Ayez un « esprit critique » : tel est le message lancé vendredi par Emmanuel Macron à une foule d’étudiants chinois venus l’écouter à Canton, face auxquels le président français a dénoncé la guerre russe qui « colonise » l’Ukraine.
Accueilli en véritable rock star, Emmanuel Macron, qui conclut une visite d’État de trois jours en Chine, a profité longuement d’un bain de foule, serrant des mains et acceptant les selfies des Chinois venus l’accueillir à son arrivée à l’université Sun Yat-sen, dans cette ville du sud de la Chine. Une ambiance chaleureuse qui tranche avec les fortes tensions sociales des derniers mois en France autour de la réforme des retraites et son impopularité croissante qui en résulte. Dans le gymnase de cette université, l’une des plus prestigieuses du pays, plusieurs centaines d’étudiants attendaient « Makelong », tel qu’il est appelé en chinois, pour un discours puis une séance de questions-réponses.
Macron fait la leçon aux étudiants chinois
Le chef de l’État, qui a fait du conflit en Ukraine le sujet principal de sa visite en Chine, l’a évoqué dès les premières minutes : « Cette guerre, c’est une violation manifeste de notre droit international », a-t-il lancé. « C’est un pays qui décide de coloniser son voisin, de ne pas respecter les règles, de redéployer des armes, de l’envahir », a-t-il insisté, à propos de la Russie.
Jeudi dans un entretien bilatéral avec Xi Jinping, le président français avait justement appelé la Chine à « ramener la Russie à la raison » vis-à-vis de l’Ukraine. « Cet ordre international est aujourd’hui fragilisé et nous avons une responsabilité, Chine et France, de le préserver et en même temps de le réinventer à l’aune des réalités du XXIe siècle », a-t-il assuré vendredi face aux étudiants.
Trois étudiants ont ensuite pu poser des questions, dans un français quasi parfait, de quoi impressionner M. Macron : « Je serais bien incapable de faire la pareille », a-t-il réagi, faisant rire l’audience. Aucune question sur la politique ni sur le conflit en Ukraine, mais plutôt des interrogations autour des qualités à attendre chez un bon étudiant, de l’intelligence artificielle et des défis en termes de santé publique.
Avoir l’esprit critique, a insisté Emmanuel Macron
En réponse, le président Macron en a profité pour souligner l’importance d’avoir un esprit critique. « L’esprit critique (…) ce n’est pas un esprit pour critiquer les autres, ce n’est pas négatif, mais c’est pour vous interroger sur vous-même ou sur la nature des connaissance qu’on vous transmet », a-t-il plaidé. « C’est ce qui vous donne une forme d’indépendance et qui fait que vous êtes en capacité de juger et distinguer parfois le vrai du faux, de remettre les choses dans leur contexte et de prendre de la distance par rapport aux choses qui vous sont transmises », a ajouté le chef de l’État. Et c’est ce qui permet de devenir « des individus libres, rationnels », a-t-il insisté.
En Chine, la totalité des médias appartiennent à l’État et de nombreux citoyens ou internautes redoutent d’exprimer toute critique, de peur de la censure ou de représailles. Mais « un esprit qui n’aurait que les connaissances sans esprit critique n’est pas totalement libre », a estimé vendredi M. Macron, car « il ne saurait pas vraiment quoi en faire ou il serait simplement l’objet d’une propagande ou d’un projet qui n’est pas le sien ».
À l’issue de cette rencontre, le président français devait retrouver son homologue chinois pour un dîner, avant une rencontre avec des investisseurs chinois dans la soirée.
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