L’université de Shanghai Fudan, l’une des meilleures universités chinoises au monde, a signé un contrat pour installer un campus dans la capitale hongroise, Budapest, ce qui a déclenché une forte opposition des gouvernements locaux et du grand public.
« Selon l’enquête de Népszava, seul un cinquième des personnes au courant de la situation pense que cela serait bénéfique pour la Hongrie », a rapporté le Daily News Hungary le 17 mai 2021.
Récemment, Direkt36, un centre indépendant de journalisme d’investigation en Hongrie, a cité des documents internes du gouvernement, affirmant que le coût du projet atteignait 1,6 milliard d’euros, dont la Hongrie financerait directement 300 millions d’euros et les 1,3 milliard d’euros restants seraient fournis par la banque publique China Development Bank sous forme de prêts, ce qui pourrait facilement former un piège à dettes et reproduire les erreurs du Sri Lanka, laissant le pays sous le contrôle du Parti communiste chinois (PCC). En outre, les matériaux de construction seraient achetés par la Chine et China Construction Group aurait entièrement contracté le projet de construction, ce qui constitue une violation totale des règles de l’UE en matière de marchés publics.
Le maire de Budapest, Gergely Karácsony, après s’être entretenu avec les responsables hongrois concernés par le projet Fudan, a annoncé que « le gouvernement local de Budapest s’oppose fermement à la construction d’un campus de l’université chinoise Fudan dans la ville » et que le conseil local « utilisera tous les moyens juridiques et politiques à sa disposition pour faire en sorte que le quartier étudiant soit construit et que Fudan ne le soit pas ».
« Nous voyons des risques très sérieux pour la sécurité nationale dans cet investissement », a déclaré le maire Karácsony, cité par The Daily News le 2 mai.
Selon le maire de Budapest, le projet menace la sécurité nationale
Comme le résume un rapport d’Index, Gergely Karacsony, maire de Budapest, rejoint par Krisztina Baranyi, maire du 9e arrondissement, a déclaré lors d’une conférence de presse le 17 mai qu’il était opposé au projet de l’université Fudan et qu’il s’en inquiétait. Il a également déclaré à Radio Free Europe-Radio Liberty (RFE/RL) que le gouvernement refusait de divulguer au conseil municipal de Budapest les détails du projet.
Lors de la conférence de presse, M. Karacsony a également fait remarquer que, bien que Fudan soit une université d’élite internationale, sa charte l’oblige à suivre la ligne du PCC, comme c’est le cas pour toutes les organisations chinoises de premier plan. La décision du gouvernement hongrois poserait un « risque très grave pour la sécurité nationale » du pays, a-t-il déclaré.
M. Karácsony a déclaré aux médias que le Premier ministre Viktor Orbán s’était engagé à ne lancer aucun projet d’investissement à Budapest auquel les dirigeants de la ville s’opposeraient et que M. Orbán n’avait pas tenu sa promesse.
Mme Baranyi, maire du 9e arrondissement où le campus de Fudan doit être construit, a déclaré qu’elle lancerait un référendum local et utiliserait tous les moyens légaux pour bloquer la construction.
« Le site sur le Danube prévu pour le campus de Fudan avait déjà été choisi pour accueillir une ‘ville étudiante’ qui offrirait des logements, des loisirs et des installations sportives à 8 000 étudiants hongrois », a rapporté le Daily Times le 2 mai.
Infiltration du PCC, « chevaux de Troie » en Hongrie
Selon un rapport de Panyi Szabolcs, journaliste pour Direkt36, l’infiltration du PCC en Hongrie est sévère, les étudiants chinois locaux étant souvent recrutés comme espions par le PCC pour infiltrer tous les secteurs.
Le rapport a révélé que l’abus de passeport est devenu un risque pour la sécurité nationale. Depuis 2012, environ 20 000 étrangers, pour la plupart des ressortissants chinois, ont obtenu un permis de séjour hongrois grâce au programme dit de « visa doré ». Dans le cadre de ce programme, ceux qui investissaient 250 000 à 300 000 euros dans des obligations d’État hongroises pouvaient prétendre à une résidence dans l’UE.
Selon RFE/RL, Katalin Cseh, membre du Parlement européen du mouvement Momentum de Hongrie, a déclaré : « Pékin a besoin de ‘chevaux de Troie’ au sein de l’UE, et le gouvernement hongrois propose volontairement la Hongrie pour ce rôle. » « C’est un risque élevé lorsqu’un pays fait passer les intérêts de la Chine avant ceux de la communauté européenne, ou avant ceux de son propre pays. »
Katalin Cseh, 32 ans, était parmi les politiciens de l’opposition en Hongrie qui s’inquiétaient des « problèmes potentiels de dette et d’un manque potentiel de liberté académique » au campus proposé de l’Université Fudan, selon RFE/RL.
En outre, le gouvernement hongrois a accepté des fournitures du PCC pour lutter contre la pandémie du virus du PCC et a contourné l’autorisation de l’UE pour le recours d’urgence au vaccin chinois. Comme l’a rapporté l’agence de presse Xinhua, porte-voix du PCC, en février, M. Orban a reçu le vaccin chinois le 28 février 2021.
Cependant, outre les questions de l’épidémie, la Hongrie a récemment bloqué à deux reprises la « condamnation conjointe par l’UE de la répression chinoise à Hong Kong », s’écartant complètement du principe de solidarité de l’UE sur la question de la Chine. Lors d’une conférence de presse tenue le 10 mai, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a sévèrement critiqué la Hongrie pour sa « décision absolument incompréhensible de bloquer une déclaration de l’UE accusant Pékin de réprimer la démocratie à Hong Kong », comme l’a rapporté le média européen en langue anglaise bne IntelliNews le 12 mai 2021.
Par conséquent, on estime que la Hongrie, qui est à la fois membre de l’UE et de l’OTAN, est devenue un « problème« majeur pour l’UE. La Hongrie a commis « une grave violation des valeurs de l’UE« , a déclaré Human Rights Watch sur son site web. On pense que Bruxelles exercera des pressions sur la Hongrie alors que les relations entre l’UE et la Chine continuent de se détériorer en 2021.
Les relations entre l’Union européenne et la Chine se sont nettement dégradées ces derniers mois en ce qui a trait à Hong Kong et au Xinjiang. Le 20 mai, une motion a été adoptée pour geler le processus législatif d’approbation de l’accord global UE-Chine, avec 599 membres du Parlement européen (MPE) votant en faveur de la motion, 30 voix contre et 58 abstentions.
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