Téhéran a annoncé samedi l’exécution par pendaison d’un Irano-Britannique condamné à mort pour espionnage pour le compte des services de renseignements britanniques, provoquant la colère et le « dégoût » de Londres.
Ancien haut responsable de la défense iranienne, Alireza Akbari, 61 ans, a été condamné pour « corruption sur Terre et pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure du pays pour avoir transmis des renseignements » au Royaume-Uni, selon l’agence de l’Autorité judiciaire iranienne Mizan Online.
Son exécution est intervenue trois jours après l’annonce de la condamnation à mort de cet homme présenté comme ayant été un « espion clé » pour le « Secret intelligence service » britannique (SIS), connu aussi comme MI6, en raison de « l’importance de sa position ».
L'Iran a exécuté Alireza Akbari, un binational irano-britannique condamné à mort pour espionnage au profit de la Grande-Bretagne. pic.twitter.com/I4qgn2I48w
— TV5MONDE Info (@TV5MONDEINFO) January 14, 2023
Dans un tweet, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a dénoncé samedi une condamnation « impitoyable et lâche », ajoutant que ses pensées allaient aux « amis et à la famille d’Alireza ».
C’est un « acte barbare » qui « ne restera pas sans réponse », a réagi de son côté le chef de la diplomatie britannique James Cleverly. Londres va « convoquer le chargé d’affaires iranien pour lui faire part de notre dégoût », a-t-il ajouté.
Alireza Akbari a été pendu quelques heures seulement après que les États-Unis se soient joints à leur allié britannique pour demander à l’Iran de ne pas procéder à son exécution.
Le diplomate américain Vedant Patel a déclaré vendredi que Washington avait été « fortement préoccupé » par des informations selon lesquelles Akbari aurait été « drogué, torturé pendant sa garde à vue, interrogé pendant des milliers d’heures et contraint de faire de faux aveux ».
« Une attaque odieuse »
Sur Twitter, Amnesty International a qualifié samedi l’éxecution d’Alireza Akbari « d’attaque odieuse » contre « le droit à la vie », l’ONG appelant le gouvernement britannique à « enquêter pleinement » sur les accusations de torture dont il aurait été victime.
Selon les médias officiels en Iran, pays qui ne reconnaît pas la double nationalité pour ses ressortissants, Alireza Akbari a occupé des postes haut placés dans l’appareil sécuritaire et de défense.
Cet ancien combattant de la guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988) a été notamment vice-ministre de la Défense pour les Affaires étrangères, chef d’une unité dans un centre de recherche ministériel et conseiller pour le commandant de la Marine, a indiqué l’agence officielle Irna, sans donner de dates.
En février 2019, le journal officiel du gouvernement Iran avait publié un entretien avec Alireza Akbari en le présentant comme « ancien vice-ministre de la Défense » sous la présidence de Mohammad Khatami (1997-2005).
Le ministre de la Défense était alors Ali Shamkhani, actuel secrétaire du Conseil national suprême de la sécurité.
Akbari a été arrêté entre mars 2019 et mars 2020, selon l’agence Irna, tandis que Mizan a indiqué qu’il avait reçu des paiements de plus de deux millions de dollars pour ses services.
Des médias iraniens ont diffusé une vidéo le montrant en train d’expliquer comment il a été approché par le MI6, qui l’a notamment interrogé sur le physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, tué près de Téhéran en 2020 lors d’une attaque contre son convoi dont l’Iran a fait porter la responsabilité sur Israël.
L’Iran annonce régulièrement l’arrestation d’agents soupçonnés de travailler pour des services de renseignements étrangers. Quatre personnes accusées de coopérer avec les services de renseignement israéliens ont été exécutées début décembre.
Les relations entre Téhéran et Londres ont été plombées ces dernières années par l’arrestation de plusieurs binationaux.
L’exécution d’Akbari intervient alors que l’Iran est secoué par des manifestations déclenchées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, après avoir été arrêtée pour avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes.
La justice iranienne a confirmé la condamnation à mort de 18 personnes en lien avec les manifestations, selon un décompte établi par l’AFP à partir d’annonces officielles. Parmi elles, quatre ont déja été exécutées, déclenchant un tollé international.
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