Après le 20e Congrès du Parti communiste chinois (PCC), l’indice Hang Seng (HSI) – le principal indice de la bourse de Hong Kong – a atteint le niveau le plus bas depuis 2009, bien que certains observateurs de Hong Kong aient prédit que ce congrès aurait des effets positifs sur le HSI à court terme.
Le 20e congrès du PCC comporte de nombreux signaux inquiétants. Il a décidé que la chartre du Parti doit énoncer directement la « position centrale » de Xi Jinping au sein du PCC et de son Comité central, ainsi que la « position directrice » des pensées de Xi dans la doctrine du « socialisme aux caractéristiques chinoises de la nouvelle ère ». De plus, Xi a été nommé « leader du peuple » pour la première fois depuis Mao Zedong et son successeur désigné Hua Guofeng. En d’autres termes, le PCC, qui avait juré de ne plus se livrer à un culte de la personnalité après les horreurs de la Révolution culturelle de Mao, a manqué à sa propre parole sous prétexte du « souhait commun de toute la nation ».
L’extrême gauchisme ressuscité ne s’arrête pas là. Le concept de « lutte » a été réintroduit, exigeant des membres du Parti qu’ils « développent l’esprit de lutte, améliorent leurs compétences en matière de lutte et obtiennent continuellement de nouvelles victoires dans la grande lutte » – ce qui revient à donner une légitimité aux « loups guerriers » dans les affaires intérieures et diplomatiques de l’État-parti chinois. Le « grand rajeunissement » prendra la forme d’une nouvelle Révolution culturelle.
De plus, l’accent mis sur la « prospérité commune » (ce qui signifie la dépossession de la propriété privée) ainsi que l’éviction forcée de l’ex-chef du Parti Hu Jintao lors du 20e Congrès indiquent également que Xi Jinping est le Mao Zedong du XXIe siècle.
Il est intéressant de noter qu’il y a eu un autre 20e Congrès du Parti communiste qui a marqué une époque historique – celui du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS). Convoqué en 1956, trois ans après la mort du tyran soviétique Joseph Staline, ce congrès est connu pour son « rapport secret » du nouveau chef du Parti Nikita Khrouchtchev. Ce rapport dénonçait Staline et son culte de personnalité, ainsi qu’il prônait la coexistence pacifique du capitalisme et du communisme. Tout le monde n’était pas d’accord avec les idées de réforme de Khrouchtchev, et certains pays membres du bloc communiste, comme la Chine, le qualifiaient de révisionniste. Mao a ordonné à son Parti de creuser plus profondément les racines du révisionnisme – ce qui a mené à la période tragique de la Révolution culturelle.
Le 20e congrès du PCUS avait une autre parallèle historique avec le 20e Congrès du PCC. On pourrait la tracer en parlant de Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant de l’Union soviétique. Les opinions à son sujet diffèrent. Alors que l’Occident a tendance à faire son éloge pour sa politique de réformes qui a conduit à une certaine libéralisation de l’Union soviétique et à la fin de la guerre froide – ce qui a valu à Gorbatchev le prix Nobel de la paix en 1990 – le PCC le considère comme une menace pour le communisme, car ses réformes ont été un signe avant-coureur de la disparition de l’Union soviétique. Le PCC est allé encore plus loin en établissant un lien entre Gorbatchev et Khrouchtchev.
L’histoire d’Alexander Yakovlev, appelé le « parrain de la glasnost », est toujours d’actualité. Cet homme politique russe connaissait bien les classiques du marxisme-léninisme et considérait que ces dogmes « s’affaiblissaient de plus en plus chaque année ». Il a assisté au 20e Congrès du PCUS et a considéré que le rapport de Khrouchtchev était décisif pour corriger les perceptions erronées. En conséquence, Gorbatchev et ses compagnons de réformes ont été perçus par l’élite du PCC comme la continuation de la « mauvaise politique » de Khrouchtchev, commencée au 20e Congrès du PCUS, ce qui a conduit à la disparition de l’Union soviétique – le premier régime communiste de l’histoire de l’humanité.
La chute du communisme en Union soviétique et en Europe de l’Est peu de temps après le massacre de la place Tiananmen de Pékin en 1989 a conduit le PCC à intensifier son travail idéologique pour empêcher que la Chine ne suive l’exemple de l’Union soviétique. En d’autres termes, l’inquiétude par rapport au « révisionnisme » enraciné dans le 20e congrès du PCUS, hante toujours la direction du PCC – et c’est la véritable raison de l’avènement d’une nouvelle Révolution culturelle en Chine. Cela explique pourquoi Xi Jinping a déclaré dans son rapport au récent 20e Congrès que « le Parti ne changera jamais sa qualité, sa couleur et son impression », pourquoi le PCC dénonce les valeurs universelles et pourquoi il considère nécessaire de mener une lutte contre le « nihilisme historique » (en insistant sur l’importance de maintenir le développement de l’histoire « correcte » sous la direction du Parti).
En tant que Hongkongais, je pose la question suivante : comment les Hongkongais doivent-ils survivre en cette période difficile de reprise des luttes de la gauche ? Les moyens acceptables pour le régime chinois ne comprennent que « chanter les louanges du grand leader » (comme l’a fait le chef de l’exécutif de Hong Kong John Lee Ka-chiu en déclarant que chaque mot de Xi Jinping est un trésor) ou « agir comme un loup combattant » (comme l’a fait le secrétaire adjoint de l’Administration Warner Cheuk en écrivant des messages passionnés sur Facebook). Tout ce qui va au-delà risque d’enfreindre la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong.
Hans Yeung est un ancien responsable de la Hong Kong Examinations and Assessment Authority, spécialisé dans l’évaluation de l’histoire. Il est également historien, spécialisé dans l’histoire moderne de Hong Kong et de la Chine. Il est producteur et animateur de programmes sur l’histoire de Hong Kong et chroniqueur pour des médias indépendants. Hans Yeung vit actuellement au Royaume-Uni avec sa famille.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.