« Quoi que nous fassions, près de 9 000 patients seront en réanimation à la mi-novembre », a déclaré le président de la République Emmanuel Macron, alors qu’il s’adressait à la nation le 28 octobre dernier, pour annoncer le reconfinement. Le 14 novembre, les chiffres indiquaient 4 854 patients en réanimation. Macron s’est-il trompé ?
« Nous sommes tous en Europe surpris par l’évolution du virus, […] nous en sommes au même point : débordés par une deuxième vague, qui […] sera sans doute plus dure et plus meurtrière que la première », avait ainsi prévenu le chef de l’État, en ajoutant que « près de 9 000 patients seront en réanimation à la mi-novembre, soit la quasi totalité des capacités françaises. Si nous ne donnons pas un coup de frein brutal aux contaminations, nos hôpitaux seront saturés. »
3 036 personnes étaient en réanimation, selon les chiffres de Santé publique France lorsque Emmanuel Macron a annoncé le reconfinement le 28 octobre. Mais trois semaines après, le 14 novembre, 4 854 patients étaient en réanimation selon Santé publique France.
Emmanuel Macron s’est basé sur les projections de l’Institut Pasteur, réalisées fin octobre. Ces données en effet, ne sont que des « projections », en lien avec une situation sanitaire qui peut évoluer. L’inconvénient est que ces projections peuvent être fausses. Si des « prédictions à une semaine » peuvent s’avérer exactes, au-delà de ce délai, cela s’avère « très compliqué », explique au Parisien Stéphane Gaudry, professeur de médecine à l’hôpital Avicenne de Bobigny.
Mais il reste à noter que le président ne s’est pas trompé uniquement sur ce chiffre catastrophique qui prédisait l’avenir, mais également sur un autre chiffre qu’il a annoncé à l’occasion de cette même allocution du 28 octobre, celui de la mortalité.
Le président a annoncé 527 morts la veille. En effet, ce chiffre avait été annoncé mercredi matin, mais très vite corrigé, puisqu’il prenait en compte la mortalité des EHPAD sur 4 jours. La déclaration que le nombre de morts avait doublé en 24 h, passant de 260 à 530, était fausse, et le chiffre, gonflé. En fait, il y a eu 288 morts la veille et 235 en 4 jours dans les établissements médico-sociaux.
Pourquoi le président ferait-il de telles déclarions ? Comment a-t-il pu annoncer un chiffre déjà démenti ? et « Qui ment à qui ? » demande Dr Eric Menat dans France soir, le 1er novembre, passant en revue d’autres chiffres erronés et « farfelus », donnés par le président, sans connaître encore le résultat de la prédiction de personnes en réanimation. Néanmoins, le docteur Menat nous affirme qu’il y a aujourd’hui beaucoup moins de cas graves en réanimation qu’au moment du pic de la pandémie, et que la plupart de ces patients sont simplement sous oxygène, ce qui leur permet également d’être à domicile.
Mais finalement, peu importe « qui ment à qui », le président ou ses conseilleurs, et peu importe pourquoi ils mentiraient. La question est comment continuer à faire confiance à ces déclarations et décisions ?
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