Face au retour de Donald Trump, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affiché à Davos sa volonté de coopérer avec de nouveaux alliés et de tendre la main au régime chinois.
Les relations de l’Union européenne avec la Chine n’ont jamais été aussi tendues, avec un déficit commercial record de 400 milliards d’euros sur l’ensemble des pays européens en 2024 et des accusations de concurrence déloyale chinoise dans tous les secteurs industriels et de technologie de pointe (éolien, solaire, automobile, ferroviaire, pharmaceutique, etc.).
Alors que la Chine était considérée encore récemment comme un rival systémique de l’Europe, un sommet se tiendra en 2025 pour célébrer les 50 ans de relations diplomatiques entre l’UE et la Chine et tenter de rééquilibrer les échanges commerciaux dans le cadre des règles de l’Organisation mondiale du commerce.
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Ursula von der Leyen tend la main à la Chine à Davos
Au lendemain de l’investiture du nouveau président américain, Ursula von der Leyen a décrit une « nouvelle ère » de « rivalités géostratégiques impitoyables ». Dans ce contexte, « l’Europe doit passer à la vitesse supérieure », a-t-elle déclaré, assurant que la course était lancée.
Elle a assuré que l’Union européenne (UE) était prête à « tendre la main » à la Chine et « approfondir » sa relation avec Pékin, dans un contexte de ruée des entreprises européennes vers les États-Unis. La présidente de la Commission européenne a insisté sur une volonté de rééquilibrage des relations entre l’UE et Pékin, « dans un esprit d’équité et de réciprocité ».
« Je pense que nous devons discuter de façon constructive avec la Chine, pour trouver des solutions qui sont dans notre intérêt mutuel » a-t-elle déclaré. « 2025 marque le cinquantenaire des relations diplomatiques de l’Union avec la Chine. J’y vois une occasion de tendre la main et d’approfondir notre relation », a-t-elle ajouté. La dirigeante européenne voudrait « étendre » les liens dans les domaines du commerce et des infrastructures.
Le vice-Premier ministre chinois Ding Xuexiang n’a pas directement répondu aux propositions d’Ursula von der Leyen, mais dans son discours, il a défendu le multilatéralisme, appelant à « résoudre les disputes et les différends par le dialogue », ce qui, pour la Chine, veut souvent signifier le contraire.
« Le protectionnisme ne mène nulle part, et il n’y a pas de vainqueur dans les guerres commerciales », a-t-il affirmé, alors que la Chine est très protectionniste sur son marché intérieur et base son économie sur une guerre commerciale à l’exportation.
Des relations commerciales tendues entre l’UE et la Chine
La veille de cette déclaration, la Commission européenne annonçait le lancement d’une nouvelle procédure contre la Chine devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester des « pratiques commerciales déloyales et illégales » en matière de propriété intellectuelle.
L’UE reproche à la Chine de faire « pression » sur les entreprises européennes de technologies de pointe pour baisser les prix des brevets, notamment dans le domaine de la 5G pour les téléphones portables. Selon Bruxelles, la Chine a habilité ses tribunaux à fixer des tarifs contraignants pour les brevets essentiels de l’UE, sans le consentement des titulaires des brevets. Cela « permet aux fabricants chinois d’accéder à ces technologies européennes à moindre coût, de manière déloyale », accuse la Commission.
L’Union européenne est en plein bras de fer commercial avec la Chine dans de nombreux domaines. Fin novembre, la Commission avait déjà saisi l’OMC pour contester des mesures douanières chinoises contre les eaux-de-vie européennes comme le cognac.
La Chine avait elle-même saisi l’OMC le 30 octobre, après la décision jugée « protectionniste » de Bruxelles d’imposer des surtaxes douanières sur les voitures électriques importées de Chine. Ces voitures électriques, produites en masse et à bas coût par des entreprises qui sont largement subventionnées par l’État chinois, inondent le marché européen, mettant en péril l’industrie européenne de l’automobile et des centaines de milliers d’emplois.
