On note un véritable malaise dans le milieu hospitalier où, depuis le mois de janvier, cinq jeunes internes se sont suicidés. Les décès de jeunes internes inexpliqués se sont multipliés en quelques mois. L’an dernier, un nombre inquiétant au sein du personnel soignant laissait penser que l’hôpital était en proie à un mal-être dramatique.
Triste nouvelle …. Qui s’occupe de nous alors que nous passons nos vies à s’occuper des autres ? #suicide #interne #chu #medecin https://t.co/dJqeIzZcWD
— Victor Fitoussi (@Vic_Fit05) January 29, 2018
Aujourd’hui, ce sont les internes qui réclament des mesures en urgence pour améliorer leurs conditions de travail qui pourraient être à l’origine de l’épuisement, du burn-out, de la dépression ou du suicide.
Des décès inexpliqués
La Revue du praticien faisait état, en décembre dernier, du cas de Clara, jeune interne en médecine générale qui effectuait un stage à Mirande, et qui s’est tuée en voiture, sur la RN21. Sans que l’on puisse déterminer pourquoi, la jeune femme de 26 ans a perdu, en fin d’après-midi, le contrôle de son véhicule. Un accident resté sans explication à ce jour.
«C’est devenu une habitude pour nous, jeunes médecins, en formation, d’apprendre le suicide d’un confrère, d’une consœur, de nos collègues médicaux, paramédicaux dont l’encadrement des risques psychosociaux n’est pas à la hauteur.» https://t.co/4b5Vm198u9 via @libe
— Sabrina AliBenali (@sabrinalinterne) January 29, 2018
Quelques jours plus tard, c’est à l’hôpital de Pontoise que les médecins des urgences prennent en charge un de leurs confrères qui s’est endormi sur l’autoroute, de retour d’une garde difficile.
À Strasbourg, la semaine dernière, un interne de médecine générale de 25 ans s’effondre dans le service de gériatrie. La cause ? Un accident cardiaque, que rien ne laissait présager.
Donc depuis le début de l'année on en est à :
– 2 internes morts sur les routes
– 1 arrêt cardiaque pendant la visite
– 1 suicide
Surtout changez rien à l'hôpital— No SuperDoc (@NoSuperDoc) January 25, 2018
Comme d’autres, Maxence Pithon, le président de l’Isnar-IMG, pointe «la réglementation sur le temps de travail des internes qui est toujours loin d’être appliquée partout», ou «le rythme hebdomadaire, souvent supérieur à 48 heures».
Des idées suicidaires
Mais les chiffres sur la santé mentale des jeunes et futurs médecins sont tout aussi inquiétants. Le quotidien du médecin révèle que « deux tiers des jeunes médecins présentent une symptomatologie anxieuse et un quart d’entre eux manifestent des idées suicidaires».
10 #internes en médecine se sont suicidés en 2017… la prévention des risques psychosociaux est essentielle #suicide https://t.co/LO2P93m3eU
— A. Vêques-Malnou (@AnnabelleVeques) January 28, 2018
À l’hôpital Sainte-Anne (Paris), la première enquête sur les troubles mentaux des jeunes médecins, réalisée par quatre syndicats d’étudiants en médecine a dressé un constat alarmant : 28 % des 22.000 répondants ont souffert de dépression et 23,7 % ont déjà eu des idées suicidaires.
Cependant, au-delà de ces chiffres, les syndicats suggèrent de nombreuses pistes pour améliorer le confort de travail et soulager ces soignants.
Moi je connais un médecin qui s'est suicidé la semaine dernière. #JDCJDR Il n'a pas eu le courage de son confrère qui s'est arreté en burn out depuis 6 mois. Pas à cause des patients mais du modèle libéral qui ne marche plus et qui décourage les internes de s'installer. CQFD.
— DrPepper (@DocPepperFR) December 20, 2017
Les propositions syndicales
Même si les causes d’un suicide sont plurifactorielles, « les difficultés ne peuvent expliquer à elles seules le nombre toujours trop important d’internes qui se donnent la mort chaque année », affirme l’ISNI qui rappelle que les internes sont souvent confrontés aux cadences infernales, à la pression, au manque de suivi médical personnel…
Par ailleurs, l’ISNI plaide pour la mise en place de groupes de parole réguliers dans les hôpitaux et demande que les internes soient informés des dispositifs d’accompagnement et de soutien mis en place en cas de souffrance psychique.
L’an dernier, l’Intersyndicat national des internes (ISNI) a transmis au président de la République un livre blanc comprenant 32 propositions visant à améliorer l’organisation du système de santé, la démographie médicale, ou la formation des médecins. Dans ce document de dix pages rendu public, les internes accordent une place prépondérante à l’amélioration de leurs conditions de travail.
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