Savez-vous ce que l’on entend par « Internet des corps » ? Ou faites-vous partie de ceux qui n’ont pas encore entendu parler de l’ « Internet des corps », en abrégé « IoB » ? Peut-être que pour vous, cela ressemble à une autre idée folle de la Silicon Valley. Mais la réalité a depuis longtemps dépassé la fiction.
L’Internet des corps peut être considéré comme un sous-ensemble de l’Internet des objets (IoT). Il met en réseau des objets placés dans ou sur des corps humains ou animaux, qui les surveillent, collectent d’énormes quantités de données et peuvent également agir eux-mêmes sur l’environnement ou le corps.
Alors que l’Internet des objets est un ensemble d’appareils et d’objets en réseau qui communiquent entre eux par des moyens techniques, l’Internet des corps inclut également le corps humain dans la mise en réseau – une sorte d’extension de l’Internet des objets.
Extension du corps humain
Le journaliste économique et auteur Ernst Wolff divise l’évolution de cette technologie en trois phases :
Tout a commencé avec des appareils externes, les « wearables », c’est-à-dire des instruments que l’on porte sur soi, comme par exemple les montres intelligentes ou les trackers de fitness. Ils permettent de collecter et de traiter les données générées par le corps.
La deuxième phase est marquée par l’introduction d’appareils internes au corps, comme les stimulateurs cardiaques implantés, les prothèses auditives ancrées dans l’oreille (« implants cochléaires ») ou encore les pilules équipées de capteurs, qui peuvent également collecter des données et les transmettre à des smartphones, des tablettes ou au réseau local sans fil, WLAN.
Dans une troisième phase, des interfaces dites « neurocomputées » viendraient s’ajouter, permettant aux appareils électroniques de déclencher certains processus dans le corps et de transmettre les données ainsi obtenues à l’extérieur. Ces interfaces fonctionnent également dans le sens inverse, c’est-à-dire qu’elles permettent des interventions commandées de l’extérieur dans les fonctions corporelles.
Un marché international en pleine croissance
Cette évolution décrite par Wolff se reflète dans un marché en pleine croissance :
Près d’un milliard de personnes dans le monde et près de 70% de la population américaine utilisent déjà ce que l’on appelle des wearables – c’est-à-dire des montres connectées (smartwatches) et des trackers de fitness. La demande de tels produits ne cesse de croître, notamment sous l’impulsion de l’introduction de la technologie 5G. Si le réseau 4G pouvait supporter environ 4.000 appareils sur une surface donnée, la 5G le permet pour un million d’appareils sur la même surface.
Selon le portail de données Statista, le chiffre d’affaires de la France s’élèvera à environ 20,25 milliards d’euros en 2023. Pour l’avenir, le prévisionnel du taux de croissance annuel est de plus de 20% à l’échelle mondiale contre 8,61% pour la France. En comparaison mondiale, la plus grande partie du chiffre d’affaires est attendue aux États-Unis – 161,80 milliards d’euros pour 2023.
Le transhumanisme rencontre l’Internet des corps
Le concept d’ « Internet des corps » se réfère en particulier à la mise en réseau d’appareils médicaux, de données de santé et d’informations biologiques qui communiquent entre eux par Internet. Ses partisans vantent, dans le domaine des soins de santé, le grand potentiel de personnalisation des soins aux patients pour la prévention des maladies.
Dans un TED Talk (conférence filmée et diffusée dans le monde entier) datant de 2021, Mary Lee, une chercheuse du think tank (laboratoire d’idées) américain de la Rand Corporation, parle des « avantages » passionnants de l’Internet des corps. Son exemple est celui d’un homme dont la smartwatch, qui enregistre ses paramètres vitaux tels que la respiration et le rythme cardiaque, prévient automatiquement un ambulancier dès les premiers symptômes d’irrégularités cardiaques. Il peut ainsi être sauvé, notamment grâce à un défibrillateur qui lui sera ensuite implanté et auquel son médecin a également accès depuis son cabinet.
Plus performant et plus efficace grâce à des puces intégrées
La scientifique esquisse ensuite l’avenir d’un homme qui s’est fait implanter sept micropuces sous la peau, « parce qu’il le peut ». Grâce à elles, il se rend le quotidien plus confortable, par exemple en tant qu’ouvreur automatique de porte. C’est exactement l’argumentation de Mary Lee : elle est partisane du progrès « […] parce que ces technologies n’améliorent pas seulement notre santé, mais peuvent aussi nous rendre plus performants, plus efficaces et plus productifs, et rendre notre vie plus confortable ». Il y a certes encore des questions en suspens sur la manière de traiter les préoccupations en matière de sécurité, de protection des données, d’éthique et autres, mais les appareils sont déjà en passe de devenir courants et feront bientôt partie intégrante de notre vie.
La chercheuse nous prépare ainsi à l’avenir : des lentilles de contact nous indiquent la météo ainsi que le nom et le poste de la personne que nous allons rencontrer. Nous contrôlerons notre smartphone avec les yeux, nous nous ferons téléporter des vidéos sur les yeux et nous transplanterons même un assistant personnel dans notre cerveau. Il pourrait y avoir une interface cerveau-ordinateur « qui tape automatiquement les mots quand vous pensez ».
Un « Far West » en matière de données
Le fait que « d’énormes quantités de données soient collectées et que les règles concernant ces données soient vraiment opaques » est déploré par la scientifique Mary Lee dans une étude publiée par la Rand Corporation, qu’elle qualifie de « Far West » juridique, car la plupart du temps, « on ne sait absolument pas qui sont les propriétaires de ces données, comment elles sont utilisées et même à qui elles peuvent être vendues ».