Début avril 2024, l’Union européenne ouvrait encore une enquête visant des fabricants chinois d’éoliennes, accusés de recevoir des subventions du régime chinois, faussant la concurrence sur le marché européen. Une pratique déjà dénoncée dans l’automobile, le ferroviaire et les panneaux solaires et créant une concurrence déloyale dans le cadre d’appels d’offres en Europe.
L’UE accuse également la Chine de défavoriser l’accès des équipements médicaux européens sur ses marchés publics, au terme d’une enquête de neuf mois. « Nous avons constaté que la Chine exerce une discrimination grave à l’encontre des producteurs de dispositifs médicaux de l’Union européenne dans le cadre d’appels d’offres pour des marchés publics », a déclaré le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic.
Il s’est dit « prêt à prendre des mesures décisives pour défendre l’égalité des conditions de concurrence », tout en soulignant privilégier le dialogue pour trouver des solutions acceptables. Ces mesures « pourraient inclure des restrictions ou exclusions » de fournisseurs chinois des contrats publics dans l’UE, une restriction ou une exclusion des soumissionnaires chinois des contrats publics dans l’UE.
La Chine et l’UE préparent les 50 ans de leurs relations
« À l’occasion du 50ème anniversaire de [nos] relations bilatérales en 2025, j’attends avec impatience le prochain sommet UE-Chine qui se tiendra à Bruxelles dans le courant de l’année », a déclaré le 14 janvier, le président du Conseil européen Antonio Costa.
Le sommet 2025 est d’autant plus important qu’il interviendra dans le contexte du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Le nouveau président américain a menacé la Chine de droits de douane élevés et l’UE redoute de voir Pékin inonder davantage le marché européen de ses produits bon marché.
Le président du Conseil européen a souligné la nécessité de « garantir des conditions de concurrence équitables et de corriger les déséquilibres économiques et commerciaux existants ».
La leçon sur les partenariats économiques avec la Chine
En 2024, les relations économiques entre l’UE et la Chine apparaissaient de plus en plus déséquilibrées, avec un déficit commercial record de 400 milliards d’euros sur l’ensemble des pays européens.
Si les grandes entreprises européennes (aéronautique et spatial, automobile, pharmaceutique, agroalimentaire, luxe et cosmétique, etc.) continuent à faire des bénéfices en Chine, les profits sur l’ensemble des produits européens sont beaucoup moins évidents, « l’ouverture tous azimuts au capitalisme d’État chinois favorisant la désindustrialisation et la perte d’avantages compétitifs de nombreux produits à haute valeur ajoutée », ont analysé les chercheurs Emmanuel Lincot et Paco Milhiet, lors des 60 ans des relations diplomatiques entre la France et la Chine.
Selon eux, les dirigeants européens ont été largement leurrés par le mythe d’une République populaire de Chine (RPC) qui respecterait les règles du commerce mondial après son accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001. Les pays européens n’ont pas su être réactifs, ni aux mesures protectionnistes de la Chine sur son marché intérieur, ni aux subventions dissimulées du Parti communiste aux industries chinoises.
En retour, en ayant accès aux marchés européens, le régime chinois a pris d’écrasants avantages sur des grands pans de l’économie mondiale, pour lesquels les conséquences sur l’industrie européenne pourraient être irréversibles.
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En 2021, l’OTAN désignait sans équivoque la Chine comme un concurrent et une menace pour l’ordre international, quand l’UE qualifiait en 2022 le Parti communiste chinois (PCC) de « rival systémique ». En 2023, le G7, réuni à Hiroshima, adressait des reproches à peine masqués au gouvernement de Pékin, dénonçant une « coercition économique » de la part du régime.
Fin janvier 2024, des commissaires européens présentaient une série d’initiatives pour protéger les intérêts économiques de l’Europe, avec notamment le renforcement du mécanisme de contrôle des investissements étrangers.
L’objectif pour l’UE était de s’attaquer aux risques pour la sécurité économique et éviter que ses technologies et infrastructures sensibles ne tombent entre les mains de rivaux tels que la Chine.
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