Levothyrox : l’État coupable d’une « faute » d’information mais pas tenu de dédommager les victimes

Par Epoch Times avec AFP
5 avril 2025 10:39 Mis à jour: 5 avril 2025 10:55

L’État a commis une « faute » dans le dossier du Levothyrox, n’informant pas suffisamment les patients sur les effets secondaires liés à la nouvelle formule de ce traitement, mais cela ne justifie pas une indemnisation, a décidé vendredi la justice administrative.

L’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a « commis une faute de nature à engager la responsabilité de l’État » dans ce dossier remontant à la fin des années 2010, estime un arrêt de la cour administrative d’appel de Paris.

Cette décision « n’est pas supportable »

Mais les plaignants ne sont pas « fondés à se prévaloir d’un préjudice d’anxiété » qui, selon eux, justifiait une indemnisation par l’État.

Cette décision « n’est pas supportable » pour les victimes, a réagi dans un communiqué leur avocat Christophe Lèguevaques, ajoutant « étudier l’opportunité de saisir le Conseil d’État ».

L’avocat des plaignants Christophe Leguevaques (à g.) s’entretient avec certains de ses clients, le 3 décembre 2018 au théâtre « Double mixte » de Villeurbanne, avant l’audience d’ouverture du procès civil contre le laboratoire pharmaceutique allemand Merck pour un prétendu « défaut d’information » concernant les effets secondaires d’une nouvelle version du médicament Levothyrox.  (Photo JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP via Getty Images).

Cette décision est distincte d’autres volets, notamment pénaux, de cette affaire, qui a débuté en 2017 avec l’arrivée sur le marché français d’une nouvelle formule du Levothyrox, un traitement produit par le laboratoire allemand Merck et indiqué en cas de trouble ou d’ablation de la thyroïde.

30.000 patients ont signalé des effets secondaires

Plus de 30.000 patients se sont alors plaint d’effets secondaires. Les autorités sanitaires, à commencer par l’ANSM, ont toutefois d’abord rejeté l’idée d’un mécanisme directement induit par la nouvelle formule, pour ensuite conclure que le changement n’avait pas occasionné de problèmes de santé « graves ».

Ce dossier a donné lieu à plusieurs volets judiciaires ciblant l’État, via l’ANSM, ou Merck. La décision de vendredi fait suite à une action collective lancée en 2021 et dans le cadre de laquelle les plaignants demandaient à l’État 15.000 euros chacun.

Pas de risque grave pour la santé

Le tribunal administratif a finalement conclu que l’ANSM était bien en faute, pour n’avoir pas assez clairement prévenu les patients du changement de formule, mais qu’elle n’avait pas causé le préjudice « d’anxiété » justifiant une indemnisation.

Ce préjudice supposerait en effet que les patients aient couru un risque grave pour la santé. Or, malgré le caractère pénible des effets secondaires, ils n’ont pas occasionné de pathologie grave. Par contraste, le préjudice d’anxiété avait été reconnu valable dans les affaires impliquant l’exposition à l’amiante.

Une autre procédure avait en revanche imposé à Merck d’indemniser les patients, une décision définitivement confirmée en cassation en 2022.

Par ailleurs, sur le plan pénal, le laboratoire et l’ANSM restent mis en examen pour « tromperie ». Contestée par les deux acteurs, la validité de cette mise en examen doit faire l’objet d’une décision de justice en mai.

L’ancienne formule régulièrement renouvelée

L’ancienne formule du Levothyrox reste pour l’heure disponible en 2025, une prolongation temporaire mais régulièrement renouvelée par l’ANSM.

Des manifestants à l’appel de l’Association française des malades de la Thyroïde se rassemblent devant l’usine Thermo Fisher Scientific le 3 novembre 2017 à Bourgoin-Jallieu, lors d’une manifestation contre une nouvelle version du médicament Levothyrox. La France a été le premier pays où la nouvelle version du Levothyrox est devenue disponible, et son fabricant allemand Merck Serono a déclaré qu’elle devrait être approuvée dans d’autres pays européens. Plus de 30.000 personnes en France ont signalé des effets secondaires dus au médicament – mis en vente en mars – notamment des crampes, des maux de tête, des vertiges et une perte de cheveux. (Photo ROMAIN LAFABREGUE/AFP via Getty Images).
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