Les élus lillois ont pris une décision qui ne fait pas l’unanimité au sein même de l’équipe municipale, obligeant cyclistes et conducteurs de trottinettes à poser pied à terre dans certaines rues du centre-ville. Et ceux qui ne respecteront pas cette consigne pourront se voir infliger une amende pouvant aller de 35 à 135 euros.
Dans certaines artères piétonnes commerçantes du Vieux-Lille, ainsi qu’au niveau de la Grand’Place, il est désormais interdit de circuler tant à vélo, qu’en trottinette ou en skate-board, selon un arrêté daté du 6 octobre dernier. Une décision prise par la municipalité de la ville au nom de la sécurité. Mais certains habitants, dont les élus écologistes, y sont farouchement opposés, rapporte Le Parisien.
Dans la zone concernée par l’arrêté, les citoyens doivent obligatoirement descendre de leur vélo, de leur trottinette ou de leur skate-board et poursuivre leur route à pied, l’arrêté s’appliquant entre 11 heures et 22 heures en semaine, ainsi que le samedi, entre 11 heures et 19 heures. Les seules exceptions à cette règle sont les deux roues de la police municipale, des distributeurs de colis postaux et des enfants de moins de huit ans.
« Une mesure d’équilibre » faisant suite à de nombreuses plaintes
Les élus ont expliqué leur décision en mettant en avant un afflux de vélos trop importants dans ces rues piétonnes du centre-ville, et une cohabitation avec les piétons et autres usagers de la voie publique trop compliquée.
Mais cette explication est loin de satisfaire les élus écologistes d’opposition du groupe « Lille Verte », qui considèrent qu’elle tend « à défavoriser un mode de transport pourtant vertueux », « sous couvert de réguler des pratiques abusives ». Ils critiquent par ailleurs « les plages horaires et le périmètre très étendu du samedi », estimant qu’ils « marquent un véritable obstacle à la mobilité cyclable » pour les habitants. Dans les colonnes du Parisien, ces élus pointent « une décision qui déraille ».
Au micro de BFM Grand Lille, l’adjoint en charge de l’espace public Jacques Richir a déclaré : « Depuis des mois et des mois, on recevait des plaintes. Des gens qui disaient ‘Moi, j’ai peur’ ; d’autres qui disaient ‘Je me suis fait bousculer par un vélo’. On a pris cette mesure, qui est une mesure d’équilibre. On n’est pas du tout opposés aux vélos. On fait plein de choses par ailleurs pour développer la pratique du vélo dans la ville. »
« Ça ne tourne vraiment plus très rond en ce moment ! »
Outre les élus écologistes, certains habitants déplorent aux aussi cette décision. C’est notamment le cas de Rémi, un cycliste de 55 ans, qui trouve ahurissant de risquer de se prendre une amende pour le simple fait de se trouver sur son vélo et non pas à côté dans les rues concernées. « C’est ridicule et très pénible, même si je comprends la logique parce qu’il y en a qui font n’importe quoi. Mais, quand même, une amende ! Parce qu’on fait du vélo ? Ça ne tourne vraiment plus très rond en ce moment ! » déplore-t-il auprès du quotidien francilien. Le quinquagénaire, qui n’en a « rien à faire », ne compte pas respecter cet arrêté.
D’autres usagers, également agacés par cette décision, préfèrent malgré tout s’y plier pour ne pas risquer l’amende. « Je respecte pour ne pas avoir d’ennui et c’est normal de vouloir protéger les piétons. On va souvent trop vite mais c’est notre travail », souligne un livreur à vélo, conscient du danger que représentent certains cyclistes pour les piétons. « Pour les vélos électriques qui peuvent aller très vite, c’est normal quand il y a foule dans les rues commerçantes avec des enfants et des personnes âgées. Mais, là, on pénalise tout le monde alors que, moi, avec mes petites jambes, je roule vraiment à deux à l’heure », explique Margaux, une jeune interne en médecine de 25 ans.
La FUB (Fédération nationale des usagers de la bicyclette) pointe également du doigt ce type de décision, qu’elle qualifie de « clairement anti-vélos ». Thibault Quéré, son porte-parole, tient à rappeler que « si les cyclistes roulent sur des zones piétonnes même lorsqu’elles sont très fréquentées, c’est surtout parce que les boulevards et voies traversantes autour de ces centres-villes ne sont pas accueillants ni sûrs pour eux ». Selon lui, la municipalité devrait, « comme d’autres savent parfaitement le faire » insiste-t-il, « configurer la ville pour les vélos et les piétons et moins pour la voiture ». « Car la réalité est que près de 90% des victimes de sécurité routière en ville sont des piétons et des cyclistes, blessés ou tués par des automobilistes », assure-t-il enfin pour plaider sa cause.
Dès début novembre, les amendes vont tomber
De leur côté, les forces de l’ordre indiquent ne faire, pour le moment, que de la prévention. « Début novembre, ce sera 35 euros pour celles et ceux qui roulent en zone piétonne, et même 135 euros s’ils vont trop vite ou ont des écouteurs dans les oreilles », met en garde un policier municipal de la ville.
Lille n’est pas la seule ville à expérimenter ce genre d’interdictions. Agen (Lot-et-Garonne) ou encore Nice (Alpes-Maritimes) ont fait de même.
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