Macron prévient que l’UE « pourrait mourir » d’ici trois ans par excès de réglementations, de charges sociales et de sous-investissements

Le président français estime que l'Union européenne pourrait s'effondrer si elle ne réduit pas les réglementations, ne stimule pas les investissements et ne s'attaque pas aux dépenses sociales devenues excessives

Par Tom Ozimek
5 octobre 2024 00:34 Mis à jour: 5 octobre 2024 00:34

Le président français Emmanuel Macron a lancé un avertissement sévère le 2 octobre, déclarant que l’Union européenne serait confrontée à des risques existentiels dans les deux ou trois prochaines années à moins qu’elle ne réforme radicalement son cadre réglementaire, ne renforce l’investissement et ne s’attaque au problème des dépenses sociales disproportionnées.

Macron a tenu ces propos lors d’une table ronde organisée à Berlin le 2 octobre, mettant en garde contre le modèle économique européen qui n’est pas viable. Sans une réforme urgente, a-t-il averti, l’Union européenne risque de perdre son avantage concurrentiel, de se laisser distancer par des puissances mondiales telles que la Chine et les États-Unis, et au final de sombrer dans l’insignifiance économique.

« Notre ancien modèle est révolu », a déclaré Macron. « Nous surréglementons et sous-investissons. Dans les deux ou trois ans à venir, si nous suivons notre programme classique, nous serons hors du marché. »

Les inquiétudes concernant la compétitivité de l’Union européenne se sont accrues, nourries par un sous-investissement persistant dans des secteurs clés, une réglementation de plus en plus lourde et une escalade des coûts de protection sociale. Le dirigeant français a déclaré que l’Europe devait relever ces défis de front, sous peine de perdre sa place dans un ordre mondial de plus en plus multipolaire.

« Si nous voulons clairement être plus compétitifs et avoir notre place dans cet ordre multipolaire, nous avons d’abord besoin d’un choc de simplification », a souligné Macron sur la nécessité de réformer le cadre réglementaire du bloc.

Au cours de la dernière décennie, l’UE a mis en place diverses réglementations visant à protéger les consommateurs, l’environnement et les travailleurs. Aussi bien intentionnées soient-elles, ces politiques ont créé, selon Macron, un cadre réglementaire complexe et trop rigide qui étouffe l’innovation et entrave la croissance, notamment dans des secteurs comme l’intelligence artificielle et la défense.

Le dirigeant français a jugé que le modèle économique de l’Union européenne était dépassé et devait être revu, d’autant plus que les pays de l’UE ne peuvent plus compter sur l’énergie russe bon marché pour augmenter les marges bénéficiaires des entreprises, ni sur les États-Unis pour répondre à ses besoins en matière de défense.

« L’UE pourrait mourir », a déclaré Macron. « Nous sommes à la veille d’un moment très important. »

Macron a également abordé le vaste système de protection sociale de l’UE, qui a longtemps été un pilier de la gouvernance européenne, mais qui est de plus en plus considéré comme un fardeau financier peu viable, alors que l’Union est confrontée à des risques croissants en matière de compétitivité.

Selon Eurostat, les gouvernements de l’UE ont dépensé l’équivalent d’environ 3400 milliards de dollars, soit 19,5 % du produit intérieur brut, pour divers programmes sociaux en 2022.

La majeure partie de ces dépenses est allouée aux pensions, aux allocations de chômage et à d’autres transferts sociaux destinés à atténuer les risques tels que la maladie et la vieillesse. En outre, les Européens souhaitent que leurs gouvernements augmentent les dépenses sociales. En effet, 78 % des citoyens de l’UE estiment que les dépenses publiques consacrées aux principales politiques sociales devraient augmenter, et la moitié d’entre eux sont favorables à une hausse des impôts pour financer ces dépenses.

« Ce n’est pas tenable avec le modèle social qui est le nôtre », a insisté Macron.

À titre de comparaison, les États-Unis ont dépensé environ 3500 milliards de dollars pour divers programmes sociaux en 2023, soit 14 à 15 % du PIB, selon le Centre sur le budget et les priorités politiques (Center on Budget and Policy Priorities).

Alors que l’UE et les États-Unis allouent des montants similaires à la protection sociale, le pourcentage du PIB consacré par l’UE à ces programmes est nettement plus élevé, ce qui reflète les systèmes de protection sociale plus importants de l’Union.

Les commentaires de Macron à la conférence de Berlin font écho aux conclusions d’un récent rapport de l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, qui a décrit la stratégie économique actuelle de l’UE comme un « défi existentiel ».

Le rapport, publié en septembre, indique que l’environnement réglementaire complexe de l’Europe est un facteur clé qui explique son retard en matière de croissance de la productivité sur les États-Unis. Le rapport de Draghi appelle à des réformes radicales pour simplifier les réglementations, encourager l’innovation et renforcer la compétitivité dans des secteurs clés.

Macron a apporté son soutien total aux recommandations de Mario Draghi, déclarant que l’UE devait adopter d’urgence les conclusions du rapport si elle espérait être compétitive au niveau mondial.

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