avoir de négociations sur l’Ukraine sans l’Ukraine. La voix de l’Ukraine doit être au cœur de toute négociation », a déclaré le ministre britannique de la Défense, John Healey.
Son homologue allemand Boris Pistorius a ajouté : « Pour moi, il est clair […] que l’Europe doit être présente dans les négociations – cela devrait être facile à comprendre, surtout si l’Europe est censée jouer un rôle central ou prépondérant dans l’ordre de paix. »
M. Pistorius a ajouté que le Vieux Continent « devra vivre directement » avec les implications d’un éventuel accord et que, par conséquent, « il va de soi » que l’Europe doit participer aux négociations.
Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, a émis un avertissement encore plus sévère, remettant même en cause l’avenir de l’OTAN.
Il a déclaré : « Dire qu’il s’agit de l’alliance la plus importante et la plus solide de l’histoire est vrai, d’un point de vue historique. Mais la vraie question est de savoir si ce sera encore le cas dans 10 ou 15 ans », après que les États-Unis – de loin le membre le plus important et le plus puissant de l’OTAN – ont fait savoir que leurs priorités en matière de sécurité se situaient ailleurs, en Asie notamment.
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, qui présidait la réunion du 13 février, a déclaré que, quel que soit l’accord conclu entre Kiev et Moscou, il est vital que « l’accord de paix soit durable, que Poutine sache que c’est la fin, qu’il ne pourra plus jamais essayer de s’emparer d’une partie de l’Ukraine ».
M. Hegseth a nié que les États-Unis avaient affaibli l’Europe et l’Ukraine en lançant les négociations, déclarant : « Il n’y a pas de trahison ici. Il y a une reconnaissance que le monde entier et les États-Unis sont impliqués et intéressés par la paix. Une paix négociée. »
Le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, s’est démarqué des autres États membres de l’UE et de l’OTAN en critiquant la demande des Européens de participer aux négociations, qu’il a qualifiée de « triste témoignage d’un mauvais leadership bruxellois ».
« On ne peut pas exiger une place à la table des négociations. Il faut le mériter ! Par la force, un bon leadership et une diplomatie intelligente », a écrit M. Orbán sur la plateforme de médias sociaux X.
« La position de Bruxelles, qui consiste à soutenir le massacre aussi longtemps qu’il le faudra, est moralement et politiquement inacceptable. »
Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky a, quant à lui, déclaré qu’il refusait d’accepter toute négociation qui n’inclurait pas son pays.
Alors qu’il visitait une centrale nucléaire dans l’ouest de l’Ukraine pour la première fois depuis que Donald Trump s’est entretenu avec Vladimir Poutine, puis avec lui-même, M. Zelensky a déclaré que l’essentiel était de « ne pas permettre que tout se déroule selon le plan de Poutine ».
« Nous ne pouvons accepter, en tant que pays indépendant, un accord [conclu] sans nous », a-t-il déclaré. « Je le dis très clairement à nos partenaires : nous n’accepterons pas de négociations bilatérales sur l’Ukraine – pas sur d’autres sujets – mais des négociations bilatérales sur l’Ukraine, sans nous. »
Volodymyr Zelensky a ajouté que Donald Trump ne lui avait pas dit qu’il parlerait d’abord à Vladimir Poutine, mais il a ajouté qu’il était important pour « l’Ukraine de conserver le soutien des États-Unis ».
Avec Reuters et Associated Press
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