« Marseille en grand », Acte II : Emmanuel Macron revient trois jours dans la cité phocéenne, de lundi à mercredi, avec l’ambition de « changer la vie quotidienne » des habitants et d’en faire une « capitale de la Méditerranée ».
En septembre 2021, le chef de l’État avait donné le coup d’envoi d’un vaste plan visant à guérir les maux de la deuxième ville de France, encore trop souvent synonyme de dénuement, insalubrité et narco-banditisme.
Il avait alors mis cinq milliards d’euros sur la table pour renforcer les effectifs de police, rénover les écoles, accélérer la rénovation urbaine et aider Marseille à rattraper ses multiples retards.
« Le président de la République veut poursuivre, accélérer ces engagements », notamment dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, un des gros défis de cette cité portuaire ouverte sur le monde, relève l’Élysée.
De nombreux quartiers sont gangrénés et les guerres pour le contrôle des points de vente ont déjà fait 23 morts depuis janvier.
Rebondissement inattendu, le numéro un du trafic sur Marseille, Mohamed Djeha, que la police française traquait depuis des années, a été arrêté en Algérie quelques jours avant cette visite présidentielle.
« Prendre son temps » et être « à l’écoute des Marseillais »
Emmanuel Macron, qui enchaîne déplacements, sommets et visites à l’étranger à un rythme effréné, poursuit aussi son marathon politique et médiatique pour relancer son quinquennat après la crise des retraites. Il se penchera sur les « questions de sécurité », la « vie des quartiers », l’école, l’accès aux soins, les « copropriétés dégradées » et « l’avenir du port », a indiqué l’Élysée sans plus de précisions.
Il devrait aussi rencontrer à huis clos des familles de victimes de règlements de comptes, selon des sources locales. Il y a deux ans, le chef de l’État était allé à la cité Bassens où les habitants lui avaient raconté la « peur » de rentrer le soir quand ça tire « comme dans un western ».
Comme lors du lancement de l’Acte I de « Marseille en grand » – il était alors déjà resté trois jours, un record dans une seule ville – il souhaite « prendre son temps », être « à l’écoute des Marseillais », souligne un conseiller présidentiel.
Si l’Élysée se félicite des premières retombées du plan, avec le renfort de plus de 300 policiers, de 120 éducateurs-médiateurs, le lancement d’une vingtaine de gros chantiers sur les 470 écoles marseillaises ainsi que le début des travaux pour une nouvelle ligne de tramway, dans les quartiers déshérités, le temps paraît encore suspendu.
« Si je le rencontrais, je lui demanderais de s’occuper des pauvres parce qu’ici, il n’y a pas de travail, il y a que du piston », lâche Ahmad Kaddour, qui voit mal comment ce plan pourrait changer concrètement sa vie dans la cité de la Castellane où il peste contre les rats, les trafiquants présents de 10H00 à 2H00, le manque de médecin et ses « enfants qui restent à la maison ».
L’État doit « continuer à investir ici »
Le président sera aussi attendu sur le logement, autre point noir de la ville, avec ses grands ensembles vétustes et ses vieux quartiers décatis. « Il y a 40.000 logements indignes à Marseille, autant de demandes de logements sociaux », souligne Francis Vernède, directeur de la Fondation Abbé Pierre en Provence-Alpes-Côte-d’Azur, qui appelle à accélérer l’octroi des permis de construire.
Face à tous ces défis, le maire Benoît Payan, à la tête d’une union de la gauche et écologiste, espère voir « s’amplifier encore » le plan. La présidente LR de la métropole, Martine Vassal, aimerait qu’il regarde aussi vers les quartiers Sud.
L’État doit « continuer à investir ici » martèle le maire, tout en concédant avoir « trouvé chez le chef de l’État un partenaire fiable et qui aime cette ville ».
Originaire de Picardie, Emmanuel Macron a toujours manifesté un engouement pour Marseille qui a pour lui « une créativité extraordinaire, une jeunesse saisissante, une espèce de puissance ». Il se présente aussi comme un fidèle supporter de l’OM.
Pour autant, la présidence se défend de tout favoritisme. Elle cite des projets similaires comme le « Plan pour la Creuse » ou le « Pacte des Ardennes » et assure que la cité phocéenne est aussi un laboratoire de ses politiques publiques.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.