Le 16 février, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle de Bukavu, la deuxième plus grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Les forces gouvernementales se sont retirées de Bukavu, et il semble qu’il y ait eu peu ou pas de combats pour la capitale de la province du Sud-Kivu.
Des dizaines d’habitants ont été vus en train d’accueillir les rebelles dans le centre-ville de Bukavu dans la matinée du 16 février, mais la majeure partie de la ville était déserte, la population ayant choisi de rester dans leur maison.
À la fin du mois dernier, les rebelles avaient pris le contrôle de Goma, la plus grande ville de la région, située à plus de 100 kilomètres au nord de Bukavu.
Le M23 – qui tire son nom de la date du 23 mars 2009, jour où un précédent groupe rebelle dirigé par des Tutsis a signé un accord de paix avec le gouvernement congolais – est le plus puissant des groupes armés qui se disputent le contrôle de l’est de ce vaste pays, riche en ressources minérales. On dénombre une centaine de ces groupes.
L’ONU affirme que 4000 soldats rwandais soutiennent et participent au M23, une accusation que le président rwandais Paul Kagame a niée.
Cependant, M. Kagame insiste sur le fait qu’il ne permettra pas aux militants hutus présents dans l’est de la RDC de s’en prendre aux Tutsis congolais ou d’attaquer le Rwanda, trente ans après le génocide de 1994, au cours duquel près d’un million de Tutsis et de Hutus ont été massacrés.
Il a déclaré cette semaine au magazine Jeune Afrique : « Nous sommes confrontés à des menaces existentielles depuis des années. Nous avons vécu la pire tragédie en 1994. Vous venez vraiment me menacer […] de sanctions parce que je me défends ? Et vous pensez que j’ai la moindre crainte à ce sujet ? »
Un sommet de l’Union africaine organisé ce week-end n’a pas permis de trouver de solution au conflit en RDC.
« Pas de solution militaire »
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré lors du sommet du 15 février qu’il n’existait « pas de solution militaire » et a ajouté que « la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC [devaient] être respectées. »
Mais le gouvernement de Kinshasa, que soutient l’Afrique du Sud, n’a pas été en mesure d’empêcher son armée de perdre du terrain face aux rebelles du M23, soutenus par le Rwanda.
Le 15 février, l’Alliance du fleuve Congo, une coalition de groupes rebelles incluant le M23, a affirmé son engagement à « défendre la population de Bukavu ».
Dans un communiqué, son porte-parole, Lawrence Kanyukya, a déclaré : « Nous appelons la population à garder le contrôle de sa ville et à ne pas céder à la panique. »
Le président de la RDC, Félix Tshisekedi, a tenu une réunion de sécurité à Kinshasa le 15 février. Son bureau a publié un message sur X dans lequel il affirme que « la ville de Bukavu (Sud-Kivu), brièvement envahie par les terroristes du M23, est sous contrôle de l’armée congolaise et des valeureux Wazalendo. »
Les Wazalendo sont une coalition rebelle opposée au M23.
Son bureau a également indiqué que Félix Tshisekedi avait participé à la Conférence de Munich sur la sécurité le 14 février et qu’il avait « reçu le soutien de nombreux pays membres de l’Union européenne, qui ont clairement condamné les actions criminelles du Rwanda en RDC et travaillent à l’adoption de sanctions appropriées contre le régime de Kigali ».
Bukavu est proche de la frontière avec le Burundi, qui a apporté son soutien diplomatique à Kinshasa.
Le 16 février, le président du Burundi, Évariste Ndayishimiye, a écrit sur X : « Après les discussions que j’ai eues avec les pays voisins du Rwanda, je leur ai dit d’arrêter l’invasion du Rwanda au Burundi. »
L’Ouganda, voisin de la RDC, est également impliqué dans le conflit. Le chef de ses forces de défense, le général Muhoozi Kainerugaba, a menacé dans un message sur X, le 15 février, d’attaquer la ville de Bunia à moins que « toutes les forces » présentes sur place ne déposent les armes sous 24 heures.
Le conflit menace de s’étendre à une guerre régionale, comme ce fut le cas entre avril 2012 et novembre 2013, lorsque des troupes sud-africaines et tanzaniennes avaient soutenu le gouvernement de Kinshasa contre le M23, alors appuyé par le Rwanda et l’Ouganda.
Les parrainages sportifs du Rwanda
En parallèle du conflit, la RDC tente de faire pression sur divers clubs et associations sportives pour qu’ils rompent leurs accords de sponsoring avec le Rwanda.
Le gouvernement de Kinshasa a exhorté les organisateurs de la Formule 1 à renoncer à un projet de Grand Prix au Rwanda et a également appelé les clubs européens Arsenal, Bayern Munich et Paris Saint-Germain à mettre fin à leurs partenariats avec le Rwanda.
Le gouvernement de Félix Tshisekedi a également demandé à la NBA de mettre un terme aux contrats de sponsoring conclus entre ses entités rwandaises et la Basketball Africa League.
Un porte-parole de la NBA a déclaré à Reuters : « Nous continuerons à suivre les recommandations du gouvernement américain partout où nous opérerons. »
Avec L’Associated Press et Reuters
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