Ce vendredi 25 septembre, Xi Jinping, le chef du Parti communiste chinois, rencontre le président Obama. Les médias chinois anticipent déjà le message qu’il va apporter : l’importance de la coopération entre les États-Unis et la Chine. Les remarques de Xi Jinping sur les relations sino-américaines tournent régulièrement autour de l’importance capitale de la coopération entre les deux nations.
Si les notions d’engagement et de coopération ont toujours été les thèmes centraux des discussions sur les relations sino-américaines, la Chine a de bonnes raisons d’y mettre particulièrement l’accent en ce moment. Sur de multiples fronts, le Parti communiste est confronté à une immense pression, et il espère que les États-Unis vont calmer le jeu, malgré l’énorme campagne de piratage de la propriété intellectuelle opérée par les agences de renseignement chinois contre les États-Unis.
Au cours des dernières décennies, le peuple chinois semblait avoir fait un pacte silencieux avec le pouvoir de Pékin : la croissance économique en échange de l’acceptation de la continuité du règne du Parti.
Un simple sondage sur les différentes sphères d’activité du Parti, tant en Chine qu’hors du pays montre comment il a réussi à aliéner ses voisins, à échouer à résoudre une série de problèmes économiques inhérents à la Chine et à attiser la colère d’une grande partie de son propre peuple à cause de ses pratiques d’abus des droits humains. Le Parti a sapé toute confiance dans le respect de ses propres lois, et exaspéré aussi les États-Unis et d’autres pays avec un bellicisme général et un vol continuel des secrets commerciaux.
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Le Parti commençait à peine à redorer son image après l’effondrement désastreux de sa bourse en juin dernier, dû à l’éclatement d’une bulle artificiellement gonflée par le Quotidien du Peuple, organe de presse du Parti. Le média d’État avait encouragé les petits investisseurs à placer leurs économies en bourse, acte qualifié de « devoir patriotique ». Avec l’envolée de la spéculation à des niveaux insoutenables, le ratio du prix d’achat des actions comparé aux bénéfices réels dans les entreprises a perdu tout sens de la réalité. L’indice composite de Shanghai est maintenant en baisse de 40 % par rapport à son pic du 12 juin, soit à un niveau encore plus bas que celui du début de l’année.
Pour un régime autoritaire qui prétend auprès de sa population avoir le contrôle de la situation – « ayez toute confiance en l’État et ne vous mêlez pas de politique« , un refrain entonné en boucle par les médias – le crash a porté un coup de massue à la crédibilité du Parti. Au cours des dernières décennies, le peuple chinois semblait avoir fait un pacte silencieux avec le pouvoir de Pékin : la croissance économique en échange de l’acceptation de la continuité du règne du Parti. La faillibilité du Parti vient d’être terriblement mise à mal, aux yeux du peuple chinois et du monde entier, dans cette mauvaise gestion du marché boursier.
Cette année, le régime a également lancé une campagne de répression très agressive à l’encontre de la société civile, notamment en arrêtant de façon massive et coordonnée des centaines d’avocats et de défenseurs des droits dans le pays, depuis le mois de juillet. Le niveau d’organisation et l’ampleur de cette mobilisation de sécurité suggèrent qu’elle a été planifiée longtemps à l’avance.
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Le Parti semble vouloir en finir une fois pour toute avec la catégorie des professionnels du droit. D’après de nombreux analystes, c’est pourtant la pire chose qu’il puisse faire : les avocats sont généralement la dernière soupape de sécurité pour des citoyens chinois qui ont bu le calice de l’injustice jusqu’à la lie, et pour qui la possibilité de recourir à un système juridique empêchent de chercher à se faire justice par d’autres moyens plus incontrôlés.
