Xu Tequan était une représentante typique de la classe moyenne chinoise jusqu’à ce que deux explosions ravagent un entrepôt dans la ville côtière de Tianjin le 12 août dernier.
Xu Tequan, une banquière de Pékin, a acheté en 2012 pour environ 160 000 euros un appartement de 95 mètres carrés à Harbor City, et a installé sa propre entreprise dans le domaine culturel.
Mais les explosions à l’entrepôt de produits chimiques, équivalentes à l’explosion de 21 tonnes de dynamite ont brisé ses deux fenêtres. Et réduit en miette la protection dont elle pensait bénéficier en tant que membre de la classe moyenne, contre les aléas de la gouvernance et des règlements du Parti communiste chinois (PCC).
Tout de suite après les explosions, Xu Tequan a sauté dans sa Toyota Corolla et a roulé une trentaine de km vers la maison d’un cousin. Actuellement, elle est l’une des nombreuses personnes qui ont subi les conséquences du règne du Parti-État – de nombreux Chinois de la classe moyenne lisait sur internet de telles histoires, mais ne pensaient pas devenir victimes eux-mêmes. Nombreux parmi eux sont même devenus des pétitionnaires, un statut d’ordinaire réservé à ceux qui sont tout en bas de l’échelle sociale – ceux qui ruissellent de la campagne pour former des foules devant les bâtiments administratifs, suppliant les autorités que l’injustice soit réparée.
« Nous avons perdu nos domiciles. Pensez-vous que c’est une chose triviale ? Pensez-vous que cela ressemble à une catastrophe dans une mine de charbon, et que tout ira bien après qu’on paye à chaque mineur quelques centaines de milliers de yuans ? », a expliqué Xu Tequan dans une interview à The Initium, un site d’information basé à Hong Kong. Elle avait un pseudonyme pour pouvoir parler franchement et de façon critique envers le régime. « Nous avons été patients et tolérants parce que nous avons de bons caractères », a-t-elle précisé.
Xu Tequan et beaucoup de ses semblables accusent les autorités d’être bien radines avec les compensations promises, et même de recourir à des tactiques musclées pour les faire taire.
L’explosion
L’énorme cratère noir à la place de ce qui était autrefois un entrepôt de grandes quantités de produits chimiques dangereux, des carcasses carbonisées de voitures et des immeubles vidés, ne raconte qu’une partie de la tragédie qui est survenue le 12 août.
Les deniers chiffres de l’agence de presse officielle Xinhua annoncent 164 morts suite à la catastrophe, tandis que les médias chinois à l’étranger comptent les victimes par des milliers. Une pluie brûlante est tombée du ciel, et d’innombrables poissons morts recouvraient les rives de la rivière locale durant plusieurs jours après l’explosion.
Environ 17 000 appartements, dont plusieurs situés à peine à 500 mètres de l’épicentre de l’explosion, ont subi des dommages. Plusieurs appartements à 1 kilomètre de l’épicentre ont eu des vitres brisés et des rideaux déchirés. D’autres bâtiments situés à proximité ont été directement touchés : peu de temps après l’explosion, des images d’une caméra de surveillance ont été diffusées en ligne, montrant un homme dans le hall d’un immeuble juste avant l’explosion. Il a été soudainement englouti par l’explosion qui a également détruit la caméra.
Des protestations et des promesses
Afin d’obtenir une indemnisation pour leurs biens endommagés, des centaines d’habitants des quartiers touchés par l’explosion ont protesté le 3 septembre dernier devant les bureaux du gouvernement du district de Binhai New Area. La police locale a dispersé et arrêté ces manifestants, qui affirmaient que tout ce qu’ils demandaient n’était qu’une juste compensation.
Des arrangements ont été conclus. Par exemple que les entreprises privées achèteraient des habitations à 1,3 fois leur valeur de marché, tandis que le gouvernement local débourserait pendant 3 mois environ 850 euros aux résidents pour compenser leurs frais de location. Plus de 9 000 résidents auraient accepté cette offre.
Mais nombreux sont ceux qui trouvent cela insuffisant. « Seulement 850 euros ne suffiront pas pour trois mois », affirme Xu Tequan. « D’ailleurs, il n’y a rien dans un appartement de location. N’avez-vous pas besoin d’acheter des marmites, des casseroles et une louche ? » Il n’est pas non plus clair combien de temps prendra le déménagement.
Selon la Radio Free Asia (RFA), la police de sécurité a infiltré les groupes de discussion en ligne des propriétaires frustrés. Les plaintes sur des rémunérations injustes ont été rapidement retirées des médias sociaux chinois, tandis qu’une employé de l’hôpital a été menacée d’être licenciée si elle n’acceptait pas le montant proposé de l’indemnisation.
Quand un journaliste de la RFA a demandé à un promoteur s’ils étaient arrivé à un accord avec les autorités sur les montant de l’indemnisation, le représentant d’une société a déclaré : « Les négociations sont toujours en cours. Si nous croyons au Parti communiste et aimons le gouvernement, tout ira bien. »
Article original : Tianjin Blast Leaves Chinese Middle Class Disillusioned
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