Le problème de l’utilisation des données n’est toutefois qu’une partie de la critique : l’Internet des corps est directement lié au transhumanisme, à l’augmentation ou à l’ « amélioration » de l’homme par des machines. Les transhumanistes veulent, à l’aide de la technologie, augmenter leurs capacités et dépasser les limites de l’homme biologique, jusqu’à la fusion complète de l’homme et de la machine ; et jusqu’à l’immortalité. Des entrepreneurs comme Elon Musk travaillent déjà à la fabrication d’implants de puces qui combinent les ondes cérébrales humaines avec l’intelligence des machines.
Privé du droit d’être un être humain
« En fin de compte, l’ « Internet des corps » vise à transformer l’homme en quelque chose d’autre. Il s’agit de priver l’homme de son autonomie fondamentale et de son droit à rester un être humain », critique le Dr Joseph Sansone dans un commentaire sur « uncutnews.ch ». Selon le Dr Sansone, il s’agit d’une escroquerie transhumaniste visant à asservir l’humanité :
« Imaginez un monde dans lequel l’homme n’a plus d’autonomie personnelle. Un monde dans lequel les processus biologiques sont constamment surveillés, sans aucune intimité. Imaginez un monde dans lequel les pensées sont transplantées dans votre tête. Imaginez un monde dans lequel une crise cardiaque peut être déclenchée de l’intérieur via Internet. Bref, imaginez un monde dans lequel vous serez tout simplement exclu de la vie si vous n’obéissez pas. »
Porte d’entrée vers une surveillance efficiente
L’ « Internet des corps » est promu, avec le Great Reset (la Grande Réinitialisation), par le Forum économique mondial (FEM). Le président du FEM, Klaus Schwab, a constaté à ce sujet : « La caractéristique la plus importante de la quatrième révolution industrielle n’est pas que nous changions ce que nous faisons – mais que nous nous changeons nous-mêmes ! »
Sous le titre « Connecting our bodies » – « Connecter nos corps » – le FEM écrit :
« Pour les professionnels de la santé, l’Internet des corps ouvre la porte à une nouvelle ère de surveillance et de traitement efficaces ». Ainsi, la Federal Drug Administration américaine aurait approuvé en 2017 la première utilisation de pilules numériques aux États-Unis. Les pilules numériques contenaient de minuscules capteurs ingérables ainsi qu’un médicament. Une fois avalé, le capteur situé dans l’estomac du patient est activé et transmet des données à son smartphone ou à d’autres appareils. On peut lire plus loin sur la page du Forum économique mondial :
« En même temps, les données de l’internet des corps peuvent être utilisées pour faire des prévisions et des déductions qui peuvent avoir un impact sur l’accès d’une personne ou d’un groupe à des ressources telles que les soins de santé, l’assurance et l’emploi ». Traduit en clair, cela signifie que les données pourraient être utilisées pour prendre des décisions concernant les traitements médicaux ou l’admission à l’hôpital, ou encore pour déterminer si une personne obtiendra un emploi.
Le FEM qui se veut visionnaire affirme sur son site que l’Internet des corps pourrait « finalement remettre en question la manière dont nous pensons à notre corps et ce que signifie être un être humain ». Pour Juval Noah Harari, auteur de best-sellers et philosophe attitré du FEM, l’époque où nous pensions avoir une âme et un libre arbitre est définitivement révolue : les humains sont désormais des « animaux qui peuvent être piratés », a t-il déclaré dans une interview accordée à CNN en novembre 2019.
« Le piratage informatique » dans le contexte de l’Internet des corps fait référence à la manipulation non autorisée ou malveillante de dispositifs ou de données IoB. Il pourrait s’agir de falsifier des informations, de prendre le contrôle d’un appareil implanté, de voler des données ou d’en abuser. Dans le cas de l’Internet des objets, y compris l’Internet des corps en général, la possibilité de portes d’entrée et, donc le risque de se faire pirater, augmentent avec l’extension et le degré d’interconnexion.
Eleonore Pauwels du think tank « Wilson Center » avait déjà donné il y a cinq ans un aperçu de ce qui attendait l’homme à l’ère de l’Internet des corps. A l’avenir, tous les aspects de notre vie seront calculés : « Ce que nous mangeons, les personnes que nous rencontrons, ce que nous achetons sur Internet, la quantité d’énergie que nous consommons, mais aussi l’état de nos valeurs vitales. Comment vous sentez-vous en termes de santé ? Quelles sont vos caractéristiques génétiques spécifiques ? Quel est votre génome ? Tout cela renseigne sur votre santé, sur votre santé mentale, sur la façon dont vous vous sentez, sur le type de maladie à laquelle vous êtes prédisposé ».
Que du bon : collecter des données pour lutter contre les pandémies
Depuis juin 2020, on peut lire sur le site du FEM : « Nous entrons dans l’ère de l’ « Internet des corps » : Nous collectons nos données physiques via une série de dispositifs qui peuvent être implantés, avalés ou portés. Il en résulte une énorme quantité de données liées à la santé qui pourraient améliorer le bien-être des gens dans le monde entier et s’avérer cruciales dans la lutte contre la pandémie Covid-19″.
La situation devient problématique lorsque le port d’une puce pour le contrôle, le stockage et la transmission de données ainsi que l’identification des personnes devient une norme ou une obligation à laquelle il est difficile de se soustraire en raison de pressions économiques, politiques ou sociales. Cela correspond précisément à l’époque du Covid, lorsque l’État a entrepris de prendre des décisions concernant le corps des personnes affirmant ainsi que ce n’était plus ce dernier ou le médecin qui était reconnu comme compétent. Il a montré dès lors que le droit fondamental de l’homme à l’intégrité de son corps pouvait être tout simplement bafoué, un droit qui ne s’appliquait plus déjà depuis longtemps.
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