L’optimisme : la vertu qui permet de lutter contre la dépression et d’augmenter la longévité (8e partie de « Médecine des vertus »)

Quelle est la meilleure façon de le cultiver - embrasser l'optimisme ou se défaire du pessimisme ?

Par Makai Allbert
2 février 2025 21:04 Mis à jour: 16 février 2025 14:56

Quelle médecine est sûre, efficace, gratuite et ne nécessite qu’un subtil changement de perspective ? Nous vous invitons à explorer le lien négligé entre la vertu et la santé – la « médecine des vertus ».

La littérature chinoise ancienne raconte l’histoire d’un vieil homme nommé Sai Weng, qui dépendait de son cheval pour vivre.

Un jour, son cheval s’était enfui et les voisins sont venus lui exprimer leur sympathie en disant : « C’est dommage. »

Sai Weng répondit calmement : « Peut-être. »

Peu après, le cheval revint, emmenant avec lui un groupe de chevaux sauvages. Les voisins le félicitèrent pour sa bonne fortune. Sai répondit : « Peut-être. »

Le fils de Sai Weng essaya de monter l’un des chevaux sauvages, mais il tomba et se cassa la jambe.

Une fois de plus, les voisins se rassemblèrent et dirent : « C’est dommage. »

Sai Weng répondit : « Peut-être. »

Peu de temps après, une guerre éclata et tous les jeunes hommes du village furent enrôlés pour combattre. En raison de sa blessure, le fils de Sai Weng fut exempté du service militaire, ce qui lui épargna les dangers de la guerre. Cette histoire, qui remonte au IIe siècle av. J.-C., a inspiré le célèbre dicton chinois « Sai Weng perd son cheval ; comment savoir si ce n’est pas une bénédiction ? »

Un parallèle plus familier pourrait être « tout nuage a une bordure argentée » ( l’expression anglaise « Every cloud has a silver lining« ) ou « toute marée a son reflux ». Voir la positivité potentielle au-delà des défis du moment incarne la nature de l’optimisme, une vertu qui favorise un état d’esprit de croissance et apporte d’incroyables bienfaits pour la santé.

Les bienfaits de l’optimisme

Carsten Wrosch, professeur de psychologie à l’université Concordia de Montréal au Canada et chercheur en psychologie de la personnalité, a déclaré à Epoch Times que l’optimisme n’est pas seulement un trait de caractère, mais une approche de la vie.

« Il s’agit essentiellement de l’attitude que l’on a, à savoir si l’on s’attend à ce que la vie soit bonne ou mauvaise à l’avenir », a-t-il indiqué.

Les personnes optimistes sont nettement moins susceptibles de développer des symptômes dépressifs, même parmi les patients souffrant de maladies chroniques. Cet effet protecteur s’étend à tous les groupes d’âge, des plus jeunes aux plus âgés.

Par exemple, l’étude Zutphen Elderly Study a suivi plus de 800 hommes pendant 15 ans, analysant la manière dont le mode de vie, l’alimentation et d’autres facteurs influencent les maladies et la mortalité. L’étude a notamment révélé qu’un optimisme élevé, comparé à un optimisme faible, était associé à un risque de symptômes dépressifs inférieur de 77 %.

(Illustration Epoch Times)

Des études plus récentes ont abouti à des résultats similaires. Une méta-analyse de 18 études réalisée en 2024 a révélé que la participation à une formation à l’optimisme, comprenant la pleine conscience et la tenue d’un journal de gratitude, réduisait les symptômes de la dépression d’environ un tiers. Sur le plan psychologique, les personnes optimistes ont moins de réactions négatives extrêmes aux facteurs de stress et se remettent donc plus rapidement d’une dépression.

L’optimisme peut donc atténuer les sentiments de désespoir et les idées suicidaires.

Il permet d’obtenir un autre résultat hautement souhaité : la longévité. Comparés aux pessimistes, les patients optimistes atteints de cancer ont quatre fois plus de chances de survivre un an après le diagnostic.

Intuitivement, c’est logique : ceux qui s’attendent à de bonnes choses dans la vie ont plus de raisons de continuer à vivre. Dans un article fondateur, publié dans PNAS et analysant plus de 70.000 personnes, les chercheurs ont constaté que, par rapport aux personnes les moins optimistes, les plus optimistes vivaient jusqu’à 15 % plus longtemps, leurs chances d’atteindre une « longévité exceptionnelle » – vivre jusqu’à 85 ans ou plus – augmentant jusqu’à 70 %.

Selon les chercheurs, l’optimisme ajoute presque autant d’années à la vie d’une personne que le fait de ne pas avoir de crise cardiaque ou de diabète.

Comment cultiver un optimisme qui guérit

Qu’est-ce qui stimule ces changements profonds observés chez les personnes optimistes ? La principale hypothèse est que les optimistes font face de manière différente aux défis.

Selon le Pr Wrosch, qui a publié de nombreux ouvrages sur l’optimisme, les optimistes sont plus enclins à affronter les facteurs de stress de front, à investir du temps et de l’énergie pour surmonter les difficultés et à rechercher activement des solutions aux problèmes. Ils considèrent les défis comme des opportunités – ils vivent activement et non passivement.

