Les Yazidis, sujet d’une décision de justice mercredi à Paris, sont une petite minorité ethnoreligieuse kurdophone devenue tristement célèbre en 2014, en étant alors la plus persécutée par les jihadistes du groupe terroriste État islamique (EI).
La cour d’appel de Paris va dire si une « revenante » de Syrie et ex-épouse d’un émir de l’EI doit être jugée pour génocide et crimes contre l’humanité, pour avoir réduit en esclavage en 2015 une adolescente yazidie kidnappée en Irak.
Le yazidisme, né en Iran il y a plus de 4000 ans, est monothéiste, non prosélyte, dépourvu de livre sacré et endogame. Ses fidèles, kurdophones, prient en direction du soleil et vénèrent, outre Dieu, sept anges, dont le principal est Melek Taous (« l’Ange-Paon »). Il puise ses origines dans le mazdéisme et le culte de Mithra et a intégré des éléments de l’islam et du christianisme. Les enfants sont baptisés avec une eau bénite, les garçons circoncis et les hommes peuvent épouser jusqu’à quatre femmes.
Sur 1,5 million de Yazidis dans le monde, l’Irak comptait la plus importante communauté avec 550.000 membres jusqu’en 2014. En août cette année-là, l’EI a déferlé sur les monts Sinjar (nord-ouest de l’Irak), multipliant les exactions contre les Yazidis, dont 100.000 ont été poussés à l’exil et quelque 200.000 déplacés à travers l’Irak. Seuls quelques milliers sont retournés dans le Sinjar.
Une importante diaspora yazidie vit en Allemagne et des familles ont également rejoint le reste de l’Europe ou l’Amérique du Nord. Parmi les Yazidis ayant trouvé refuge en Allemagne figure Nadia Murad, une ancienne esclave sexuelle du groupe État islamique, colauréate du prix Nobel de la paix 2018.
En novembre 2021, la justice allemande a condamné à la perpétuité un jihadiste irakien pour « génocide » de la minorité yazidie, une première judiciaire.
Leurs pratiques parfois divergentes de l’islam sont considérées par leurs détracteurs comme sataniques. Irakiens non Arabes et non musulmans, les Yazidis sont depuis longtemps l’une des minorités les plus vulnérables en Irak. Des milliers d’entre eux ont fui les persécutions sous Saddam Hussein (1979-2003). La Constitution a reconnu en 2005 leur droit à pratiquer leur culte et leur réserve des quotas d’élus.
Les Yazidis assurent avoir déjà survécu à 74 « génocides ». D’après les autorités de la communauté, plus de 1280 Yazidis ont été tués par l’EI en 2014, des centaines d’enfants rendus orphelins et près de 70 temples détruits. Plus de 6400 Yazidis ont été enlevés et seuls 3300 – surtout des femmes et des enfants – ont été secourus ou ont pu fuir. Plusieurs dizaines de charniers ont été identifiés.
De très nombreuses femmes et filles ont été réduites à l’esclavage sexuel. Des Yazidies ayant accouché d’enfants nés de pères jihadistes ont dû les abandonner car la communauté yazidie refuse tout enfant né d’un parent non yazidi.
En mai 2021, une équipe d’enquête spéciale de l’ONU a annoncé avoir recueilli la « preuve claire et convaincante » d’un génocide. De nombreux parlements ont reconnu ce génocide, les derniers en date étant les députés allemands et le Royaume-Uni en 2023.
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