Le président français Emmanuel Macron a tendu vendredi la main à la Russie pour l’« ancrer dans l’Europe » malgré les tensions actuelles, et tourner le dos à 25 ans d’« incompréhensions ». « Je crois très profondément que la Russie a son histoire et son destin dans l’Europe », a déclaré M. Macron au second jour de sa première visite officielle en Russie.
Le président français s’exprimait au côté de son homologue Vladimir Poutine, visiblement détendu, à la tribune du Forum économique de Saint-Petersbourg, dont la France était l’invitée d’honneur avec le Japon. Pour M. Macron, « une fenêtre d’opportunité » s’ouvre pour qu’une « nouvelle dynamique » s’installe entre Moscou, où M. Poutine vient d’entamer un quatrième mandat, et l’Europe, bousculée par la décision du président américain Donald Trump de sortir de l’accord sur le nucléaire iranien.
Plus réservé que son hôte, le président russe s’est félicité de l’ambiance « très ouverte » de la rencontre avec M. Macron, avec lequel il s’était entretenu pendant trois heures jeudi sous les ors du Palais Constantin, en périphérie de l’ancienne capitale impériale russe (nord-ouest). Ces discussions ont permis d’« avancer », selon l’Elysée, sur les dossiers extrêmement complexes du nucléaire iranien et de la Syrie, sur lesquels Moscou et Paris voient un intérêt à coopérer plus étroitement.
« La France est notre partenaire ancien, traditionnel et fiable. Elle a toujours aspiré à défendre sa souveraineté, ce qui est un gage de stabilité dans la relation », a souligné M. Poutine. Mais il n’a pas exprimé publiquement la volonté de renforcer les relations avec les pays de l’Union européenne, alors que s’appliquent toujours les sanctions prises lors des crises de l’Ukraine en 2014 et de la Crimée. Parmi les sujets de discorde, la crise ukrainienne et le conflit syrien, mais aussi l’empoisonnement en mars d’un ex-espion russe en Angleterre.
La Russie a été ouvertement accusée vendredi par les Pays-Bas et l’Australie de la mort de leurs citoyens dans le vol MH17 abattu par un missile au-dessus de l’Ukraine en 2014, au lendemain de l’énoncé des conclusions d’une enquête internationale selon laquelle la batterie anti-aérienne impliquée provenait d’une unité de l’armée russe. « Bien sûr que non », a déclaré M. Poutine vendredi, interrogé sur l’origine russe du missile.
Pour sa part, M. Macron a loué un « dialogue extrêmement direct et franc » avec Vladimir Poutine. Mais il n’a pas caché que la tache allait être ardue pour « rétablir la confiance » entre Moscou et l’Europe de l’ouest après « 25 ans d’incompréhension ». Natalia Soljenitsyne, la veuve de l’écrivain et dissident, avec laquelle il s’était entretenu jeudi soir, l’a appelé à agir pour rapprocher son pays de l’Europe. « La Russie doit faire partie de l’Europe. Sinon, cela la poussera vers la Chine », selon elle. Malgré les tensions des dernières années, la France est restée économiquement très présente en Russie, avec quelque 500 entreprises employant près de 170.000 salariés.
Parmi la cinquantaine d’accords de coopération et de contrats signés au cours de la visite, le plus important prévoit l’entrée du groupe français Total dans un nouveau projet géant de gaz naturel liquéfié dans l’Arctique russe de Novatek pour 2,5 milliards de dollars. Pour M. Macron, il faut désormais « ouvrir de manière plus volontariste de nouvelles voies » pour renforcer la présence française, notamment des startup et des PME, dans « l’agroalimentaire, le spatial, les villes durables, les services énergétiques et le numérique ».
Le président français a par ailleurs annoncé avoir évoqué avec M. Poutine les cas du réalisateur ukrainien emprisonné Oleg Sentsov et du cinéaste russe Kirill Serebrennikov, assigné à résidence. Il a également rencontré jeudi Alexandre Tcherkassov, un responsable de la principale organisation russe de défense des droits de l’Homme, Memorial, et d’autres militants des droits de l’Homme russes, selon l’Elysée. « Un important geste de soutien », s’est félicitée Tania Lokchina, de l’antenne russe de Human Rights Watch.
Emmanuel Macron a indiqué espérer revenir prochainement en Russie, mais cette fois pour soutenir l’équipe de France si elle se qualifie pour les demi-finales du Mondial-2018 (14 juin-15 juillet). Ce qui lui a permis de filer la métaphore sportive en espérant que les relations entre Paris et Moscou s’inspirent du judo, prisé par Vladimir Poutine, qui « repose sur le respect de l’adversaire », et son sport de prédilection, le football, qui est « un sport collectif ».
DC avec AFP
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