L’UE interdit temporairement les lobbyistes de Huawei dans le cadre d’une enquête pour corruption

L'interdiction fait suite à des arrestations opérées dans le cadre d'une enquête de police sur des allégations de corruption dont Huawei aurait bénéficié

Par Lily Zhou
16 mars 2025 15:13 Mis à jour: 16 mars 2025 15:44

Le Parlement européen et la Commission européenne ont interdit vendredi aux lobbyistes du géant chinois des télécommunications Huawei d’accéder aux locaux de l’UE, dans le cadre d’une enquête de police sur des allégations de corruption de l’entreprise.

La police belge chargée de l’enquête a procédé à plusieurs arrestations et perquisitionné 21 locaux en Belgique et au Portugal jeudi. Un juge a également demandé la mise sous scellés de deux bureaux d’assistants parlementaires.

Dans une déclaration envoyée par courriel à Epoch Times vendredi, un porte-parole du Parlement a déclaré qu’il suspendait « l’accès au Parlement des représentants attachés à la société Huawei avec effet immédiat » par mesure de précaution.

Un porte-parole de la Commission européenne a confirmé à Epoch Times que les cabinets des commissaires et les directeurs généraux avaient reçu vendredi l’instruction de « suspendre immédiatement les contacts et les réunions avec HUAWEI jusqu’à nouvel ordre ».

La suspension de l’accès des représentants de Huawei au siège de l’UE est une mesure temporaire pendant la durée de l’enquête.

Le parquet belge a annoncé jeudi l’arrestation de plusieurs personnes pour « leur implication présumée dans une affaire de corruption active au sein du Parlement européen, ainsi que pour faux et usage de faux ».

Les procureurs ont allégué qu’une « organisation criminelle » commettait régulièrement des actes de corruption depuis 2021.

Ils n’ont pas identifié les personnes arrêtées, mais ont déclaré que « la corruption présumée aurait bénéficié à Huawei ».

Les procureurs ont également indiqué qu’ils recherchaient des preuves de blanchiment d’argent.

Un sceau apposé sur la porte du bureau des assistants de l’eurodéputé Fulvio Martusciello au Parlement européen à Strasbourg, dans l’est de la France, le 13 mars 2025, alors qu’un nouveau scandale de corruption ébranle ce dernier. (FREDERICK FLORIN/AFP via Getty Images)

Réaction de Huawei

Huawei n’a pas répondu à la demande de commentaire d’Epoch Times. Dans un communiqué adressé à Reuters jeudi, l’entreprise a déclaré : « Huawei applique une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption et de tout autre acte répréhensible, et nous nous engageons à respecter à tout moment l’ensemble des lois et réglementations applicables. »

S’exprimant depuis Pékin lors d’une conférence de presse, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré que le régime exigeait des entreprises chinoises qu’elles respectent la loi dans les pays d’accueil.

Selon le registre de transparence de l’UE, neuf représentants de Huawei sont actuellement accrédités pour accéder aux locaux du Parlement européen.

Selon le registre, depuis que les États-Unis ont interdit aux services gouvernementaux d’acheter des équipements Huawei pour des raisons de sécurité nationale, des représentants de l’entreprise ont tenu un total de 31 réunions avec des commissaires de l’UE, des membres de leur cabinet ou des directeurs généraux entre 2019 et 2021.

Ce nombre est tombé à six entre 2022 et 2024, mais les représentants ont rencontré davantage de membres du Parlement européen (MPE).

Restrictions pour les fournisseurs à haut risque

Suite aux pressions exercées par les États-Unis pour interdire Huawei, craignant que leurs équipements ne soient utilisés par le Parti communiste chinois (PCC) à des fins d’espionnage, la Commission européenne a publié des orientations sur les réseaux 5G en janvier 2020, recommandant aux États membres d’évaluer le profil de risque des fournisseurs et d’exclure ceux qui présentent un risque élevé pour l’infrastructure centrale.

En 2023, la Commission a déclaré qu’elle considérait que les entreprises chinoises Huawei et ZTE « représentaient en fait des risques matériellement plus élevés que les autres fournisseurs de 5G ».

En août 2024, 11 des 27 États membres de l’UE avaient adopté des lois visant à imposer des restrictions aux fournisseurs à haut risque tels que les sociétés chinoises Huawei et ZTE.

Lors d’une conférence de presse tenue jeudi, Thomas Regnier, porte-parole de la Commission européenne, a déclaré que la Commission exhortait tous les États membres à « prendre des mesures » pour restreindre ou exclure les fournisseurs à haut risque « parce que l’absence de mesures rapides exposerait l’UE dans son ensemble à un risque évident ».

Huawei a nié à plusieurs reprises avoir contribué à faciliter l’espionnage du PCC.

Toutefois, en vertu de la loi chinoise sur le renseignement national, les personnes et les organisations en Chine doivent fournir des informations au régime sur demande.

Guy Birchall a contribué à la rédaction de cet article.

Avec Reuters

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