CHINE

L’ordre du dictateur d’éliminer tous les moineaux échoue horriblement – au lieu de cela, 78 millions de personnes meurent de faim

août 12, 2018 23:46, Last Updated: août 12, 2018 23:49
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Depuis des centaines d’années, dans la culture chinoise, le moineau est considéré avec un regard affectueux et est représenté dans les peintures chinoises comme un symbole d’espoir et de bonheur. Toutefois, un dictateur malavisé a voulu les décimer, ce qui a entraîné, par ricochet, la mort de millions de personnes.

La « grande campagne du moineau », également connue sous le nom de campagne « Tuer les moineaux », a été lancée en Chine en 1958 par Mao Zedong, fondateur et premier dirigeant du Parti communiste chinois (PCC). Cette campagne s’était inscrite dans une campagne plus large d’éradication des « Quatre nuisibles », soit les rats, les mouches, les moustiques et les moineaux. L’initiative a entraîné la mort de centaines de millions de moineaux.

Capture d’écran YouTube | schurli blumenstein

Les traditions taoïstes de l’Antiquité préconisaient l’harmonie entre l’homme et la nature, mais les visées de Mao étaient tout autres. « Que la haute montagne incline sa tête, que la rivière cède le passage », a-t-il dit, en 1958.

Capture d’écran YouTube | CwnEnvironment

Après que le parti communiste a été au pouvoir pendant neuf ans, Mao a lancé le Grand Bond en avant, visant à faire passer la Chine, alors rurale et agricole, à une société industrialisée et moderne. C’est alors que des millions de personnes ont été contraintes de vivre dans les communes, les enfants ont été placés dans des garderies gérées par des travailleurs, et la population en générale a été affectée au travail dans des petites coopératives agricoles ou aux manufactures. Beaucoup furent contraints à fabriquer de l’acier dans des fours d’arrière-cours, alors que l’agriculture familiale, privée, a été interdite. Les impacts de ce virage se sont avérés catastrophiques.

Capture d’écran YouTube | CNA Inside

Dans le cadre d’une campagne d’« hygiène » de Mao, les moineaux – accusés de manger les céréales et de priver les travailleurs du fruit de leur labeur – ont été la cible d’une campagne d’extermination. Il était attendu que tous les citoyens participent à l’effort, ce qu’ils ont fait, en les abattant.

Capture d’écran YouTube | CNA Inside

Certains ont frappé bruyamment des casseroles pour empêcher les oiseaux de dormir, de sorte qu’ils tombaient, épuisés, des arbres, la plupart ont été chassés et ils sont restés à voler dans les airs jusqu’à être si fatigués qu’ils sont tombés. Les nids ont été détruits, les œufs ont été écrasés et les poussins ont été tués. Des centaines de millions de moineaux ont été tués au cours de cette période.

Capture d’écran YouTube | schurli blumenstein

Deux ans plus tard, les dirigeants du Parti ont réalisé que les moineaux mangeaient aussi des insectes… Or, l’équilibre écologique a été gravement perturbé, car ces insectes n’avaient plus de prédateurs naturels. Les punaises de lit ont commencé à détruire les cultures et Mao Zedong a réorienté son programme d’extermination pour les cibler. Toutefois, les dégâts étaient déjà faits. Les sauterelles, en essaim, ont envahi les campagnes et, n’ayant plus de moineaux pour les manger, ont ravagé les cultures.

Capture d’écran YouTube | CNA Inside

La nourriture a fini par manquer. Frank Dikötter, professeur à l’Université de Hong Kong, a estimé jusqu’à 45 millions, le nombre de personnes mortes de faim. Certaines estimations vont jusqu’à 78 millions. Le gouvernement, quant à lui, estime à 15 millions le nombre de victimes.

Dans la vidéo, le professeur Dikötter explique : « Vers les années 2003 ou 2004, j’ai remarqué qu’un nombre grandissant d’archives de l’ère communiste commençaient à être déclassifiées. Ces archives permettent vraiment de mettre ensemble ce que j’appellerais un ‘autoportrait du parti communiste chinois’.» Les archives ont révélé un décompte troublant de ce qui est connu aujourd’hui sous le nom de la grande famine en Chine.

Capture d’écran YouTube

Le Professeur Dikötter cite le rapport d’un cadre local de comté de la province du Sichuan qui relate qu’un quart de million de kilogrammes de boue auraient été prélevés et mangés. Ce fonctionnaire est descendu au village pour en connaître la raison ; il y trouva une fosse et des villageois squelettiques, nus sous le soleil de plomb et la peau desséchée, faisant la queue pour prendre une poignée de boue de couleur porcelaine, connue sous le nom de terre de guan yin. « C’est une scène de l’enfer », a-t-il dit. Le professeur explique que, lorsqu’une personne ingère de la boue, une fois la teneur en eau évaporée, la boue devient du ciment, provoquant le blocage du système digestif entier et conduisant les gens à la mort dans des conditions de souffrance terrible.

Capture d’écran YouTube | CNA Inside

Yang Jisheng, un journaliste chinois, a documenté la grande famine en Chine en recueillant secrètement des preuves officielles de la famine pendant plus d’une décennie.

« Des documents font état de plusieurs milliers de cas où des personnes ont mangé d’autres personnes », relate M. Yang. « Des parents ont mangé leurs propres enfants. Des enfants ont mangé leurs propres parents. Il est inimaginable de penser qu’il ait pu y avoir encore du grain dans les entrepôts. Toutefois, même [lorsque la famine était à son apogée], le gouvernement a continué à exporter le grain. »

Capture d’écran YouTube | CNA Inside

« Au début, quand j’écrivais ce livre, c’était difficile. Mais je me suis endurci. Quand on écrit l’histoire, on ne peut pas être trop émotif. Il faut être calme et objectif », dit-il. « Mais j’étais en colère tout le temps. Je suis toujours en colère. »

Son livre, intitulé Tombstone, est interdit en Chine – tout comme les autres livres révélant les crimes du Parti communiste chinois, tels que les Neuf Commentaires sur le Parti communiste, l’ouvrage sur la véritable histoire du PCC le plus complet à ce jour.

Un extrait de la première partie de la publication se lit comme suit : « Depuis son arrivée au pouvoir, le PCC a employé le mensonge dans l’élimination des contre-révolutionnaires (1950-1953), à l’occasion de la «coopération» entre les entreprises publiques et privées (1954-1957), lors du mouvement anti-droitier (1957), de la Révolution culturelle (1966-1976) et du massacre de Tiananmen (1989), ainsi que plus récemment au cours de la persécution du Falun Gong (1999). »

Regardez la vidéo ici :

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