Beaucoup de Chinois ayant été persécutés ont engagé d’autres procédures pour se faire entendre : ils ont lancé des poursuites pénales contre les fonctionnaires responsables. La récente campagne des pratiquants de Falun Gong, persécutés depuis 1999, en est une illustration sans précédent. Depuis le mois de mai, 160 000 citoyens chinois – pratiquant pour la plupart le Falun Gong ont inondé les tribunaux populaires suprêmes de Chine, ainsi que le ministère public, de plaintes pénales officielles appelant les autorités à appliquer leurs propres lois contre l’ancien chef du Parti Jiang Zemin.
Jiang Zemin avait lancé il y a 16 ans la campagne de persécution visant cette discipline spirituelle – le régime communiste est fortement athée – contre l’avis même des autres hauts dirigeants. Il est aussi le principal rival politique de Xi Jinping, et la cible de la plupart des enquêtes anti-corruption et des purges effectuées par Xi Jinping au cours des trois dernières années.
Pour l’instant la tentative de poursuivre Jiang Zemin semble avoir été reçu avec circonspection : les rapports de première main provenant de Chine diffèrent sur la façon dont les autorités locales reçoivent les dites plaintes. Certaines ont lancé des raids aux domiciles des pratiquants de Falun Gong pour les emprisonner (même s’ils n’ont enfreint aucune loi) ; tandis que dans d’autres régions les autorités leur prêtent mains fortes, en transmettant les formulaires de plaintes aux autorités supérieures.
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Ce déluge de plaintes offre à Xi Jinping l’opportunité de redresser l’une des plus grandes persécutions impliquant son Parti – dont la légitimité même risque d’être mise en question au final.
Au cours des dernières décennies, les griefs se sont accumulés en Chine : l’influence persistante de Jiang Zemin sur la politique chinoise, les autres pressions qui s’exercent sur le pays, sans compter le fait d’un grand groupe de personnes sévèrement persécutées demandent réparation. Même la classe moyenne du pays, confortablement installée a vu son sentiment de sécurité voler en éclat avec la double explosion survenue dans l’entrepôt de produits chimiques dans la ville portuaire de Tianjin, près de Pékin, le 12 août 2015.
L’énorme explosion a eu lieue vers minuit ; sa puissance a détruit des milliers de véhicules et des bâtiments, avant de briser les vitres des grattes-ciel, près d’un kilomètre à la ronde. Les experts ont estimé la force de l’explosion à celle de 21 tonnes de TNT.
Dans un article rédigé pour China Brief, l’analyste Willy Lam révèle que Xi Jinping, le chef du Parti lui-même était encore suspicieux sur la cause de l’accident. Son premier réflexe a été de savoir si l’épisode ne cachait pas un complot politique, potentiellement concocté par un de ses ennemis au sein du Parti – un fidèle de Jiang Zemin, par exemple, d’après les sources bien placées de Willy Lam à Pékin.
Ensuite, viennent les facteurs de politique extérieure : les autorités au service du Parti agacent les voisins de mer de Chine avec une campagne d’extraction de boue et de sable destinée à la construction d’îles devenant ensuite des bases militaires avancées. La marine de l’Armée populaire de Libération mène ces opérations dans des eaux internationales qu’elle revendique, tout en interdisant la liberté de navigation dans les mers avoisinantes. Ces opérations ont contrarié le Japon, le Vietnam, les Philippines et les États-Unis. Du côté de la frontière occidentale de la Chine, les incursions chinoises dans les territoires disputés avec l’Inde, ont également attisées les tensions.
Telle est la topographie de la politique chinoise, au moment de la visite Xi Jinping aux États-Unis : une économie au ralenti, du grabuge avec ces voisins territoriaux, une sévère répression intérieure, des plaintes réclamant réparations pour les persécutions subies qui inondent le système judiciaire, et une direction du Parti, enfermée dans une lutte continuelle pour la primauté. Il faudra avoir ces faits à l’esprit lorsque les commentateurs américains exprimeront des réticences à fixer des limites à la Chine suite à ses attaques organisées dans le cyberespace. En réalité, les États-Unis n’ont jamais eu une opportunité aussi propice pour faire plier la Chine.
Version anglaise : Behind Obama’s Meeting With Xi Jinping Is a China in Decline
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