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Policier abattu à Avignon: malgré les charges accablantes, le meurtrier présumé nie les faits

février 17, 2024 17:55, Last Updated: février 17, 2024 18:58
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Trois ans après la mort du brigadier Éric Masson, abattu en plein jour sur un point de deal à Avignon, son meurtrier présumé sera jugé à partir de lundi. Malgré les charges accablantes, il nie les faits, une position « intenable » pour les parties civiles.

La scène était banale : le 5 mai 2021, deux policiers décident de surveiller les trafiquants de drogue qui perturbent la vie d’un quartier historique de la cité des papes, à l’intérieur des remparts de la vieille ville.

Après avoir assisté à une transaction, ils contrôlent la cliente. Puis deux jeunes hommes s’approchent et les prennent à partie. Pour une raison inexpliquée, l’un des deux, porteur d’une sacoche, tire au moins deux fois à bout portant sur Éric Masson, qui s’effondre. Les deux jeunes s’enfuient et le tireur vise cette fois le second policier, sans l’atteindre.

La mort de ce brigadier de 36 ans, père de deux fillettes, passionné par un métier transmis par son père, suscite une émotion énorme, déclenchant un hommage national et ravivant le malaise policier.

« La culpabilité ne fait aucun doute »

Quatre jours plus tard, deux hommes de 19 et 20 ans sont interpellés sur l’autoroute en direction de l’Espagne. Le plus jeune, Ilias Akoudad, est alors désigné comme le tireur par au moins deux témoins, son camarade de fuite et le coéquipier d’Éric Masson. Mais, pendant plus de deux ans d’investigations, Ilias Akoudad, aujourd’hui âgé de 22 ans, nie. Il refuse même de participer à la reconstitution, expliquant qu’il n’était pas rue du Râteau ce jour-là.

L’enquête montrera pourtant qu’une ligne téléphonique, dont il a finalement reconnu l’utilisation, avait borné dans cette rue à l’heure des faits. Et des résidus de tirs ont été retrouvés sur ses vêtements.

« Sa position devrait évoluer au cours du procès, elle n’est pas tenable. La culpabilité ne fait aucun doute. La sérénité commande que les choses soient dites face à autant de charges », estime Me Philippe Expert, avocat des parents d’Éric Masson et de son frère et sa sœur, eux aussi gardiens de la paix. « Je ne vois pas comment il peut rester dans ce système de défense, on attend des explications, même si elles sont ridicules », embraye Me Sabine Gony-Massu, avocate de la compagne d’Éric Masson, de ses filles et de Romain, son coéquipier.

Le ténor du barreau de Lille, Frank Berton, chargé avec Me Élise Arfi de défendre Ilias Akoudad, n’a pas souhaité s’exprimer avant le début des débats devant la cour d’assises du Vaucluse, censés durer deux semaines.

Le suspect déjà condamné six fois

Déjà condamné six fois, notamment pour trafic de stupéfiants, le jeune homme, poursuivi pour meurtre et tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique, risque la perpétuité, le statut de policier d’Éric Masson étant une circonstance aggravante « lorsque la qualité de la victime est apparente ou connue de l’auteur ».

Mais savait-il, comme le conclut l’enquête, qu’il s’agissait d’un policier ? Éric Masson portait-il son brassard à la main ? A-t-il crié « police » ? Pourquoi le meurtrier a tiré alors qu’il n’était pas contrôlé ? Autant de questions qui seront au cœur d’un procès qui s’annonce « extrêmement tendu, forcément politique », selon Me Charlène Neveu-Sanchez, qui défend le logeur des fugitifs.

Ce meurtre est « une plaie difficile à refermer », qui « a remué la ville et les policiers dans son ensemble », commente Florence Galtier, la procureure de la République d’Avignon, qui représentera le ministère public pour cette audience.

Deux autres jeunes seront jugés pour des délits connexes qui relèvent habituellement de la correctionnelle, insistent leurs avocats. Ayoub Abdi, 23 ans, qui accompagnait le tireur le jour des faits et a fui avec lui, et Ismaël Boujti, 24 ans, qui a prêté aux deux jeunes hommes en fuite sa cave, qui servait d’épicerie clandestine, seront jugés pour soustraction d’un criminel à l’arrestation ou aux recherches.

Les témoignages d’Ayoub Abdi et de Romain, le collègue d’Éric Masson, seront déterminants. Depuis le drame, ce dernier est toujours dans la police, mais loin d’Avignon. Et ce procès sera « une étape difficile » pour lui et toutes les parties civiles, qui devraient être soutenues par de nombreux policiers dans la salle d’audience, a précisé Me Gony-Massu.

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