L’UE prévient qu’elle pourrait prendre des mesures contre X suite à l’interview de Musk avec Trump

"Il existe un risque d'amplification de contenus potentiellement préjudiciables dans l'UE en relation avec des événements à forte audience dans le monde entier", a écrit le fonctionnaire

Par Jack Phillips
14 août 2024 15:39 Mis à jour: 14 août 2024 15:39

Le régulateur du marché intérieur de l’Union européenne (UE) a envoyé une lettre d’avertissement au propriétaire de X, Elon Musk, avant son entretien avec l’ancien président Donald Trump sur la plateforme, indiquant que des « mesures provisoires » pourraient être prises à l’encontre du site de médias sociaux.

Lundi, Thierry Breton, le commissaire chargé du marché intérieur, a envoyé une lettre à Musk et à Linda Yaccarino, PDG de X, au sujet de l’émission sur Trump, qui s’est déroulée lundi soir.

« Une grande audience implique une plus grande responsabilité », a écrit M. Breton dans la lettre, publiée sur X. « Comme il existe un risque d’amplification de contenus potentiellement préjudiciables dans le cadre d’événements à forte audience dans le monde entier, j’ai envoyé cette lettre à [Elon Musk]. »

Les dispositions de la loi sur les services numériques (DSA : Digital Services Act) « s’appliquent sans exception ni discrimination à la modération de l’ensemble de la communauté d’utilisateurs et du contenu de X (y compris vous-même en tant qu’utilisateur avec plus de 190 millions de followers) qui est accessible aux utilisateurs de l’UE, et doivent être respectées conformément à l’approche basée sur le risque prévue par le DSA, qui exige une plus grande diligence en cas d’augmentation prévisible du profil de risque », a écrit M. Breton.

L’interview était accessible aux utilisateurs de l’UE, a-t-il écrit, en ajoutant : « Dans ce contexte, je me dois de vous rappeler les obligations de diligence raisonnable énoncées dans la loi sur les services numériques ».

« Mes services et moi-même serons extrêmement vigilants face à tout élément indiquant des violations du DSA et nous n’hésiterons pas à utiliser pleinement notre boîte à outils », qui pourrait inclure l’adoption de mesures provisoires, a-t-il déclaré.

M. Breton n’a pas précisé les mesures que l’UE pourrait prendre. Toutefois, dans des avertissements précédents adressés à Musk sur des questions distinctes, M. Breton a prévenu que X pourrait se voir infliger une amende allant jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires annuel.

Le DSA exige des très grandes plateformes qu’elles fassent davantage pour lutter contre ce que les autorités considèrent comme des contenus illégaux et des risques pour la sécurité publique.

Le mois dernier, les régulateurs technologiques de l’UE ont jugé que X avait enfreint le DSA et qu’il avait trompé les utilisateurs en recourant à des coches bleues. X a déclaré qu’il n’était pas d’accord avec l’évaluation de l’UE sur la façon dont il se conformait au DSA, et le propriétaire Musk a menacé d’intenter une action en justice.

Linda Yaccarino, directrice générale de X, a réagi à la lettre en déclarant qu’il s’agissait d’une « tentative sans précédent d’étendre une loi destinée à s’appliquer en Europe » pour cibler des activités politiques sur le territoire des États-Unis.

Musk a répondu directement à la lettre de M. Breton par un mème comportant un mot vulgaire. Steven Cheung, porte-parole de la campagne Trump, a écrit que l’UE « devrait se mêler de ses affaires » et l’a accusée d’avoir tenté d’interférer avec les élections américaines de novembre.

L’UE, a-t-il ajouté, « n’a aucune autorité pour nous dicter notre façon de faire campagne ».

Epoch Times a contacté la Commission européenne, la branche exécutive de l’UE, pour obtenir des commentaires. Un porte-parole de la Commission a déclaré au Financial Times que M. Breton n’avait pas reçu l’approbation de la présidente de l’UE, Ursula von der Leyen, pour envoyer la lettre à Musk.

« Le calendrier et la formulation de la lettre n’ont été ni coordonnés ni convenus avec la présidente ni avec les [commissaires] », a déclaré le porte-parole mardi.

En juillet, l’UE a accusé la société X de Musk d’avoir violé le DSA pour avoir prétendument trompé les utilisateurs en leur permettant d’acheter un statut de compte bleu « vérifié ». Musk a déclaré qu’il s’engagerait dans une « bataille très publique » avec les régulateurs européens devant les tribunaux.

Lors de l’événement Trump-Musk sur X, des problèmes techniques ont retardé le début de l’événement pendant environ 40 minutes. Musk, qui a soutenu Trump, a attribué ces difficultés à une attaque par déni de service distribué, qui consiste à inonder un serveur ou un réseau de trafic pour tenter de le mettre hors service. Son affirmation n’a pas pu être vérifiée.

Trump a cherché à transformer les problèmes en aspects positifs, en félicitant Musk pour le nombre de personnes qui ont essayé de se connecter.

X a fait savoir que l’entretien de Trump avec Musk avait été visionné 73 millions de fois entre 19 h 47 et 22 h 47 (heure de l’Est). Quatre millions de messages concernant Trump et Musk ont également été publiés au cours de la même période, recueillant près d’un milliard de vues, selon la plateforme de médias sociaux.

Les problèmes techniques ont rappelé un événement similaire sur X en mai 2023, lorsque le gouverneur de Floride Ron DeSantis a connu un début chaotique dans sa candidature à l’investiture républicaine pour la présidentielle en raison de problèmes sur la plateforme.

Lundi également, Musk a déclaré qu’il serait prêt à accueillir la vice-présidente Kamala Harris, candidate démocrate à la présidence, pour une interview sur sa plateforme.

Trump est également revenu sur X avec une série de posts lundi pour la première fois depuis environ un an, ravivant un compte qui avait servi de principal moyen de communication lors des campagnes précédentes et de ses quatre années à la Maison-Blanche.

Les posts portaient principalement sur sa campagne, dont des vidéos faisant l’éloge de son bilan et présentant des propositions s’il était élu.

Avec Reuters

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