« Je n’ai pas choisi la Grèce par hasard pour une première visite d’État » : Emmanuel Macron s’est appuyé jeudi sur le double symbole de l’Acropole et de la crise grecque pour lancer à Athènes son projet de « refondation démocratique » de l’Europe.
« Qu’avons-nous fait de notre démocratie, qu’avons-nous fait de notre souveraineté? Aujourd’hui la souveraineté, la démocratie, la confiance sont en danger », a lancé le président français à la nuit tombante, avec le Parthénon comme décor, depuis la colline de la Pnyx, après avoir commenté, dans un grec balbutiant, « le grand privilège » d’être là.
« Ce soir, je veux que collectivement nous retrouvions la force de refonder notre Europe, en commençant par l’examen critique sans concession de ces dernières années », a-t-il déclaré.
Sans concession en effet, lorsque M. Macron a lancé par exemple: « On a fait croire qu’on pouvait vivre à Athènes comme à Berlin, ce n’était pas vrai, et c’est le peuple grec qui a payé ».
Quelques heures avant, il avait fait entendre une voix originale en critiquant le recours au FMI dans le plan de sauvetage de la Grèce, et en déplorant le « manque de confiance » mutuel des Européens qui a conduit à demander l’aide de l’institution monétaire.
Il a espéré que le FMI « n’ajouterait pas de conditionnalités supplémentaires » au programme de réformes de la Grèce, qui s’achève en août 2018, et il a ironisé sur le « caractère parfois lunaire » des discussions technocratiques sur ce pays.
Parmi les réformes que proposera le président français pour soutenir « cette ambition folle de vouloir une Europe plus forte », un budget et un ministre des Finances de la zone euro, et un Parlement de cette zone. Pour les élections européennes de 2019, il prône la constitution de « listes transnationales ».
M. Macron souhaite que s’engage auparavant une vaste consultation des peuples européens durant le premier semestre 2018.
Les contours de ce « débat délibératif » restent encore vagues, mais M. Macron prévoit de le présenter à ses partenaires européens « dans les prochaines semaines », après les élections législatives allemandes du 24 septembre.
Le premier ministre grec Alexis Tsipras, dont le pays commence à sortir de la crise après neuf ans de récession, mais qui est très bas dans les sondages, a semblé savourer tous les propos de son visiteur, avec lequel il a affiché une grande connivence. M. Macron l’a tutoyé, avant de revenir plus solennellement au vouvoiement.
À 39 et 43 ans, MM. Macron et Tsipras sont parmi les plus jeunes dirigeants européens.
« La France est et restera à vos côtés, dans les moments difficiles comme de joie (car) nous avons l’ambition commune d’être à la hauteur de nos histoires » respectives, a soutenu M. Macron en parlant aux Grecs.
Il s’est déplacé à Athènes avec le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et une quarantaine de chefs d’entreprise français.
Des discussions sur les investissements en Grèce, notamment dans les secteurs des infrastructures et des nouvelles technologies, sont au programme vendredi matin, avant des rencontres avec la communauté française et des personnalités de la culture.
Le président français a reçu les condoléances de M. Tsipras et du président Prokopis Pavlopoulos, pour les dévastations causées par le passage de l’ouragan Irma sur l’île française de Saint-Barthélémy et dans la partie française de l’île de Saint-Martin, où quatre personnes ont perdu la vie selon un bilan revu à la baisse.
Évoquant des dégâts matériels « absolument terribles », M. Macron a confirmé qu’il se rendrait sur place, sans être encore « en mesure » d’annoncer une date. Il a appelé à « la mobilisation contre les perturbations climatiques, parce que cette catastrophe a une origine climatique ».
« Je pense très fort » aux habitants de ces îles, a déclaré pour sa part Brigitte Macron. L’épouse du chef de l’État a visité l’Acropole et le nouveau grand centre culturel Niarchos, accompagnée de la compagne de M. Tsipras, Betty Batziana, et suivie de loin par de nombreux journalistes.
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