Suzanne Segerstrom, professeure et directrice du Center for Healthy Aging Research (Centre de recherche sur le vieillissement en bonne santé) à l’université d’État de l’Oregon, a déclaré à Epoch Times que « les personnes plus optimistes s’attendent généralement à de meilleurs résultats, compte tenu de la réalité de la situation ».

Ce style d’adaptation proactif atténue les effets du stress, favorise la santé mentale à long terme et encourage un état d’esprit de croissance.

En revanche, les pessimistes recourent à l’évitement, c’est-à-dire qu’ils évitent ou nient le facteur de stress et, dans certains cas, ont recours à des drogues ou à des distractions pour faire face aux facteurs de stress.

Heureusement, l’optimisme est une aptitude qui peut être pratiquée. La recherche décrit plusieurs méthodes fondées sur des données probantes pour cultiver l’optimisme. Les stratégies générales consistent à recadrer activement les pensées négatives, à revisiter les réalisations personnelles passées, afin d’ancrer des attentes positives pour l’avenir et à s’entourer de pairs qui apportent leur soutien.

Parmi les interventions plus structurées, on peut citer le « meilleur exercice possible », qui consiste à imaginer un scénario dans lequel on atteint tous ses objectifs de vie dans différents domaines, comme la famille, le travail et la santé. Plus on s’imagine une réalité qui vaut la peine d’être vécue, plus on s’en réjouit, et c’est ce qu’on appelle l’optimisme. Selon une vaste méta-analyse réalisée en 2019, cet exercice renforce l’optimisme de manière significative et diminue les symptômes dépressifs.

En outre, on peut cultiver l’optimisme en écrivant des lettres de gratitude ou de courtes listes de ce dont on est reconnaissant. On peut également pratiquer l’exercice des « trois bonnes choses », au cours duquel on réfléchit et écrit trois choses positives qui se sont produites au cours de la journée et pourquoi elles se sont produites. Ensemble, ces pratiques permettent de cultiver l’habitude de se concentrer sur le positif dans le présent et de développer les mêmes attentes positives pour l’avenir.

En tandem, la pleine conscience et la méditation encouragent une prise de conscience centrée sur le présent, ce qui réduit les schémas de pensée négatifs ruminants et favorise indirectement l’optimisme.

Être moins pessimiste

Est-il préférable de penser plus positivement ou simplement d’avoir moins de pensées négatives ? En d’autres termes, devrions-nous nous efforcer d’être plus optimistes ou moins pessimistes ?

Une méta-analyse de 2021, qui a fait date, a apporté une réponse surprenante : le pessimisme joue un rôle beaucoup plus important que l’optimisme dans la prédiction de l’état de santé, et pas seulement par une petite marge. Le Pr Wrosch a expliqué que l’analyse a montré que le pessimisme était environ trois fois plus prédictif des conséquences sur la santé. Par exemple, un pessimisme réduit est lié à une inflammation moindre, à une meilleure santé cardiovasculaire et même à des taux de réussite plus élevés dans les traitements de fertilité, par rapport à un optimisme accru.

C’est pourquoi, selon le Pr Wrosch, le pessimisme et l’optimisme ne doivent pas être considérés comme les opposés d’un même trait, mais comme deux traits de personnalité distincts.

L’optimisme est comme un coup d’accélérateur qui nous pousse à aller de l’avant. Le pessimisme, c’est comme le frein à main. Même si on appuie sur l’accélérateur, le frein nous entraîne vers le bas, causant des dommages au fil du temps et rendant même les mouvements de base difficiles.

Se défaire du pessimisme, c’est comme desserrer ce frein. La prochaine fois que vous vous surprendrez à vous enfoncer dans les pires scénarios, rappelez-vous qu’il n’est pas nécessaire de se forcer à avoir des pensées heureuses ; le simple fait d’atténuer les pensées négatives pourrait constituer un grand pas en avant.

« L’optimisme est une boucle qui vous entraîne vers l’avant », a déclaré Suzanne Segerstrom.

Les personnes qui réussissent sont généralement plus optimistes, ce qui tend à leur ouvrir les portes de ressources sociales et financières plus importantes, renforçant ainsi un cycle positif.

Grace Zhang, acupunctrice chinoise titulaire d’une licence en médecine, a déclaré à Epoch Times que « l’état d’esprit joue un rôle essentiel dans le processus de guérison ».

Selon elle, du point de vue de la médecine traditionnelle chinoise, le maintien d’émotions optimistes permet à l’énergie de circuler plus librement et favorise la santé en général. À l’inverse, les émotions pessimistes provoquent un déséquilibre énergétique qui affaiblit le système immunitaire et entraîne des maladies.

Selon Mme Zhang, l’histoire de Sai Weng devrait nous rappeler que lorsque nous sommes confrontés à des défis, nous devrions rester calmes, garder une certaine perspective et être ouverts à la possibilité que les choses s’améliorent.


Lire aussi

1re partie.  La gratitude : une médecine alternative contre la colère et la dépression

2e partie.  Votre cerveau est fait pour l’honnêteté – et le mensonge vous met à l’épreuve

3e partie.  Comment le pardon améliore la santé mentale et physique

4e partie.  Le ressentiment : l’hôte malsain du cœur humain

5e partie.  Comment l’émerveillement stimule votre système immunitaire

6e partie. La générosité : perdre un peu, c’est gagner beaucoup

7e partie. Le courage : les risques que l’on prend façonnent ce que l’on devient

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.