Le gouvernement italien s’est finalement résolu mercredi à abaisser sa prévision de déficit public, au moins à partir de 2020, dans l’espoir de calmer les marchés et les inquiétudes de la Commission européenne et de certains pays européens.
« Le rapport déficit/PIB sera l’année prochaine de 2,4% mais baissera les années suivantes à 2,1% en 2020 et en 2021 il sera de 1,8%« , a promis mercredi soir le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, lors d’une conférence de presse.
Rome avait pourtant présenté il y a moins d’une semaine un projet de budget ambitieux prévoyant un déficit public à 2,4% du Produit intérieur brut (PIB) pour les trois prochaines années.
Cette décision avait fortement secoué les marchés financiers vendredi et provoqué une hausse sensible du taux des emprunts italiens à dix ans. Le gouvernement s’était alors employé à rassurer les marchés en promettant une baisse de la dette globale de l’Italie, qui représente plus de 130% de son PIB, soit le niveau le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
L’endettement passera dès 2019 sous la barre des 130% avant d’atteindre 126,5% en 2021, a assuré M. Conte à l’issue d’une réunion des principaux responsables gouvernementaux, dont les vice-Premiers ministres Luigi Di Maio (Mouvement 5 étoiles) et Matteo Salvini (Ligue). Et pour y parvenir, le gouvernement fait le pari de la croissance, qui permettra de réduire, assure-t-il, le rapport entre dette et PIB.
« Nous avions promis d’augmenter le taux de croissance. Nous voulons éliminer l’écart de croissance avec l’Europe, qui a toujours été de 1% par an depuis plus de 10 ans« , a ainsi déclaré le ministre des Finances, Giovanni Tria lors de cette conférence de presse. « Avec ce budget, nous allons arriver à diviser cet écart par deux en 2019« , a-t-il affirmé.
Des déclarations du ministre dans la matinée sur une baisse du déficit public à partir de 2020 avaient déjà contribué à une détente sur le marché de la dette italienne et à la Bourse de Milan, qui a clôturé en hausse de 0,84%.
« Pour ce qui est de la dette, nous visons une diminution de plus de 4 points de pourcentage du rapport dette/PIB en trois ans. Sur les trois dernières années, il n’a baissé que de 0,6 point de pourcentage« , a expliqué M. Tria.
Ce projet, qui sera prochainement présenté au Parlement, contient également un plan d’investissements de l’ordre de 15 milliards sur trois ans, un abaissement de l’âge de départ à la retraite ouvert pour quelque 400.000 personnes, un revenu de citoyenneté et une baisse de l’impôt sur le revenu pour certaines catégories de petites entreprises. Le coût total de ces différentes mesures n’a pas encore été détaillé, mais il devrait atteindre plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Le revenu de citoyenneté, sorte de revenu d’insertion qui devrait concerner quelque 6,5 millions d’Italiens, coûtera à lui seul au moins dix milliards d’euros.
La première version de ce projet de budget avait été plutôt mal accueillie à Bruxelles. Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici avait dès vendredi jugé ce projet « hors des clous » européens. Mercredi, M. Moscovici a enfoncé le clou en qualifiant le gouvernement italien de « résolument eurosceptique et xénophobe » et en l’accusant de vouloir « se défaire » de ses obligations européennes.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a pour sa part déclaré ne pas vouloir se retrouver à gérer une nouvelle crise grecque en Europe. « Nous devons éviter que l’Italie réclame des conditions spéciales qui porteraient à la fin de l’euro si elles étaient concédées à tous« , avait ajouté M. Juncker.
Si de nombreux responsables politiques ont dénoncé les « insultes » de M. Moscovici, ni M. Conte ni ses principaux ministres n’ont fait de commentaires lors de la conférence de presse mercredi soir sur les réactions en Europe, insistant seulement sur la nécessité d’avoir un budget « courageux » pour répondre aux attentes des Italiens.
HS avec AFP
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